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31 août 2015 1 31 /08 /août /2015 17:45

" Au commencement de 1844, Abd-el-Kader, réduit aux dernières extrémités par nos troupes, ne pouvant plus tenir le sol algérien, s'était jeté dans le Maroc, et avait promptement réussi à y armer contre nous le fanatisme religieux des habitants. Déjà maintes excursions de nombreuses bandes avaient eu lieu sur notre territoire. On résolut d'y mettre un terme ; et le maréchal Bugeaud, alors gouverneur général de l'Algérie, prit lui-même le commandement des troupes. En même temps une escadre, composée de navires de différents bords, s'approcha des côtes marocaines. Le maréchal Bugeaud n'avait pas avec lui plus de dix mille hommes et seize bouches à feu, dont quatre pièces de campagne. Cependant l'empereur Mullei Abd-el-Rhaman s'empressa de nous faire des protestations de bon voisinage, tout en continuant de nous faire attaquer partiellement par ses généraux. Il ne voulait évidemment que gagner du temps afin de permettre aux hordes marocaines d'accourir du fond de son empire. Mais ses intentions furent de suite comprises et déjouées : le 6 août notre escadre bombarda Tanger, qui fut démantelé en quelques heures ; et le 9, le maréchal Bugeaud s'avança vers l'Isly, rivière derrière laquelle se tenait le prince héritier de Maroc, Sidi-Mohamed, avec de nombreuses forces.

Les Marocains occupaient les collines de la droite de l'Isly. Ils y avaient cinq camps, dont l'ensemble s'étendait sur un espace de près de deux lieues et formait un effectif de quarante mille hommes environ. Ils se sentaient si supérieurs en nombre, qu'ils ne parlaient de rien moins que de nous expulser complètement de l'Algérie.

Le 14, au point du jour, nos troupes passent une première fois l'Isly sans opposition. Mais, arrivées sur les hauteurs de Djarf-el-Adkdar, elles aperçoivent une partie de la cavalerie ennemie qui se porte en masse en avant pour nous attaquer au second passage. Nos tirailleurs les repoussent, et bientôt nous atteignons le plateau immédiatement inférieur à la butte où se trouve le camp de Sidi-Mohamed, des cinq le plus considérable. Le feu de nos quatre pièces de campagne est dirigé de ce côté, et le plus grand trouble s'y manifeste aussitôt. Mais dans ce moment des masses énormes de cavalerie sortent des deux côtés de derrière les collines et nous assaillent de toutes parts. Le maréchal avait prévu cette attaque. Selon son plan, renouvelé de celui de Bonaparte en Egypte, tous nos bataillons formés en carrés, s'échelonnent de manière à présenter les quatre faces d'un vaste losange, contre lequel les masses marocaines viennent se briser. Les bataillons des quatre angles sont tour à tour enveloppés par trois ou quatre mille chevaux à la fois, sans être ébranlés un seul instant. Après une mousqueterie terrible, que contient l'artillerie qui sort en avant des carrés pour lancer la mitraille, les Marocains se mettent à tourbillonner. Aussitôt, toujours dans le même ordre de bataille, nos troupes reprennent leur marche vers les collines, c'est-à-dire vers les camps ennemis. La cavalerie marocaine se trouvant alors divisée par la marche de nos bataillons et par ses propres mouvements, le maréchal s'empresse de faire sortir la sienne et de la lancer sur le point capital, qui est évidemment le camp du fils de l'empereur. Le colonel Yousouf, à la tête de six escadrons de spahis, soutenu de trois escadrons de chasseurs, aborde ce camp immense et le trouve rempli de cavaliers et de fantassins qui lui disputent le terrain pied à pied. Mais notre infanterie ne tarde pas à venir lui prêter appui, et le camp est tout aussitôt emporté.

Cependant, les Marocains à la débandade se sont ralliés en grosse masse sur la rive gauche de l'Isly, et semblent se disposer à reprendre ce camp qui regorge de leurs dépouilles. Notre artillerie se met en batterie sur la rive droite et protège le passage de notre infanterie, qui, bientôt soutenue par nos escadrons, recommence l'attaque. L'ennemi, de nouveau repoussé, est poursuivi pendant plus d'une lieue ; sa déroute est complète.

La bataille dura quatre heures. Toute l'artillerie marocaine, composée de onze canons, seize drapeaux, mille à douze cents tentes, dont celle de Sidi-Mohamed, et son parasol, signe de commandement, tombèrent en notre possession, ainsi qu'une grande quantité de munitions et un butin immense.

Un tableau immense, dû au talent de M. Horace Vernet, a consacré le souvenir de la bataille d'Isly : il est placé dans les galeries de Versailles."

Texte tiré de l'Almanach du Magasin pittoresque, 1852.

Pour voir le tableau d'Horace Vernet:

http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=611

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