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30 novembre 2013 6 30 /11 /novembre /2013 04:47

- si l'on punit de lourdes amendes les "clients" des prostitués, comment feront les célibataires et les handicapés?

 

Sans commentaire.

A SUIVRE.

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31 août 2013 6 31 /08 /août /2013 04:30

La vie humaine est semblable à un chemin dont l'issue est un précipice affreux. On nous en avertit dès le premier pas ; mais la loi est portée, il faut avancer toujours. Je voudrais retourner en arrière. Marche ! marche !

Un poids invincible, une force irrésistible nous entraîne. Il faut sans cesse avancer vers le précipice. Mille traverses, mille peines nous fatiguent et nous inquiètent dans la route. Encore si je pouvais éviter ce précipice affreux ! Non, non, il faut marcher, il faut courir : telle est la rapidité des années. On se console pourtant parce que de temps en temps on rencontre des objets qui nous divertissent, des eaux courantes, des fleurs qui passent. On voudrait s'arrêter :

Marche ! marche !

Et cependant on voit tomber derrière soi tout ce qu'on avait passé ; fracas effroyable ! inévitable ruine ! On se console, parce qu'on emporte quelques fleurs cueillies en passant, qu'on voit se faner entre ses mains du matin au soir et quelques fruits qu'on perd en les goûtant : enchantement ! illusion ! Toujours entraîné, tu approches du gouffre affreux : déjà tout commence à s'effacer ; les jardins moins fleuris, les fleurs moins brillantes, leurs couleurs moins vives, les prairies moins riantes, les eaux moins claires : tout se ternit, tout s'efface. L'ombre de la mort se présente ; on commence à sentir l'approche du gouffre fatal. Mais il faut aller sur le bord. Encore un pas : déjà l'horreur trouble les sens, la tête tourne, les yeux s'égarent. Il faut marcher on voudrait retourner en arrière ; plus de moyens : tout est tombé, tout est évanoui, tout est échappé.

Jacques Bénigne BOSSUET (1627-1704), “ Sermon pour le jour de Pâques ”.

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13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 22:52

Un nouveau pape, nommé François : oui, mais lequel ?

Les commentateurs que j’ai entendus à la télévision ce soir 13 mars 2013 disaient que le choix du nom de François par le nouveau pape laissait présager une prise en compte plus importante de la pauvreté par l’Eglise catholique. Je ne suis pas sûr que le souverain pontife ait choisi ce prénom en pensant au « poverello », François d’Assise. A mon sens, son modèle est et sera François Xavier, évangélisateur et jésuite (comme lui).

Jean-Louis Charvet.

P.S. Il semble que je me sois trompé: d'après ses déclarations, le nouveau pape aurait choisi comme modèle Feançois d'Assise. JLC. 17/3/2013. 

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28 août 2012 2 28 /08 /août /2012 15:13

Inquisitio.

J’ai regardé avec consternation au mois de juillet dernier, sur France 2, l’intégralité  de la « série » Inquisitio. Et pourtant, dès le premier soir, ce film me mit profondément mal à l’aise ; beaucoup de choses me paraissaient sonner faux, bien que je connaisse mal la période qu’elle évoque, particulièrement grave pour le monde catholique, puisque deux papes en revendiquaient la direction, l’un à Rome, l’autre à Avignon. Le personnage de Catherine de Sienne, dont je savais qu’elle avait été reconnue comme sainte, me choquait par son traitement. Je consultai Internet et trouvai rapidement que, fait rare,  Mgr Bernard Podvin, en sa qualité de porte-parole de la conférence des évêques de France, avait  publié le communiqué suivant :

« Inquisitio.  Tel est le titre d'une saga télévisée de l'été. Programmée, hélas, à heure de grande écoute. Plusieurs universitaires médiévistes, peu suspects de complaisance envers l'Eglise catholique, nous disent combien ils sont atterrés par cette série.

