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12 décembre 2010 7 12 /12 /décembre /2010 00:53

Voici ci-dessous des extraits de l'Histoire abrégée des empereurs romains et grecs, des impératrices, des Césars, des tyrans, et des personnes des familles impériales pour lesquelles on a frappé des médailles... Par M. Beauvais, de l'Académie de Cortone. Paris. 1767.

J'ai respecté, pour l'essentiel, l'orthographe et la ponctuation du texte. J'en donnerai ultérieurement d'autres extraits.

Jean-Louis Charvet.

 

Tome III.

 

MICHEL III.

MICHAEL AUGUSTUS.

Michel III naquit l'an huit cent trente-six, de l'Empereur Théophile & de Théodora. Il fut dès le berceau, nommé Auguste, & succéda à l'Empire sous la tutelle de sa mere, le dix-huit Janvier huit cent qurante-deux. Théophile lui avait nommé pour Ministres l'Eunuque Théoctiste, qui était Chancelier, le Général Manuel & Bardas son oncle, frere de Théodora; & ces hommes de génie aiderent Théodora à maintenir l'Empire dans toute sa splendeur, jusqu'en huit cent cinquante-sept, que la jalousie les divisa & les perdit. Manuel s'étant éloigné de la Cour, & Théoctiste ayant été assassiné, Bardas devenu le seul Ministre de Michel, lui conseilla la même année de faire enfermer sa mere dans un Couvent & de gouverner par lui-même. Ce Prince âgé de vingt & un ans, prit donc les rênes de l'Etat; mais le Sceptre des Grecs ne pouvait passer dans des mains plus indignes de le porter, que dans elles de cette ame brute. Quand Michel n'eut plus pour témoins les yeux de sa mere, ce fut un monstre; il se livra à tous les vices qui déshonorent l'humanité. Il tourna la Religion en ridicule & la foula aux pieds; il épuisa en folles dépenses le trésor que Théodora avait amassé pour les besoins de l'Empire; il méprisa les Loix, il accabla ses sujets par des impôts inouïes, & s'abandonna à des turpitudes & à des cruautés, qui retracerent les regnes détestables de Néron, de Commode & d'Elagabale.

La qualité de César dont il avait revêtu son oncle, ne garantit pas ce Prince de la mort. Il le fit assassiner en sa présence, l'an huit cent soixante-six, dans l'Isle de Crete où il s'était rendu pour faire la guerre aux Sarrasins. Ce fut Basile le Macédonien qui s'était introduit dans son esprit, qui commit ce meurtre. Michel, pour l'en récompenser, le déclara ensuite Auguste & l'associa à la puissance souveraine; mais la mort de Bardas, & l'élévation de Basile, irriterent extrêmement Symbace, gendre de Bardas, qui se souleva, & se mit à ravager la campagne. Ce tyran fut à la fin arrêté, & Michel lui ayant fait couper la main droite & crever un oeuil, l'enferma pour le reste de ses jours. Basile qui avait des sentiments nobles, voulut après son association, faire changer de conduite à Michel, que son ivrognerie, ses débauches & sa barbarie rendaient de jour en jour plus odieux. Michel, indigné de la hardiesse que son Collègue prenait de lui faire des remontrances, projetta de le faire mourir, & de mettre en sa place un rameur de sa Galere, qu'il présenta à cet effet au Sénat. Basile voyant le danger qui le menaçait, prévint Michel; & l'ayant attaqué avec ses amis, un soir que ce Prince avait donné un grand souper, d'où on l'emportait ivre dans sa chambre, il lui fit donner la mort le vingt-quatre Septembre de l'an huit cent soixante-sept. Michel avait régné quinze ans & huit mois avec Théodora, environ onze ans seul, & un an & quatre mois associé avec Basile. Il termina ses jours par une fin digne de ses forfaits, & sa mémoire fut généralement detestée. On l'enterra dans le Monastère de Chrisopole, d'où Léon VI le fit transporter dans l'Eglise des Apôtres. Ce Prince avait été marié à EUDOCIE, née dans la Décapolis. Cette Princesse qui ne lui donna pas d'enfants, fut renvoyée à ses parents par l'Empereur Basile.

