Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 août 2010 4 26 /08 /août /2010 07:00

Les Canards d'eau.

 

Mgr l'Évêque de Montpellier, consulté de divers côtés, promulgue de nouveau l'extrait suivant du Mandement de Mgr de Saint-Simon, évêque d'Agde, pour le Carême de 1784:

 

 

Extrait du Mandement de Mgr l'évêque d'Agde,

pour le Carême de 1784.

 

 

"On demande si, les jours d'abstinence, il est permis de manger de certains oiseaux aquatiques. On convient assez généralement que cette question doit être décidée plutôt par l'usage que par les principes de la physique. Mais l'usage lui-même n'est ni bien connu ni bien uniforme. Désirant donc fixer la discipline de notre Diocèse à cet égard, Nous déclarons que dorénavant il est permis d'y manger, même en carême, de toute espèce d'oiseaux véritablement aquatiques, sans excepter la poule d'eau, le canard d'eau, la foulque, ni le molleton."

Et dans la note de la même page 7, on lit: "On appelle canards d'eau, les canards qui plongent dans l'eau, qui se nourrissent de poissons, de vers, d'insectes et de graines, qu'ils prennent sur les plantes au fond de l'eau et à la surface, ou sur le rivage. Les canards d'eau sont des aliments maigres; au contraire, les canards domestiques et les canards sauvages dits cols-verts, sont des aliments gras; ils ne plongent que la tête, et vivent le plus ordinairement hors de l'eau.

Les canards d'eau connus le plus généralement en Languedoc comme aliment maigre sont: 1° le Bouisse, 2° la Queue-d'Hironde, 3° le Cauquillon, 4° le Siffleur, 5° le Quiérat ou Cuillerat, 6° le Foulque ou la Foulque, 7° la Macreuse, 8° la Cabrèle, 9° le Plongeur, 10° le Cormarin, 11° le Plaou, 12° le Maou-Maridat, 13° le Gouéland ou Gavette, 14° le Mouchet ou petit Gouéland, 15° la Sarcelle, 16° le Martin-pêcheur.

Le Flamand ou Phénicoptère, quoique regardé comme oiseau aquatique, doit être rangé parmi les aliments gras, avec les canards sauvages dits Cols-verts".

Semaine religieuse du diocèse d'Avignon et revue des bibliothèques paroissiales. 7 mars 1885.

 

 

N.B. Grâce au Trésor du félibrige de Frédéric Mistral, j'ai pu identifier certains des oiseaux dont il est question plus haut:

- le Bouisse (Bouis, boui, bui, nom que portent plusieurs canards sauvages, et particulièrement, le canard garrot, anas clangula, v. bouis-blanc, et le canard à iris blanc, anas leucophtalmos, v. canard-varia);

- la Cabrèle (cabrello: bièvre, grand harle, mergus merganser, oiseau, v. ganche, ressaire, sardinié);

- le Cormarin (corb-marin, corb-mari: italien corvo marino, cormoran, oiseau de marais, v. escorpi);

- le Maou-Maridat (Mau-marida, mal-maridat, guillemot à capuchon, grand guillemot, colymbus troïle, C. pica; pingoin commun, alca tarda, oiseaux de passage, v. martinot).

Jean-Louis Charvet.

Partager cet article
Repost0
26 août 2010 4 26 /08 /août /2010 06:51

Terre de Haut, Guadeloupe.

Trois quarts d

heure dapproche par bateau et peu à peu tous les détails de la côte se précisent. LÎlet à Cabrit dabord et, lorsquon y arrive, toutes les anses, lanse Mire avec à sa pointe cette maison en forme de transatlantique, lanse du Bourg avec, étagées sur la colline, ses maisons au toit de tôle rouge, son église, son petit port où les petits vendeurs de « tourments damour » attendent les passagers des vedettes.

On ne vend pas de billet aller-retour pour Terre de Haut, comme s'il était impossible d'en partir.

Et pourquoi en partir? Plus loin, l'anse de Fonds-Curé, dominée par les bungalows de la Colline.

Tout ici a la précision d'un dessin et la douceur d'une fresque des débuts de la Renaissance italienne.

Corniches ajourées de bois des petites maisons, prairies étendant leur verdure entre les mornes secs, enfants minces et nerveux aux cheveux d'or, barques effilées aux tons purs, sable doux , chaleur sèche, aveuglement de la lumière, et, loin là-bas, au large, cette masse sombre, souvent cachée par les nuages, la Guadeloupe, comme un autre monde, le "continent", comme on l'appelle ici.