Citons, entre autres points scandaleux, le traitement indigne réservé à la grande mystique Ste Catherine de Sienne....

Parce que cette période historique est extrêmement difficile pour tous, elle requiert d'autant plus un service délicat et éminent de la vérité. Quand un tel parti-pris aimante une production, qu'a- t-elle encore de... culturel?

Je pleure et m'indigne de songer qu'à l'audimat, beaucoup risquent de se croire instruits par cette manière tendancieuse d'honorer l'histoire humaine et religieuse.... »

Je continuai, malgré tout, à regarder cette série, jusqu’à la lie, jusqu’à la fin. Après quoi, je tâchais de savoir qui avait été le conseiller historique des scénaristes. Je découvris que le producteur exécutif de la série, Patrice Onfray, avait déclaré : "La Catherine de Sienne de la série n'est pas la Catherine de Sienne de l'histoire. Nicolas s'est laissé aller à son imagination. On a des noms de personnages historiques mais on a totalement oublié l'aspect historique dans le scénario. On n'a pas fait de recherches, il n'y a pas eu d'historiens et de conseillers, c'est assumé comme tel. C'est une œuvre d'imagination."

Dont acte.

Lorsque Racine préfaçait ses magnifiques pièces, il expliquait, c’était l’élégance et la politesse de son siècle, s’il s’était écarté de la vérité historique, ou de la mythologie ; encore ne travestissait-il pas ses personnages, et ne faisait-il pas d’une sainte une femme démoniaque.  

En cette période de crise, le film a coûté 10 millions d’euros, et a été financé en partie par la région Languedoc-Roussillon. Je me félicite de ne pas contribuer au budget de cette collectivité.

Qu’ajouter, sinon qu’il nous a été proposé une vision dépassée du Moyen-Age, un monde verdâtre et gris, et que cette œuvre trouverait sa place dans le rayon des livres anticléricaux de la fin du XIX° siècle ou du début du XX°. Quant à l’Inquisition, elle n’est nullement le sujet  central de l’histoire. Et on ne peut qu’espérer que France 2 ne nous proposera pas d’autres productions de cet acabit.

Jean-Louis Charvet.

 

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1 octobre 2011 6 01 /10 /octobre /2011 17:45

Une péroraison sur l'innocence, pour mes amis avocats qui manqueraient d'inspiration...

Innocence!... bien précieux, inaltérable, que l'Etre-suprême envoya dans le coeur de l'infortuné pour adoucir ses maux, et pour les lui faire supporter, mettez toujours à l'abri des revers celui que vous consolez! L'assurez-vous qu'il n'a aucun danger à redouter? S'il n'est point coupable, craindra-t-il d'être puni? La confiance que vous lui donnez est-elle assez forte pour voiler à ses regards les suites du malheur dans lequel une fatalité impérieuse l'a entraîné? Hélas! en vain il peut se dire: Je n'ai point mérité mon sort! il faut qu'il le prouve, il faut que sa vertu, pure, intacte, irréprochable, brille aux yeux de Dieu qui la connaît. Le crime, l'erreur et le mensonge se sont tellement propagés dans la société, que les ministres des loix ne peuvent, sans risquer de s'égarer, s'en rapporter à une simple dénégation. Ils sont forcés d'exiger des témoins, des preuves. Des preuves!... eh! souvent le crime, qui arrange et calcule les forfaits, en a mille à donner, tandis que l'innocence, surprise et tremblante, n'en peut fournir une seule! Le crime effronté crie bien haut, l'innocence se tait et soupire. Les juges, embarrassés, prennent l'opiniâtreté de l'un pour le désespoir de la vertu outragée, et le silence de l'autre pour un aveu tacite de la faute. Que je vous plains, vous qui tenez le glaive et la balance, que je vous plains! et que la tâche qui vous est imposée est délicate à remplir!...