 

BASILE.

BASILIUS AUGUSTUS.

Basile, le Macédonien, était né à Andrinople, de parents très pauvres, dont il ignorait même les noms. Etant encore fort jeune, il fut l'an huit cent treize, emmené captif dans la Bulgarie. Ayant recouvré sa liberté à l'âge de vingt-cinq ans, il se rendit, tout couvert de haillons avec une besace sur le dos, à Constantinople, où son expérience à dresser les chevaux, le fit connaître de Michel III. Il gagna par sa complaisance, l'affection de ce Prince, qui lui donna la qualité de Patrice, & le nomma, après l'assassinat de Bardas, son associé à l'Empire, le vingt-six Mai de l'an huit cent soixante six. Basile s'attira la haine de Michel, par la liberté qu'il se donnait de censurer ses mauvaises actions, ce qui fit prendre à celui-ci le dessein de lui ôter la vie; mais Basile se garantit des piéges qu'on lui tendait; & ayant fait tuer Michel, seize mois après avoir été nommé Auguste, il resta par cette mort, maître de l'Empire.

Basile, qui alliait à de grandes vertus un caractere ferme & hardi, doit être regardé comme un des plus illustres Monarques de l'Orient. Il rétablit l'Empire dans sa splendeur, en mettant un ordre admirable dans toutes les parties du gouvernement. Il fit choix de gens habiles pour l'aider dans les affaires; & il leur communiqua par ses instructions, l'esprit de sagesse dont il était rempli. Ce Prince fit respecter les Loix, & rendit la justice avec une intégrité parfaite. Il fit tout ce qui dépendait de lui pour calmer la guerre que le Patriarche Photius avait allumée dans l'Eglise. Il maintint les soldats dans la discipline, & vainquit ses ennemis, quand il fut à la tête de ses armées. Il aima & soulagea ses sujets, qui crurent voir renaître l'âge d'or sous l'administration d'un Empereur aussi accompli.

Dès le commencement de son regne, il eut l'attention de faire augmenter les fortifications des places frontieres, dans lesquelles il mit de fortes garnisons. Les Manichéens s'étant révoltés, & formés en corps d'armée, ce Prince marcha à eux, arrêta les ravages qu'ils commettaient dans différentes Provinces & les soumit entiérement. La guerre qu'il fit aus Sarrasins, toujours acharnés à attaquer les Grecs, lui coûta plus de peine: il les vainquit cependant en Orient & en Italie; mais il ne put empêcher de les voir ensuite porter la désolation dans la Syrie & le Péloponnèse, d'où ils vinrent se jeter sur la Sicile, & ruinerent Syracuse. Ces disgraces qui ne tomberent que sur quelques Provinces, n'altérerent point le bonheur du reste de l'Empire. Ce fut sous ce regne, & en partie par la protection que Basile accorda à Photius, qu'arriva le schisme de l'Eglise Grecque, d'avec l'Eglise Latine, qui a continué jusqu'à nos jours, & qui paraît devoir subsister encore longtemps. Basile, après avoir joui de la tranquillité qu'il avait procurée à l'Empire, mourut d'une dyssenterie, qui l'emporta le premier Mars de l'an huit cent quatre vingt-six, à la fin d'un regne de dix-huit ans, cinq mois & six jours depuis la mort de Michel III.

Ce Prince avait épousé en premiere noce, MARIE, que Michel lui fit répudier, pour le marier à EUDOCIE, maîtresse de cet Empereur. Elle fut mere de huit enfants, quatre garçons & quatre filles: les garçons furent, Constantin VIII, Léon VI, Alexandre, & Etienne, Patriarche de Constantinople. On prétend que Michel était le véritable pere des deux premiers. Les noms des quatre filles sont inconnus: elles furent toutes Religieuses.