La route monte, escarpée, et, en haut, s'offre la vision d'un monde onirique: la mince flèche de sable porteuse de cocotiers, en son centre la belle maison créole, et, au bout, le Pain de sucre, comme un rocher de jardin japonais qui prend la dimension d'une montagne. Au large, des voiliers et le tapis en camaïeu des verts et bleus qu'ils foulent.

Puis c'est la descente vers Bois Joli, sa plage offerte comme un corps nu, chaud et doux, son eau pure et son hôtel si calme. Au dessus, la colline cimentée recueille l'eau de pluie, si rare ici.

Pourquoi abandonner ces lieux? Pourquoi retrouver le froid et le gris? Pourquoi ne pas vivre ici pour toujours?

L'homme est porté à voyager et court toujours après un bonheur, après l'inconnu, non qu'il soit toujours malheureux mais parce que c'est un être de désir. Et qu'est-ce qu'aimer sinon manquer de quelque chose, de quelqu'un, et ne pas être lassé en en attendant toujours quelque chose de plus?

 

 

Une nuit, sur le balcon de l'un des bungalows "La Colline".

Le vent et les bruits de la mer me transportent trois ou quatre ans en arrière lorsque, sur la "Jeanne d'Arc", j'allais oublier la puanteur et la promiscuité des fonds de cale sur le pont. C'était la même sensation de bien-être au milieu de cette grande sphère noire, ciel et mer confondus, où seuls brillaient quelques feux et quelques étoiles.



Jean-Louis Charvet. 1981.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
26 août 2010 4 26 /08 /août /2010 06:46

 

J'ai lu récemment la petite brochure intitulée: " Histoire nouvelle merveilleuse et espouvantable d'un jeune homme d'Aix en Provence emporté par le diable et pendu à un amandier pour avoir implement blasphêmé le Sainct Nom de Dieu et mesprisé la Saincte Messe; deux siens compagnons estant demeurez sans aucun mal. Arrivé le douziesme Janvier de la présente année mil six cent quatorze. A PARIS Par FLEURY BOURRIQUANT, en l'Isle du Palais rue Traversante, aux Fleurs Royalles. Jouxte la Coppie imprimée à Lyon. AVEC PERMISSION.

Réimprimé par Louis Perrin. Lyon. 1874. "

En voici d'importants extraits (orthographe originale respectée, pour l'essentiel):

" En la ville d'Aix en Provence (remarquable, tant pour son antiquité, que pour beaucoup de choses rares qu'elle contient en soy, comme son beau Parlement, et une quantité d'excellens et rares esprits) il s'en est neantmoins trouvé ces jours passez un, d'autant plus temeraire qu'impie, et puny d'autant severement que son impiété s'estait monstrée presomptueuse. Ils se prindrent un matin trois de compagnie, et d'assez bon lieu, lesquels desirans de desjeuner ensemble, s'en vont en un logis, où ils demandent à l'hostesse si elle avait de quoy leur donner, qui leur respond qu'il y avait assez. Là-dessus, deux se disent l'un à l'autre qu'il fallait premierement aller à la Messe, tandis qu'elle preparerait la table, et qu'ils avaient assez de temps. Le troisiesme se raidit là dessus, et commence à dire qu'il n'avait que faire de Messe, qu'il aymait mieux un bon disner, et qu'il luy ferait plus de profit. Puis à mesure que sa manie s'augmentait, possédé par ses furies, et touché de l'esprit malin, il commence à vomir une infinité d'execrables blasphemes contre Dieu, contre la saincte Messe, et contre ses compagnons, voyant qu'ils ne voulaient pas symboliser à sa gourmandise.

... Pour cela, il demeure roidy en son impiété. Ses compagnons s'en vont à la Messe, et luy demeurant au logis se met à table, et commence à boire d'autant, grommelant entre ses dents, et despitant contre eux. Ha pauvre aveuglé! Garde, car ta punition te tient au collet. Tu es là, pour assouvir tes appetits enragez, au lieu que tu devrais, comme les autres, estre à la Messe, pour recognoistre ton Dieu, et repaistre l'estomach de ton ame, devant que songer à celuy du corps. Mais voilà comme le peché nous aveugle, et comme lors que nous sommes sur le bord du precipice, prest à estre abysmez dans le supplice cruel qui attend nostre punition, nous demeurons endormis en nostre aveuglement dans les pattes de nostre peché.