Petit-Jacques et Georgette, ou les montagnards auvergnats, par le citoyen Ducray-Duminil, auteur de Lolotte et Fanfan, et d'Alexis, ou la Maisonnette dans les bois. Troisième édition. A Paris, chez Le Prieur, Lib. rue de Savoye, N° 10. L'An deuxième de la Rép. Fr. une et indivisible.

 

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27 août 2011 6 27 /08 /août /2011 01:59

Microcosme.

 

A l'entrée du square, une inscription en gros caractères: INTERDIT DE NOURRIR LES ANIMAUX. On cherche lesdits animaux, on ne voit, parfois, que quelques pigeons. Pendant longtemps, une femme venait les nourrir, en dépit de l'interdiction; elle faisait sa police, grondant les plus voraces, encourageant les plus timides à s'approcher d'elle pour prendre leur part du festin, fait de pain dur. Très peu d'autres oiseaux, jamais de moineaux, quelquefois un choucas, une pie. Les pigeons mènent leur petite vie: ils picorent des nourritures microscopiques, graines sans doute, et, pour améliorer l'ordinaire,quelques insectes. Ce sont ces derniers les plus nombreux des habitants du square. On ne les voit guère, sauf les processions de fourmis, toujours affairées, transportant nourriture et matériaux vers leur antre. J'en ai vu une récemment porter une petite plume blanche, beaucoup plus grosse qu'elle; on aurait dit un voilier. Pour protéger la "biodiversité", paraît-il, la municipalité laisse pousser ce que j'ose encore appeler des mauvaises herbes, jusqu'à ce qu'une loi interdise l'utilisation de ce terme, injurieux pour les graminées et pissenlits, rares, qui, courageusement, percent un sol particulièrement dur car jamais biné. Les bordures de buis attendent l'intervention d'un jardinier pour prendre une forme plus harmonieuse; mais peut-être attendront-elles longtemps, car, là aussi, on doit laisser faire la nature. Cette dernière a tellement bien fait les choses que naguère, un cyprès est tombé, sous le poids de la neige, faute d'avoir été taillé. Ses congénères suivront sans doute son exemple un jour ou l'autre. Les oliviers sont chargés de fruits, jamais récoltés, qui font, lorsqu'ils tombent, les délices du petit monde animal.

Sur des bancs créés pour des spartiates, les érudits qui fréquentent la section "patrimoniale" de la médiathèque Ceccano viennent fumer le cigare, ou penser aux trésors parfois infimes qu'ils viennent d'exhumer. Des amoureux se bécotent. Des lycéens déjeunent, pour la grande joie des bestioles qui se nourrissent des miettes de leur repas.

Henri IV, dont le buste trône ici depuis son inauguration en 1987 (pour le millénaire capétien) par le comte de Paris, se demande ce qu'il fait ici.

Des ombres passent sans doute, celle de Mistral qui étudia non loin d'ici, celle de Calvet, qui pense peut-être qu'on aurait pu donner son nom à la médiathèque.

Sur la place
chacun passe,
chacun vient, chacun va;
Drôles de gens que ces gens-là!
Drôles de gens que ces gens-là!
Drôles de gens! Drôles de gens!
Drôles de gens que ces gens-là!
Drôles de gens! Drôles de gens!
Drôles de gens! Drôles de gens!

(Carmen).

Jean-Louis Charvet.

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17 août 2011 3 17 /08 /août /2011 16:36

 

Un si proche Orient.

En cette saison où tant de personnes vont chercher à des milliers de kilomètres les sensations, parfois troubles, de l'exotisme, il est possible de faire un voyage tout aussi agréable, et tout aussi ambigu, en visitant les deux magnifiques expositions:

- Fastueuse Égypte, au musée Calvet à Avignon, jusqu'au 14 novembre 2011, de 10H à 13H et de 14H à 18H (fermé le mardi).

- L'orientalisme en Europe, de Delacroix à Matisse, au Centre de la Vieille Charité à Marseille, jusqu'au 28 août 2011, de 10H à 18H (fermé le lundi).