Basile fit asembler un corps de Droit, divisé en quarante Livres, connus sous le titre de Basiliques; & nous avons les avis qu'il laissa à son fils Léon, dont les préceptes sont d'autant plus frappants, qu'il ne les devait ses lumieres qu'à la sagesse de son esprit, & rien à son éducation qui avait été misérable.

 

CONSTANTIN VIII.

CONSTANTINUS AUGUSTUS.

Michel III ayant engagé Basile à répudier sa femme nommée Marie, lui fit épouser Eudocie, fille d'Inger, Chancelier de l'Empire. Cette femme était d'une beauté ravissante, & répandait dans toutes ses manieres des charmes qui ajoutaient de nouvelles graces à celles que la nature lui avait prodiguées. Michel qui en était devenu passionément amoureux, l'aurait épousée sans sa mere Théodora, qui rompit cette alliance, parce qu'elle avait lieu de penser qu'Eudocie manquerait de vertu. Son mariage avec Basile ne fut point en effet un frein capable d'arrêter la passion que Michel lui avait inspirée. Elle entretint une liaison criminelle avec son amant; & l'on fut persuadé que les deux premiers fils dont elle accoucha, qui furent Constantin VIII & Léon VI, étaient les fruits de son adultere avec Michel.

Constantin fut pourtant regardé comme le fils de Basile, & ce Prince le nomma Auguste l'an huit cent soixante-huit, & le déclara son Collègue à l'Empire. Le jeune âge de Constantin ne lui donna pas lieu d'exécuter rien de mémorable, d'autant plus que l'Etat jouissait, sous le gouvernement de son pere, d'une assez grande tranquillité. Ce Prince ne régna que dans son adolescence, & mourut âgé d'environ seize ans, dans le cours de l'année huit cent soixante-dix-neuf, après avoir porté la couronne pendant onze ans.

 

LEON VI, SURNOMME LE PHILOSOPHE.

LEO AUGUSTUS.

Léon VI, ou le Philosophe, naquit à Constantinople, l'an huit cent soixante-cinq. Il était fils de l'Empereur Basile & d'Eudocie. Le public voulait qu'il fût fils de Michel III; mais Basile qui s'en regardait comme le père, lui donna à l'âge de cinq ans, la qualité d'Auguste, & le fit élever par des Maîtres qui, lui ayant formé le coeur & l'esprit, le rendirent digne du Trône qui l'attendait. A l'âge de vingt ans, il encourut la disgrace de son pere, par la calomnie de Santabarene, favori de cet Empereur, & fut enfermé dans une prison où il resta pendant trois mois. Son innocence ayant été reconnue, il reparut à la Cour, & succéda à Basile le premier Mars huit cent quatre-vingt-six.

Ce Prince eut, ainsi que tous les hommes célebres, des talents, des vertus & des défauts. Ce fut un grand politique, un homme actif, laborieux, qui voulut tout connaître & régler par lui-même, & qui tâcha de rendre son regne heureux, malgré les avantages que les ennemis de l'Empire remporterent sur lui. Il aima passionement l'étude; & son amour pour les Lettres le firent estimer des Savants, qui lui déférerent le titre glorieux de Philosophe ou de sage, que la postérité lui a conservé. Il est vrai qu'on lui reproche d'avoir aimé les femmes avec excès, & d'avoir donné par trop de légéreté sa confiance à des gens qui en étaient indignes.