Voicy donc, comme cestuy-cy ne songe qu'à se saouler, et encore au lieu de prendre ces viandes avec actions de graces, il les prend avec desdain; et au lieu de benedictions, il use de blasphemes: en sorte que l'hostesse mesme en estait toute effarouchée, et apprehendait d'ouïr ces scandaleux despitements, et horribles execrations, ayant tasché par plusieurs fois de le mettre dehors, ne voyant pas que son peché estait au comble de sa malice, et qu'il fallait que cestuy-là luy amenast la punition de tous les autres.

Ses compagnons revenus de la Messe, le trouvant à table, faisant bonne chere, se mettent aupres de luy: mais, ô spectacle rigoureux et espouvantable! Ainsi qu'ils estaient assis à table, beuvans à hausse goubelet, et luy tousjours grommelant contre les autres de ce qu'ils l'avaient fait attendre, et les appelant bigots et hypocrites, voilà qu'en la presence des autres deux, le Diable entrant furieusement dans la chambre, le hape par les cheveux, luy deschire tous ses habits, le froisse contre la fenestre; et l'enlevant en l'air, l'emporte à leur veuë, et les laisse là remplis d'estonnement et de crainte.

Exemple, mais exemple espouventable à ceux qui mesprisent ainsi avec tant d'impiété les mysteres sacrez de nostre Foy, et qui font gloire de proferer milles blasphemes, et execrables parjurements de leurs bouches profanes.

Ceux-cy bien estonnez, et remplis de crainte, s'en vont tristes et ombragez de douleur, porter la triste nouvelle à son pere, de ce qui estait arrivé; luy disant, que pour eux ils ne pouvaient juger de ce qu'il pouvait estre devenu, sinon qu'ils l'avaient veu passer par la fenestre, avec des cris et hurlements espouvantables, qu'il s'en allait par l'air du costé de la mer, et qu'autre chose n'en pouvaient-ils dire.

Le pere bien desolé, ayant ouy toute ceste histoire, fait chercher son fils de tous costez, et n'en peut trouver aucunes nouvelles, jusques au bout de quelques jours apres, que des bergers (sans y penser, gardans leurs troupeaux aux champs) trouvèrent le corps pendu à Amandier, à un quart de lieuë de la ville, tout noir et desfiguré, tellement qu'à peine le pouvait-on recognaistre; d'où il fut pris et jetté à la voirie.

Venez donc icy, vous impies, venez vous blasphemateurs, venez vous, qui ne vous souciez d'aucune Religion ny piété; venez voir l'effigie de vostre fin, si vous ne vous amendez; venez voir le supplice qui vous attend, et ce que vous devez devenir, si par une humble repentance vous ne venez à rabatre la colere du Ciel, justement irrité contre vous, et à vous chastier: recognaissez que c'est un advertissement que Dieu vous donne, et qu'au despens de ce pauvre miserable il vous veut appeller à penitence, et à un bon amendement, que vous suivrez si vous estes sages, de peur de tomber en un si triste accident, ou peut-estre en de plus horribles, pour vostre vie scandaleuse et pleine d'impiété. Dieu vous en vueille preserver, et vous aussi, s'il luy plaist. "

Comment ne pas penser, en lisant ce texte, à Don Juan et à l'homme de pierre, thème qui inspira tant d'auteurs?

Le festival d'Aix, cette année, nous a donné une nouvelle mise en scène du Don Giovanni de Mozart, à laquelle certains ont reproché des innovations peu heureuses; j'ai noté pour ma part les points suivants:

- Dmitri Tcherniakov a fait de Leporello un "jeune parent du Commandeur", de Zerlina une "fille de Donna Anna d'un premier lit";

- il s'est autorisé à transformer, sur des points essentiels, l'argument: pas de cimetière, dans la scène où le fantôme du Commandeur apparaît à Don Juan et à Leporello; il semble par ailleurs que Don Juan reste vivant à la fin du drame, et que le susdit fantôme ne soit qu'un être bien vivant, sans doute payé par les autres protagonistes du drame pour infliger à son héros une frayeur salutaire.

Il est licite d'adapter, de transformer les grands mythes, les grandes histoires qui constituent le fonds de notre culture; beaucoup de grands auteurs, en particulier Racine, l'ont fait. Mais défigurer, sans précaution, un chef d'oeuvre tel que l'opéra de Mozart, nuit à la musique de ce dernier.