Ceux qui se contentent des émotions "purement" esthétiques seront comblés: les oeuvres figurant dans ces expositions sont superbes et superbement présentées (en particulier, l'exposition avignonaise a pour cadre des salons du XVIII° siècle récemment restaurés). Il y en a pour tous les goûts: la pureté des lignes des sculptures égyptiennes de l'époque pharaonique, le dessin impeccable d'Ingres, les coloris et la fougue de Delacroix, le modelé sensuel des bustes d'africains, la délicatesse savante d'une toile de Klimt, etc.

Pour ceux qui cherchent aussi dans la contemplation d'oeuvres d'art des satisfactions plus intellectuelles ou/et plus spirituelles, le déplacement à Marseille et à Avignon s'impose. Les oeuvres exposées, tout au moins certaines d'entre elles, stimulent la réflexion, ou transportent dans des régions parfois bien lointaines de notre inconscient ou de notre culture personnelle.

Pour beaucoup de Français, de culture juive, chrétienne ou islamique, l'Orient est à la fois un Eden regretté et un présent douloureux. Depuis des siècles, des millénaires, les pays qui le constituent sont lieux d'échanges mais aussi de conflits, dont ce qu'on appelle l'Occident a été l'acteur. Si j'emploie l'expression "ce qu'on appelle l'Occident", c'est parce que la définition de l'Orient, celle de l'Occident sont sujettes à caution.

Où finit l'Europe, où commence l'Asie? Je vous laisse répondre, en vous posant trois questions:

 - Quel est le plus européen de ces pays: la Turquie, le Liban, Israël, la Russie, l'Algérie, la France?  

- La France ne serait-elle qu'européenne, elle dont le territoire est réparti sur presque tous les continents, elle qui est riche de sa diversité, avec St Pierre et Miquelon, la Guadeloupe et la Martinique, la Guyane, la Réunion, Mayotte, la Polynésie, elle qui, même, a pour hôtes des manchots (Terre Adélie)?

- Dans ce monde profondément imprégné de culture américaine, que signifient encore ces mots: Europe, Asie?

Pour beaucoup de Français, l'Orient est également le berceau des trois grandes religions monothéistes qui ont forgé leur culture. Mais il ne faudrait pas oublier (en ce temps où l'on parle parfois trop abusivement de "notre" civilisation "judéo-chrétienne"), que nous sommes aussi les héritiers de la civilisation grecque qui s'est épanouie non seulement en Grèce mais aussi sur les territoires qui constituent aussi des pays tels que la Turquie, l'Égypte, etc.

Pour d'autres Français (et peut-être aussi pour ceux ci-dessus mentionnés), l'Orient évoque des images érotiques; le fantasme du harem, celui des hammams sont toujours bien vivants.

Tant de raisons, donc, d'aller voir ces deux expositions, puis, l'an prochain, de partir pour l'Orient, le vôtre, le nôtre.

Départs. On croit laisser, derrière soi, la monotonie, la grisaille.

Les peines.

Son passé.

Ses soucis.

On a choisi un lieu, un pays merveilleux.

On part, pour quelques jours ou pour un mois.

On part seul, ou à deux.

Ou en groupe qui, peu à peu, de juxtaposition d'inconnus, deviendra famille,

famille unie ou nœud de vipères.

Avec ses boute-en-train, ses toujours mécontents, celui ou celle qui reste à part.

Comme à l'école.

On arrive désormais vite à l'Eldorado.

Sans préparation, sans transition.

Passant de la froidure à la canicule, de l'humidité à la sécheresse, d'un siècle à l'autre.

On s'émerveille, parfois de ce que l'on pourrait voir au coin de sa rue.

On cherche à comprendre.

On découvre des mets, des parfums, des couleurs.

On espère rencontrer, au coin d'une rue, ou même dans le désert,

la belle étrangère, le bel étranger qui ensoleillera nos soirs d'hiver.