Les prémices de son regne furent signalées par l'exil du Ptriarche Phorius qu'il fit enfermer pour le reste de ses jours, & à la place duquel il fit recevoir le Prince Etienne, son frere. Léon fut obligé d'entrer en guerre contre les Sarrazins. Ces barbares étant venus l'attaquer, défirent son armée, & se rendirent maîtres de Samos, tandis que le Chef des Lombards s'emparait de ce qui lui restait de villes en Italie. Les Bulgares succéderent aux Sarrasins, & ravagerent la Thrace sous ses yeux, après avoir vaincu les troupes qu'il leur avait opposées. Ce Prince ayant dans cette extrémité, appellé les Turcs à son secours, parvint à conclure la paix avec les Bulgares; mais ces Barbares lui tomberent de nouveau sur les bras, l'an huit cent quatre-vingt-dix, battirent son armée, & le forcerent à demeurer sur la défensive. Léon aussi malheureux dans la guerre, qu'il était habile dans le gouvernement, vit enlever quatre ans après Thessalonique par les Sarrasins, qui auraient détruit cette ville illustre, si ce Prince ne l'eut sauvée de leur fureur à force d'argent.

Débarrassé de toutes ces attaques, qu'il avait soutenues avec beaucoup de courage, Léon mit en usage tous les ressorts de sa politique, afin de passer le reste de sa vie en paix: il y parvint nonobstant le mauvais choix qu'il avait fait de la plupart de ceux qui étaient en place. Stylien, pere de Zoé, sa seconde femme, avait été la cause de la guerre des Bulgares, & le fils de ce favori, entra dans une conspiration contre l'Empereur. Ce ne fut pas la seule que ce prince eut à dissiper; mais son étoile le garantit de tous les dangers. Son dernier mariage avec Zoé Carbonopsine, lui attira la haine du Clergé, qui condamnait les quatriemes noces, & le Patriarche Nicolas l'excommunia. Léon s'en vengea en le faisant conduire avec ignominie en exil, & en jetant dans les prisons les autres Evêques qui lui étaient contraires. Cet Empereur, dans l'année neuf cent dix, associa à l'Empire son fils unique nommé Constantin. Ce Prince n'était âgé que de cinq ans; c'est pour cela que Léon étant tombé malade l'année suivante, nomma pour lui succéder à l'Empire, son frere Alexandre, fils de l'Empereur Basile, en lui recommandant de faire régner Constantin avec lui. Après cet arrangement, Léon mourut d'une dyssenterie, qui l'emporta à l'âge de quarante-six ans, le onze Mai neuf cent onze, au bout d'un regne de vingt-cinq ans, deux mois & dix jours. Ce Prince est Auteur de trente trois sermons qu'il avait prononcés, d'un cantique sur le jugement dernier, d'un poëme de la tactique, & d'un traité curieux sur le même sujet.

Il avait épousé quatre femmes, savoir, THEOPHANON, qui fut canonisée; elle avait eu une fille morte jeune; Zoé, qui avait été sa concubine, de laquelle il eut une Princesse nommée Anne; EUDOCIE, mere d'un Prince mort jeune; & ZOE Carbonopsine, mere de Constantin X & d'Eudoxie.

 

ANDRONIC I, COMNENE.

ANDRONICUS AUGUSTUS.

Andronic Comnène était né d'Isaac Comnene, troisieme fils de l'Empereur Alexis premier. Il avait servi sous Manuel Comnene qui l'avait fait mettre en prison pour crime de révolte. Ayant recouvré sa liberté, il continua de commander les troupes jusqu'au regne d'Alexis second, sous lequel s'étant soulevé de nouveau, il vint s'emparer de Constantinople. Puis quelque temps après ayant fait étrangler Alexis, ainsi que la mere de cet Empereur, il monta sur leur Trône dans le mois d'Octobre onze cent quatre-vingt-trois. Ce Prince, dominé par les passions & les vices, fit gémir l'Empire sous le joug de sa tyrannie. Il gouverna avec une barbarie qui le rendit le déshonneur de l'humanité, & dont presque tout le monde éprouva les effets; car la famille même ne fut pas à l'abri de sa férocité. On lui donne cependant des qualités dignes d'un Souverain, entre autres d'avoir aimé la justice, de n'avoir point foulé le peuple, & d'avoir au contraire puni la rapacité de ceux qui levaient les deniers publics. Il ne donnait les charges qu'à des personnes de mérite, & punissait sévérement ceux qui manquaient à leur devoir. Outre ces bonnes qualités, Andronic avait étudié les Belles Lettres: il parlait sur-le-champ avec une éloquence qui persuadait toujours: il composait avec facilité, & il reste de lui un discours contre les Juifs, qui est estimé des Savants. Cet homme aurait donc été un Grand Prince, s'il avait su modérer la fougue de son caractere emporté & violent; mais il entrait en fureur dès qu'il trouvait de la résistance à ses volontés: ces emportements le firent craindre comme le plus farouche des usurpateurs.