Pour en revenir à l'aixois de 1614, emporté par le diable, je me demande s'il ne pourrait pas être, parmi d'autres libertins, à l'origine du personnage de Don Juan. J'ai lu avec grand intérêt l'édition Garnier Flammarion du Dom Juan, ou le Festin de Pierre de Molière (1998). Boris Donné y présente un intéressant dossier sur les origines de ce qu'il appelle un "mythe littéraire". Don Juan apparaît pour la première fois dans L'Abuseur de Séville, écrit en 1620 et publié en 1630 à Barcelone, donc peu d'années après l'affreuse histoire racontée plus haut. Certes, me dira-t-on, l'aixois gourmand et blasphémateur n'est pas qualifié de coureur de jupons. Mais qu'importe? Ce qui est important dans le personnage de Dom Juan, ce n'est pas qu'il soit amateur de femmes, mais qu'il soit un glouton, que ce soit de chair fraîche ou de chairs mortes. Et qu'il fasse passer son plaisir avant toute considération morale. Et, surtout, il est (c'est le Sganarelle de Molière qui parle): " le plus grand scélérat que la terre ait jamais porté, un enragé, un chien, un Diable, un Turc, un hérétique, qui ne croit ni Ciel, ni Enfer, ni loup-garou, qui passe cette vie en véritable bête brute, un pourceau d'Épicure, un vrai Sardanapale, qui ferme l'oreille à toutes les remontrances qu'on lui peut faire, et traite de billevesées tout ce que nous croyons. " D'ailleurs, la gloutonnerie, et non la simple gourmandise (qui a été donnée par Dieu aux hommes pour les inciter à se nourrir), est ( ou était?, je ne sais quelle est la position actuelle de l'Église) un pêché mortel, aussi bien que la luxure. Et puis, dans le langage amoureux (je ne parle pas de la langue pornographique), ne dit-on pas; dévorer quelqu'un (quelqu'une) de baisers, ou du regard?

Il y a fort à parier que l'aixois de 1614 était conforme à la description de Dom Juan faite par Sganarelle. Que lui arriva-t-il en fait? Poser la question c'est s'exposer à toutes sortes de critiques et de railleries; celles de ceux qui ne croient "ni Ciel, ni Enfer", celles de ceux qui y croient ferme. Aussi, je la retire.

Jean-Louis Charvet.

Partager cet article
Repost0
17 août 2010 2 17 /08 /août /2010 20:31

DRAME.

 

A HENRI YVAREN

 

Par un beau clair de lune, un certain soir d'automne,

Pour retourner chez moi, je pris le boulevard.

Près de la sorgue bleue, au murmure bavard,

J'entends un cri. La nuit le moindre bruit étonne.

 

 

On accourt vers le bord de l'eau d'où le cri part.

J'interroge. On me dit: - C'est le père Bonbonne!

Il voulait s'assurer si l'eau sans vin est bonne. -

Au malheur de l'ivrogne on prenait peu de part.

 

 

Je m'approchai. Je vis comme une forme humaine

Se débattre, tandis qu'un chien perdait haleine

A ramener son maître vainement.

 

 

Puis l'ivrogne et le chien disparurent. Ce drame

M'émut; et je rentrai mélancoliquement

 Me demandant lequel des deux avait une âme.

 

 

Partager cet article
Repost0
16 août 2010 1 16 /08 /août /2010 16:45

Lu dans la Ruche d'Orange du samedi 30 octobre 1841:

 

NOUVEAU TENOR.

M. Castil-Blaze se trouvant à Avignon, ce mois-ci, entendit chanter un jeune homme, commis chez M. Crémieux, marchand. Le célèbre Maëstro fut tellement frappé de la voix pleine, sonore et vibrante de ce dillettante en herbe, qu'il n'hésita pas à lui proposer un engagement. Les conditions furent posées et acceptées. M. Castil-Blaze se charge de son éducation musicale et littéraire, et partagera ensuite pendant dix ans les futurs bénéfices du futur Dupré. Nous sommes heureux d'apprendre que ce jeune homme est d'Orange, et qu'il s'appelle Numa Mosé dit Cacan. Il est aujourd'hui à Paris. Sa voix sera pour lui une mine d'or, comme le lui a prophétisé M. Castil-Blaze. Il donne nettement et sans effort l'ut et le ré d'en haut. Ces détails nous ont été communiqués par M. Peytier d'Avignon, il y a déjà quinze jours. On se rappelle que Baroilhet a été élevé de cette manière par l'administration de l'opéra.

