Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 septembre 2010 6 25 /09 /septembre /2010 23:50

Extrait de mon journal de voyage au Danemark.

 

 Veddelev, Roskilde, Danemark, 10 août 1996.

Chez l habitant, une dame âgée, dans une maison dominant un fjord.

Cet endroit est extrêmement paisible.

L hôtesse, une de ces old ladies des romans dAgatha Christie.

La maison, calme, bien entretenue, au jardin parfait dans sa simplicité, dans lequel on peut imaginer que se déroule, au choix, un drame affreux ou une vie paisible.

Donnant sur la mer, de gauche à droite en la regardant, la salle à manger, une chambre occupée par un couple de canadiens anglophones; puis ma chambre, ou plus exactement un bureau dans lequel se trouve un divan assez étroit; dans la bibliothèque, de nombreux livres en danois, anglais et autres langues; des classeurs sur lesquels sont apposées des inscriptions décrivant leur contenu, notamment celle-ci: « mes articles »; la dame est-elle écrivain ou était-ce son mari, dont elle a dit ce matin qu il était professeur? Je le tue dailleurs sans preuve, il a pu tout aussi bien aller chercher des cigarettes, mais cela métonnerait; enfin, une chambre occupée par un couple de quinquagénaires allemands.

Dans la bibliothèque, « Pierre et Jean », roman de Maupassant que j ai commencé à lire hier soir. La préface est très intéressante, consacrée à lart du roman. Maupassant y rapporte ce conseil que lui avait donné Flaubert: fixer son attention sur un objet, un paysage, une personne et en faire une description minutieuse, afin que lobjet, la personne ne ressemble à aucun, à aucune autre. Je devrais mappliquer à suivre ce conseil car, si jobserve, tout le jour durant, ce qui mentoure, je ne prends que rarement le temps den faire une description exacte.

Comment rendre en particulier le paysage que je contemple? Certes, il faudrait mettre en parallèle, c est bien le terme qui convient, toutes les horizontales qui le composent: celle dabord du dallage que protège un auvent, celle de la pelouse, traversée par une diagonale, de gauche à droite, qui conduit à un petit escalier, invisible dici, descendant vers la mer; celle de la petite haie qui clôt le jardin, symboliquement, et fait plutôt office de muret; lhorizontale ensuite de la mer qui, curieusement, alors que le vent est fort et constant, nest pas agitée de vagues mais juste caressée dun frémissement qui la revêt décailles de poisson; celle de lîle ou de la presquîle, légèrement ondulée, recouverte de bois, au milieu de ce tableau que je contemple; et enfin, de part et dautre de cette île, la côte dans le lointain qui alterne champs de blé non coupé, descendant jusquà la mer, et bosquets.

Ce que l on ne voit pas dici, cest le bord de la mer, noir, avec de minuscules plages de quelques mètres, faites de coquillages blancs et de débris de coquilles de moules; la vase est parsemée de cailloux noirâtres, principalement des silex.

Quelques petits bateaux donnent l échelle. Hier soir, il y avait quelque animation, mais fort sage: un homme âgé remettait à neuf son bateau, un autre déplaçait le sien, marchant à vingt mètres du rivage dans à peine dix centimètres deau; deux ou trois planches à voile coloraient vivement ce fond un peu terne; et, plus tard, on vit passer un canoë, avec quatre hommes à bord; et deux adolescents, au bord du ponton de bois, commencèrent à lutter quelque peu, avant de se jeter à leau et nager.

Juste à l instant, un homme, debout dans une barque, la fait glisser avec une perche, comme Charon sur le Styx, ombre chinoise sur une mer et un ciel qui, ce soir, sont gris-bleu, le soleil étant, lui, d un blanc à peine coloré de jaune.

Pas d autre bruit ce soir que le vent dans les feuilles et le cri des mouettes.

Odense, Danemark, 13 août 1996.

Dans le parc, près de la gare, au bord d'une pièce d'eau rectangulaire, au centre un îlot porte deux saules pleureurs; des canards; un détail montre le sens pratique des danois: il y a sur les bords de la pièce d'eau des petites passerelles de bois permettant aux canards d'aborder plus facilement sur le gazon.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de jlcharvet.over-blog.com
  • : Des poésies, des histoires, etc.....
  • Contact

Recherche

Archives