Je continue à rassembler de la documentation sur le mode de vie de nos aïeux, principalement au XIX° siècle et au début du XX° siècle. Le document suivant permet d'avoir une idée des revenus et du coût de la vie il y a 100 ans; il s'agit d'un extrait de:
René Leblanc. Enseignement ménager. Larousse. 1913.
" Pour équilibrer facilement un budget modeste, il faudrait ne pas dépenser plus des deux tiers du revenu total aux dépenses d'alimentation, d'habillement et de logement. Sur le dernier tiers, un ménage prévoyant assurera d'abord la part de l'épargne et celle de l'éducation des enfants; le reste sera attribué aux dépenses imprévues: maladies, voyages et récréations.
Voici, à titre d'exemples, quelques budgets de recettes suivis d'un tableau comparatif de la répartition de chacun d'eux sur le budget correspondant des dépenses.
Le n° 1 se rapporte à un ménage d'ouvriers agricoles, à la fois propriétaires et journaliers, dont les recettes, en argent, se réduisent au produit de la vente d'un peu de bétail, de quelques récoltes et d'une centaine de journées de travail, du mari et de la femme, dans une ferme voisine; la recette totale annuelle atteint en moyenne 800 francs.
Les principales denrées alimentaires consommées dans cette famille de quatre personnes sont fournies, sans bourse délier, par une petite basse-cour, une étable, un clapier, un poulailler, un grand jardin, etc.
Le n° 2 est relatif à un ménage d'ouvriers d'usines, logé à l'étroit avec ses deux enfants, ayant pour toute ressource le gain du père, 5 francs par jour de travail, et le prix de quelques travaux à façon de la mère; au total, par an: 1650 francs.
Le budget n° 3 est celui d'un employé de bureau habitant la ville, avec deux enfants également, pas de bonne, mais une femme de ménage. Les appointements du mari s'élèvent à 300 francs par mois; la famille touche en outre 900 francs de rentes. Total annuel: 4500 francs.
Enfin le budget n° 4 est celui d'un fonctionnaire, à Paris, ayant un enfant et une bonne, soit quatre personnes à nourrir.
Le budget des recettes est le suivant:
Traitement fixe du mari |
6000 |
Travaux supplémentaires |
1400 |
Revenus nets d'une ferme |
800 |
Rentes (coupons à détacher) |
1800 |
Total |
10.000 francs |
Les quatre budgets correspondants, pour les dépenses, se résument ainsi:
NATURE DES DEPENSES |
1 |
2 |
3 |
4 |
Achats d'aliments |
325 |
900 |
2000 |
2800 |
Loyer, impôts, assurance |
50 |
250 |
600 |
1400 |
Domestiques |
|
|
150 |
400 |
Chauffage, éclairage, blanchissage |
50 |
150 |
200 |
300 |
Linge et vêtements |
75 |
100 |
400 |
1200 |
Mobilier (achat, réparation) |
50 |
50 |
100 |
400 |
Education et instruction |
25 |
25 |
300 |
500 |
Récréations, voyages, imprévu |
25 |
75 |
250 |
1000 |
Epargne |
200 |
100 |
500 |
2000 |
Montant du budget des recettes |
800 |
1650 |
4500 |
10.000 |
C'est sur le chapitre de l'épargne que seront prélevées, le cas échéant, les dépenses de maladies graves.
Si le montant d'un chapitre n'est pas atteint, le boni servira à équilibrer le déficit d'un autre article. C'est à la ménagère de régler chaque nature de dépenses pour que la balance puisse s'établir en fin d'année; la comptabilité organisée d'après les indications ci-dessous lui fournira, à cet égard, tous les renseignements nécessaires, au moins pour l'année suivante."