Partager cet article
Repost0
15 août 2010 7 15 /08 /août /2010 17:59

 

 

Il est utile, pour les membres d'une profession, de connaître l'histoire de cette dernière, la façon dont elle a été exercée dans les siècles passés, et d'en tirer des enseignements.

J'ai puisé les renseignements qui suivent, ordonnés sous la forme d'un petit dictionnaire, dans le "Dictionnaire de la gendarmerie à l'usage des officiers, sous-officiers, brigadiers et gendarmes par M. Cochet de Savigny, chef d'escadron, officier de la légion d'honneur, et M. Perrève, juge au tribunal de Neufchâtel, mis au courant de la législation par un officier supérieur de l'arme. 37° édition. Paris. Imprimerie et librairie A. Le Normand. Ancienne maison Léautey". (Sans date, mais certainement de 1903, ou peu après).

Les gendarmes, et leurs épouses, pourront apprécier les changements qui, depuis lors, ont été apportés à leur condition. Peut-être, également, apercevront-ils des constantes de la vie militaire, malgré le temps qui passe...

 

Bicyclettes.

L'instruction provisoire du 14 août 1903 énumérait ainsi qu'il suit les principaux cas dans lesquels la bicyclette était à employer:

"1° (Sans considération de distance). Tournées de communes, au cours desquelles de nombreux renseignements doivent être pris ou de nombreuses pièces remises, et pouvant retenir les hommes trop longtemps hors de la résidence si la bicyclette n'était pas employée;

2° (En tenant compte des distances). Tournées de communes comportant un parcours total de 20 kilomètres au moins;

3° Circonstances obligeant la gendarmerie à se transporter rapidement sur le théâtre d'événements importants (crimes, sinistres, etc.), ou à poursuivre des malfaiteurs;

4° Transport du résultat des élections et, éventuellement, de l'ordre de mobilisation;

La bicyclette ne sera pas employée dans les escortes de prisonniers et dans les services pour la répression du braconnage."

Pour prévenir les agissements de gendarmes fainéants, l'instruction ajoutait:

"Il ne sera pas perdu de vue que la tournée de communes doit consister dans l'exploitation complète et méthodique d'une portion quelconque de la circonscription d'une brigade. Il ne s'agit pas de courir d'une mairie à l'autre, en choisissant exclusivement les meilleurs chemins"

(c'est moi qui souligne).

Des conseils très précis étaient donnés aux gendarmes pour l'emploi, l'entretien de leurs machines; il leur était notamment recommandé de "manger autant que possible une heure ou deux avant de se mettre en route et éviter de boire ou manger en cours de service, à moins d'arrêts trop prolongés".

 

Conduite à tenir par les gendarmes dans toutes arrestations.

"Les gendarmes, dans les arrestations qu'ils opèrent, ne doivent jamais employer une rigueur qui ne serait pas nécessaire. S'ils doivent déployer toute l'énergie et le courage possible pour s'assurer de la personne d'un prévenu ou d'un condamné, ils ne doivent plus connaître que le sentiment de l'humanité dès qu'il est en leur pouvoir. Tout mauvais traitement leur est expressément défendu par la loi; ils doivent penser que souvent l'individu qu'ils poursuivent, qu'ils arrêtent, peut être reconnu innocent par l'autorité compétente devant laquelle il est traduit."

 

Ivresse.

"On doit écarter d'un homme ivre l'action immédiate du chef. Quand un gendarme est en état d'ivresse, le chef de brigade le fait coucher, sans intervenir autant que possible de sa personne. S'il trouble l'ordre, il charge les autres gendarmes de s'en rendre maîtres et, au besoin, de le conduire en prison. La punition encourue par un homme ivre ne doit lui être notifiée qu'après que l'état d'ivresse a totalement cessé.

L'habitude de s'enivrer, quand bien même elle n'est pas accompagnée de circonstances aggravantes, suffit pour motiver l'exclusion du corps de la gendarmerie; en conséquence, cette exclusion peut être prononcée contre tout sous-officier, brigadier et gendarme qui, en peu d'années, a subi trois punitions pour cause d'ivrognerie."

 

Logement.

Le chef de brigade, responsable du maintien de l'ordre intérieur dans la caserne, devait visiter les logements des hommes mariés deux fois par mois au plus, dans l'après-midi, ceux des célibataires (sans doute moins soigneux que leurs collègues mariés...) plus souvent, vérifier le rangement des effets, la bonne tenue des armes. Une fois par mois, revue générale durant laquelle il s'assurait, notamment, de la propreté des vitres, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.