Ce Prince réduisit sous ses loix les villes de Nicée & de Pruse, qui avaient refusé de le reconnaître, & en fit passer les principaux habitants au fil de l'épée. Ce massacre le fit regarder avec horreur. Andronic fut attaqué par Guillaume II, roi de Sicile: ce Prince fondit sur ses Etats avec une puissante armée, & lui enleva Duras & Thessalonique. Andronic n'ayant pu sauver ces deux places, déchargea sa colere sur les Grands de sa Cour, qu'il soupçonnait de favoriser ses ennemis, & livra à la mort un grand nombre de personnes innocentes. Ce fut dans ces accès de fureur qu'il envoya des Satellites pour ôter la vie à Isaac Lange, qui lui était devenu odieux par l'amour que le peuple lui portait. Isaac ayant tué le chef de ces assassins, se sauva dans l'Eglise de sainte Sophie, où il demanda du secours contre la tyrannie de l'Empereur. Le peuple s'étant attroupé, passa de la compassion à la révolte, & proclama Isaac Lange Empereur. Andronic voyant toute la ville en combustion, & que l'on commençait à enfoncer les portes du Palais, voulut se sauver sur une galere; mais cette galere ayant été arrêtée, on le ramena chargé de chaînes aux pieds d'Isaac Lange. Ce Prince l'abandonna dans la Cour du Palais à la populace, qui, après l'avoir attaché à un poteau, lui cassa les dents, lui arracha les cheveux, lui meurtrit le corps à coups de pieds & de poings, lui coupa une main, & le traîna en prison. On l'en fit sortir ensuite pour le monter sur un chameau galeux, & le conduire dans les rues de Constantinople. Il n'y fut pas plutôt que l'on recommença à l'accabler d'outrages: on lui creva un oeuil: on lui répandit de l'eau bouillante sur la tête: on le déchira de coups; & l'ayant pendu par les pieds dans une place, un brutal lui coupa les parties naturelles, un second lui plongea son épée dans la bouche, & quelques soldats acheverent de le priver de la vie.

Cet Empereur ainsi humilié, ne proféra pendant le temps de son supplice que ces paroles: Seigneur, ayez pitié de moi. Il expira le douze Septembre de l'an onze cent quatre-vingt-cinq, qui était le jour de la proclamation d'Isaac Lange. Andronic avait régné un an & environ onze mois: son cadavre fut jeté dans une cave, & enterré ensuite dans le Monastere d'Ephore.

Il avait eu trois femmes: on ignore le nom de la premiere, qui fut mere de Manuel & de Jean, auxquels Isaac Lange fit crever les yeux; & d'une fille nommée Marie. Sa seconde femme fut PHILIPPETTE, fille de Raimond, Souverain d'Antioche; & la troisieme était AGNES, fille de Louis VII. Il eut de Théodora sa cousine, un fils appellé Alexis, dont on ignore la destinée, & une fille nommée Irene.

 

ISAAC II, LANGE.

ISAACIUS AUGUSTUS.

