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3 septembre 2013 2 03 /09 /septembre /2013 20:20

Le 4 novembre 1825, Henriette Cornier, âgée de vingt-sept ans, domestique dans l'hôtel meublé tenu par les époux Fournier, au 52 bis de la rue de la Pépinière à Paris, alla faire des provisions à la fruiterie Belon, voisine de son logement; elle proposa à madame Belon de garder un instant sa fille, Fanny, âgée de dix-neuf mois, pendant qu'elle se changerait pour aller la promener. Henriette Cornier se rendit dans la cuisine de l'hôtel, y prit un grand couteau à découper, puis monta avec l'enfant dans sa chambre; là, après avoir embrassé la fillette, elle lui trancha la tête.

Quelques instants après, madame Belon l'appela; Henriette lui répondit que sa fille était morte et lui dit de s'en aller. La mère, étant entrée dans la chambre, y vit le corps de l'enfant et cria "à l'assassin". M. Belon, alerté par ses cris, sortit de chez lui, entendit une fenêtre s'ouvrir, et vit la tête de son enfant tomber sur le sol.

La foule parla de lyncher la meurtrière. Au commissaire de police qui lui demandait d'expliquer son acte, cette dernière ne sut que dire:

 

-Je ne sais pas... C'est une idée qui m'est venue comme ça... C'était ma destinée...

 

L'instruction ne permit pas de déterminer ce qui avait poussé Henriette à commettre cet acte abominable. Elle fut examinée à l'hôpital de la Salpêtrière par trois médecins, dont le docteur Esquirol, le plus célèbre aliéniste de l'époque; il fut constaté que l'inculpée ne souffrait d'aucune aliénation mentale.

Le procès eut lieu le 24 juin 1826. On ne put tirer d'Henriette aucune explication sur les motifs de son acte. Le docteur Esquirol parla de monomanie, état "dans lequel une personne, jouissant en apparence de toute sa raison, la perd sur un seul point, devient capable de violences dont elle est irresponsable, combine ces violences avec adresse et en conserve le souvenir sans en éprouver de remords".

Malgré ce diagnostic, l'avocat-général conclut à la responsabilité de l'accusée et demanda sa condamnation à mort. Le défenseur plaida l'irresponsabilité.

A cette époque, seul le jury, à l'exclusion des magistrats professionnels, se prononçait sur la culpabilité. Voulant, pour des motifs qui resteront inconnue, faire échapper Henriette Cornier à la peine capitale, il déclara qu'elle était coupable et responsable, mais de meurtre et non d'assassinat; en conséquence, les magistrats la condamnèrent aux travaux forcés à perpétuité.

Elle fut marquée au fer rouge, enfermée à Saint-Lazare, puis à Clermont-de-l'Oise.

Un criminaliste raconta qu'il lui demanda si elle éprouvait des remords; elle répondit que non, puis ajouta:

 

- Cela tient peut-être à une chose: j'étais ennuyée de vivre... Je voulais me tuer... J'avais la tête perdue... Je ne me rappelle pas les détails, c'est pourquoi, sans doute, je sui moins tourmentée.

 

Avant son acte, Henriette Cornier, abandonnée de son mari, nommé Berton, après quatre mois de ménage, était connue comme "une domestique sûre, fidèle, attachée, douce et aimante, surtout avec les enfants qu'elle comblait de caresses".

Jean-Louis Charvet.

Source: journal Touche à Tout, juillet 1908.

Pour plus de détails, voir:

  http://books.google.fr/books?id=ZtEGAAAAcAAJ&pg=PA499&lpg=PA499&dq=%22+henriette+cornier%22&source=bl&ots=92RUIfyppB&sig=R2iQxXiUpqenEQL4hDQcdYKpWMc&hl=fr&sa=X&ei=uFUmUrTVKsiVhQeeg4HYDA&ved=0CHQQ6AEwDg#v=onepage&q=%22%20henriette%20cornier%22&f=false

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