Ne pouvaient coucher ou résider dans les casernes que les parents des militaires, à condition d'en avoir obtenu l'autorisation.

Il était interdit d'introduire à l'intérieur des casernes chiens, lapins, volailles, ou autres animaux domestiques, à l'exception des chats dont la présence pouvait être nécessaire (pour faire la chasse aux souris?).

Les sous-officiers, brigadiers et gendarmes devaient rentrer à la caserne au plus tard à onze heures en hiver et à minuit en été.

Des latrines distinctes devaient être établies pour l'un et l'autre sexe.

 

Mariage.

Les gendarmes étaient soumis au régime en vigueur pour tous les militaires. Officiers, sous-officiers, brigadiers et gendarmes devaient obtenir la permission de se marier du chef de légion, pour les officiers, du conseil d'administration de leur compagnie et du chef de légion, pour les autres.

Pour les officiers, une enquête était diligentée afin de vérifier si le mariage projeté était de nature à nuire à leur indépendance d'action, quelle était la situation de la "future", celle de ses parents, leur réputation. La circulaire du 1° octobre 1900 avait abrogé les dispositions de l'arrêté ministériel du 17 décembre 1843, qui exigeait que la future épouse ait un revenu non viager de 1200 francs.

Pour les sous-officiers, brigadiers et gendarmes, il était prévu une enquête similaire; depuis la circulaire du 21 août 1854, aucun chiffre n'était fixé pour la dot. Il leur était recommandé de passer un contrat de mariage.

 

Planton.

Chaque jour, un homme exerçait, dans chaque brigade, les fonctions de planton, en tenue de service: remise des correspondances, service de la poste aux lettres, visite des prisonniers, délivrance des feuilles de route, courses diverses dans la localité, visite des voitures publiques, des auberges et cabarets, fermeture, chaque soir, des portes de la caserne, etc.

 

Primes.

Il en était versé aux gendarmes qui procédaient, notamment, aux actes suivants:

- arrestation de militaires déserteurs ou insoumis;

- arrestation de forçats ou de condamnés évadés;

- arrestation de jeunes détenus évadés des établissements pénitentiaires ou des colonies agricoles;

- arrestation en vertu de mandements de justice;

- arrestation en vertu de contrainte par corps;

- destruction d'un loup.

 

Punitions.

Pour les officiers: les arrêts simples, la réprimande du chef de légion, les arrêts de rigueur, les arrêts de forteresse, la réprimande du général commandant le corps d'armée.

Pour les sous-officiers, brigadiers et gendarmes: la consigne à la caserne, la consigne à la chambre, la réprimande des commandants de compagnie pour les chefs de brigade, la prison, la réprimande des chefs de légion pour les chefs de brigade, la rétrogradation, la cassation et la réforme.

La durée des consignes variait suivant le grade.

 

Rapports.

Chaque commandant de brigade devait envoyer au commandant de l'arrondissement un rapport journalier, outre des rapports spéciaux, en cas d'événements extraordinaires intéressant l'ordre public.

 

Serment.

Reçu par les tribunaux de première instance, sa formule était la suivante:

"Je jure d'obéir à mes chefs en tout ce qui concerne le service auquel je suis appelé, et, dans l'exercice de mes fonctions, de ne faire usage de la force qui m'est confiée que pour le maintien de l'ordre et l'exécution des lois."

 

Service spécial de la gendarmerie.

Des 45 missions énumérées dans cette rubrique, j'en ai retenu huit, qui permettent d'évoquer le "bon vieux temps":

"15° Saisir les dévastateurs de bois et de récoltes, les chasseurs masqués, lorsqu'ils sont pris en flagrant délit.

21° Suivant le cas, dénoncer par procès-verbal ou arrêter les individus qui, par imprudence, par négligence, par la rapidité de leurs chevaux, ou de toute autre manière, ont blessé quelqu'un ou commis quelques dégâts sur les routes, dans les rues ou voies publiques.

23° Dénoncer à l'autorité locale ceux qui, dans les temps prescrits, auraient négligé d'écheniller.

24° En cas de nécessité, dresser procès-verbal contre ceux qui ont abandonné des coutres de charrue, pinces, barres, barreaux, échelles et autres objets, instruments ou armes dont pourraient abuser les voleurs.

31° Surveiller les mendiants, les vagabonds et les gens sans aveu.

Demander à cet effet aux maires ou adjoints les listes des individus que les brigades doivent plus particulièrement surveiller (repris de justice, condamnés libérés, etc.)