Isaac II du nom, surnommé Lange, avait eu pour pere Andronic, fils de Constantin Lange, & pour mere Théodora Comnene, fille de l'Empereur Alexis premier. Né vers l'an onze cent cinquante-cinq, il parvint au Trône de Constantinople le douze Septembre onze cent quatre-vingt cinq, jour de la mort d'Andronic premier. Isaac était un homme d'un esprit faible, d'un caractere indolent & lâche; il ne tint le Sceptre qu'avec une main tremblante, & se laissa gouverner comme un esclave par ceux qu'il mettait à la tête des affaires. Ces indignes Ministres accablerent sous son nom le peuple d'impôts, & ruinerent la plupart des Provinces. Isaac, adonné aux excès de la volupté, vivait dans une molesse affreuse; environné de femmes débauchées, il imitait leurs manieres, & il se rendit ainsi méprisable aux yeux même de ses bouffons. Ce Prince imbécille donna sa confiance à ces imposteurs qui se disent Magiciens; & joignant l'impiété à cette extravagance, il enlevait des Temples, les vases sacrés, & s'en servait dans ses repas, d'où il ne sortait guere sans y avoir laissé sa raison.

Le commencement de son regne parut favorable: il employa ses soins à garantir l'Empire de l'invasion des Princes croisés, qui à la honte du nom Chrétien, & même de l'humanité, étaient toujours acharnés à continuer la guerre de la Palestine. Il envoya le général Vranas contre l'armée du roi de Sicile, qui avait fait la conquête de la Thessalie. Ce Général recouvra cette Province, après avoir totalement détruit l'armée ennemie. Mais s'étant ensuite révolté, il vint à la tête de ses troupes assiéger la ville Impériale, devant laquelle il perdit bientôt la vie. Isaac eut la cruauté d'envoyer présenter sa tête à sa femme. Si ce Prince fut vainqueur des Siciliens, il ne le fut point des Valaches, qui l'attaquerent en différentes occasions pendant les neuf années & huit mois qu'il gouverna en premier lieu l'Empire. La faiblesse de son regne, sa cruauté & ses autres vices, ayant à la fin soulevé tout le monde contre lui, il fut détrôné le huit Avril de l'an onze cent quatre-vingt-quinze, par son frere Alexis Lange, qui lui fit perdre la vue, & l'enferma dans une prison, où il resta jusqu'au dix-huit Juillet mil deux cent trois. Les Croisés qui prirent alors Constantinople pour la premiere fois, en ayant chassé Alexis Lange, dont la tyrannie était devenue odieuse, replacerent Isaac sur le Trône, avec son fils Alexis IV, qui reçut le titre d'Empereur, le premier Août de la même année.

Isaac ainsi rétabli, abandonna l'administration des affaires à son fils, pour ne s'occuper que du soin de recouvrer la vue. Ces deux Empereurs firent par reconnaissance, un traité extrêmement favorable aux Croisés, dont les principaux demeurerent à Constantinople, où ils se comporterent avec la derniere insolence. Pendant ce temps le peuple était encore vexé par Alexis IV, qui voulait amasser les deux cent mille marcs d'argent qu'il avait promius aux Croisés, pour le rétablissement de son pere. Les exactions de ce Prince, & la brutalité des Croisés, qui vivaient à discrétion, ameuterent le peuple, & le firent révolter. Ce moment fut celui qu'Alexis Murtzuphle choisit pour monter sur un Trône qu'il enviait depuis longtemps. Il gagna les principaux Officiers de la Cour, & se fit proclamer Empereur le dix-huit Janvier mil deux cent-quatre. Dès qu'il eut été proclamé, il envoya étrangler Alexis IV, ou, selon quelques Ecrivains, il l'étrangla de ses propres mains. Isaac Lange ne put soutenir ce dernier trait de sa destinée; il mourut après l'avoir appris. Il ne s'était écoulé que six mois depuis qu'il avait été replacé sur le Trône.

Ce Prince avait eu d'une premiere femme, de qui le nom est ignoré, Alexis IV, une Princesse qui se fit religieuse, & Irene, femme de Roger, fils de Tancrede, roi de Sicile. Il eut de MARGUERITE, fille de Béla, doi de Hongrie le Prince Manuel, à qui Boniface, Marquis de Montferrat, qui avait épousé sa mere, fit prendre vainement le titre d'Empereur.

 

 

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