32° Arrêter les mendiants, dans les cas et circonstances qui les rendent punissables, à la charge de les conduire sur-le-champ devant le juge de paix, pour qu'il soit statué à leur égard conformément aux lois sur la répression de la mendicité.

44° Maintenir l'ordre lors des opérations de la commission de remonte des chevaux destinés à l'armée.

45° Prêter son concours à l'occasion du recensement des chevaux, mulets et voitures nécessaires à l'armée."

 

Tabac.

Comme à tout militaire, il était délivré à chaque gendarme, par application du décret du 29 juin 1853, 10 grammes de tabac à fumer par jour, au prix de 1 franc 50 le kilogramme.

 

Je terminerai cette brève évocation de la vie des gendarmes il y a cent ans par quelques lignes tirées de la rubrique "Conduite à tenir par les gendarmes pour opérer avec régularité et se mettre à l'abri des reproches.", qui comporte 32 paragraphes:

"22° Ne faire aucune dette;

25° Ne découcher jamais sans autorisation;

28° Ne signer aucune plainte collective et n'enfreindre jamais l'ordre hiérarchique, en cas de réclamation;

30° N'exercer aucun commerce, métier ni profession et ne pas souffrir que leurs femmes tiennent cabaret, auberge ou café, dans la résidence où ils sont employés, soit dans la résidence, soit même dans la circonscription de la brigade, et qu'elles n'occupent aucun emploi dont la nature puisse diminuer l'indépendance de leur mari dans l'exécution du service;

31° Ne pas acheter d'effets d'occasion sans la permission du commandant;

32° Ne se servir que d'allumettes amorphes dans la caserne."

Lorsqu'une règle est édictée, on peut supposer qu'elle est destinée à réprimer des agissements fréquents; ainsi, cette énumération de quelques prohibitions fait-elle apparaître, en creux, les errements de certains gendarmes d'autrefois.

Jean-Louis Charvet.

Partager cet article
Repost0
15 août 2010 7 15 /08 /août /2010 07:55

 

Arte a diffusé le lundi 19 juillet un beau et intéressant documentaire de Céline Clairval-Milhaud sur Darius Milhaud. Ce dernier, né à Marseille le 4 septembre 1892 de Gabriel, négociant en amandes à Aix, reçut le prénom de son grand-père maternel, Dario Allatini, dont la famille s'était établie à Salonique (ville turque jusqu'en 1912) au XVIII° siècle. C'est à Aix que Milhaud passa son enfance. Il y fit ses études au collège (l'actuel Lycée Mignet), et s'y lia notamment avec ses condisciples, Armand Lunel et Léo Latil. Au delà des liens d'amitié, ces deux hommes devaient avoir une certaine importance dans l'oeuvre du compositeur.

Armand Lunel, né le 9 juin 1892 à Aix, professeur de philosophie et écrivain, fut l'auteur des livrets de deux opéras de Milhaud, Les malheurs d'Orphée et Esther de Carpentras. On peut espérer, espérer, espérer, que ces oeuvres seront un jour au programme du festival d'Aix.

Léo Latil, né également à Aix, le 10 mai 1890, passa sa licence de philosophie dans sa ville natale. Sa vie fut brève, étant mort en héros au front le 27 septembre 1915 dans le département de la Marne. Après sa mort fut publié un petit livre de 48 pages, ses Lettres d'un soldat, à propos desquelles son ami Francis Jammes devait écrire les lignes suivantes:

"A peine cet enfant a-t-il donné son léger parfum, mais il nous a sacrifié sa vie. Il était entre les plus jeunes poètes encore peu connus, celui que je préférais pour son âme sainte, son oubli de soi-même, cette angélique douceur, cette modestie, ce goût des choses éternelles qui bientôt auraient fait de lui un apôtre. C'est un lys qu'un ange a cueilli sur le champ de bataille où il fut présent le plus tôt possible après la mobilisation, renversant, pour s'y rendre, tous les obstacles que lui opposaient son apparence délicate et l'avis des médecins... J'évoque cette lumière d'Aix-en-Provence, éblouissante comme la couronne d'un élu, et, dans la sombre cour de la large et impressionnante demeure patriarcale, le jet d'eau dont la gerbe montait vers le ciel, le priant doucement d'une voie pure qui ne s'est point tue, mais qui a été rappelée."

Dans ces lettres, on voit, avec émotion, le patriotisme, l'enthousiasme, la fraîcheur d'un enfant qui s'amuse d'un rien, qui s'émeut en écoutant ses compagnons chanter, en voyant des petits lapins qui "se promènent tout seuls, très bravement, loin de leurs mères...", en pensant à sa maison, on voit le catholique fervent, qui se remémore une messe d'hommes à Saint-Sauveur, l'intellectuel, auquel on demande de faire une conférence sur le drapeau, et qui, après leur avoir rappelé les pages glorieuses de leur régiment, dit aux soldats que le drapeau "recélait autre chose de plus intime: et le champ familial et la petite maison de là-bas, et la tombe des vieux et le berceau des petits..."

Darius Milhaud fut profondément ébranlé par la mort de son ami. Il ne l'oublia pas dans son oeuvre: il mit en musique quatre de ses poèmes, L'abandon, La tourterelle, Le rossignol , Ma douleur et sa compagne; le second mouvement de son quatuor n° 3 pour mezzo-soprano et quatuor à cordes a pour paroles un texte de Latil.

La dernière lettre de Léo Latil a été publiée par Benoist-Méchin dans son livre émouvant, Ce qui demeure. Lettres de soldats tombés au Champ d'honneur (1914-1918), réédité en 2000.

Jean-Louis Charvet.

Partager cet article
Repost0
15 août 2010 7 15 /08 /août /2010 07:51

Lu dans le "Démocrate de Vaucluse du 17/10/1869:

Le dîner qui sera offert à l'impératrice le soir de son arrivée à Constantinople donnera une idée des munificences du sultan pendant que durera le séjour. Le service de ce dîner vaut un million, et le dîner lui-même coûtera encore plus cher. Parmi les mets qui figureront sur la table impériale se trouvera un plat composé entièrement de cervelles d'autruches. Or, on sait que l'autruche a la réputation d'avoir une très petite cervelle. Il en faudra donc une très grande quantité. A cet effet, le sultan a fait des commandes considérables, et hier à Marseille on embarquait une quarantaine de ces rares volatiles.

Partager cet article
Repost0
15 août 2010 7 15 /08 /août /2010 07:40

Lu dans le "Démocrate de Vaucluse" du dimanche 27/9/1868:

 

Théâtre de Carpentras.

Nous avons assisté, jeudi passé, à une représentation donnée par le théâtre de Famille, au bénéfice d'une dame artiste, alitée depuis plusieurs mois; cette représentation a eu lieu avec le bienveillant concours des principaux artistes en ce moment à Avignon.

Mesdames Régis et Guillerot ont été les étoiles de la soirée; Mlle Anna Guillerot a chanté avec beaucoup de goût le duo des Brésiliennes, et avec finesse la chansonnette: Que les hommes sont laids; M. Charvet, charmant amateur de la ville, n'a pas oublié la sienne, en venant de suite après, chanter: Une femme!.. c'est laid!...

MM. Brossard, Renaud, Raymond, Granier, Emile, l'excellent tyrolien; Mlles Joséphine, Rosine et Philippine ont eu aussi leur part de succès. Cette soirée, en un mot, a atteint le but que tout le monde espérait, et la recette a été des plus satisfaisantes.

Partager cet article
Repost0
7 août 2010 6 07 /08 /août /2010 14:55

IVRESSE.

 

 

Je suis comme enivré des paroles d'autrui,

Poètes,

Plaignants,

Avocats,

Criminels,

Amis mêmes

Déversant leur trop plein de souffrances,

D' idées, de certitudes,

De doutes,

D' excuses,

De raison.

 

 

Je me plongeai tantôt en deux anthologies

De cygnes disparus;

Comment peut-on confondre ces cris, ces râles , ces petits frissons, délicats, impudiques,

hermétiques,

mythologiques,

amphigouriques,

étroits

Avec le souffre âcre enivrant les pythies,

Le laurier fumant,

La graisse des victimes

Chatouillant,

Écœurante,

Les narines des Dieux?

 

 

Laisser aller mon souffle,

Crier, non plus gémir,

La vérité,

Le gouffre

De mes désirs;

Et m'y perdre en riant

Comme autrefois l'enfant

Que je fus, disparu

Entre deux grains de sable.

AH!!!

Car il faut bien parfois

Crier pour conjurer...

Pour oublier...

Pour continuer...

 

 

Jean-Louis Charvet, Avignon, dimanche 17 juin 2001.

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de jlcharvet.over-blog.com
  • : Des poésies, des histoires, etc.....
  • Contact

Recherche

Archives