On photographie.

On se photographie.

On se fait photographier.

On gravit des collines dénudées, on monte des marches par centaines,

parfois en les comptant,

on descend dans des grottes.

Le soir, on se repose dans des hôtels de luxe.

Au bord de la piscine, la lumière est faible, l'air doux, tout est calme.

On fait des rapprochements: cela me fait penser à, cela ressemble à...

On critique, ou on loue, exagérément.

On s'instruit, sur l'histoire, les mœurs et les arts.

On achète des petits objets, toujours bon marché.

On rentre chez soi.

On classe les photos, on les commente.

On les montre aux amis qui, toujours, ont vu plus beau, plus rare que ce que l'on a vu.

L'an prochain, on partira plus loin.

Entre temps, on voyage; dans ces mondes que l'on s'est construits:

sa maison, son esprit, son jardin, son couple, sa famille.

Parfois dans le pays de Tendre, parfois dans un désert aride.

Sans guide; en trouverons-nous un, un jour?

Jean-Louis Charvet.

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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 13:11

Il y a tout plein de gens, disait le duc, qui ne se portent au mal que quand leur passion les y porte; revenue de l'égarement, leur âme tranquille reprend paisiblement la route de la vertu, et passant ainsi leur vie de combats en erreurs et d'erreurs en remords, ils finissent sans qu'il puisse devenir possible de dire précisément quel rôle ils ont joué sur la terre. De tels êtres, continuait-il, doivent être malheureux: toujours flottants, toujours indécis, leur vie entière se passe à détester le matin ce qu'ils ont fait le soir. Bien sûrs de se repentir des plaisirs qu'ils goûtent, ils frémissent en se les permettant, de façon qu'ils deviennent tout à la fois et vertueux dans le crime et criminels dans la vertu. Mon caractère plus ferme, ajoutait notre héros, ne se démentira jamais ainsi. Je ne balance jamais dans mes choix, et comme je suis toujours certain de trouver le plaisir dans celui que je fais, jamais le repentir n'en vient émousser l'attrait. Ferme dans mes principes parce que je m'en suis formé de sûrs dès mes plus jeunes ans, j'agis toujours conséquemment à eux. Ils m'ont fait connaître le vide et le néant de la vertu; je la hais, et l'on ne me verra jamais revenir à elle. Ils m'ont convaincu que le vice était seul fait pour faire éprouver à l'homme cette vibration morale et physique, source des plus délicieuses voluptés; je m'y livre. Je me suis mis de bonne heure au-dessus des chimères de la religion, parfaitement convaincu que l'existence du créateur est une absurdité révoltante que les enfants ne croient même plus. Je n'ai nullement besoin de contraindre mes penchants dans la vue de lui plaire. C'est de la nature que je les ai reçus, ces penchants, et je l'irriterais en y résistant; si elle me les a donnés mauvais, c'est qu'ils devenaient ainsi nécessaires à ses vues. Je ne suis dans ses mains qu'une machine qu'elle meut à son gré, et il n'est pas un de mes crimes qui ne la serve; plus elle m'en conseille, plus elle en a besoin: je serais un sot de lui résister. Je n'ai donc contre moi que les lois, mais je les brave; mon or et mon crédit me mettent au-dessus de ces fléaux vulgaires qui ne doivent frapper que le peuple."

Si l'on objectait au duc qu'il existait cependant chez tous les hommes des idées de juste et d'injuste qui ne pouvaient être que le fruit de la nature, puisqu'on les retrouvait également chez tous les peuples et même chez ceux qui n'étaient pas policés, il répondait affirmativement à cela que ces idées n'étaient jamais que relatives, que le plus fort trouvait toujours très juste ce que le plus faible regardait comme injuste, et qu'en les changeant tous deux de place, tous deux en même temps changeaient également de façon de penser; d'ou il concluait qu'il n'y avait de réellement juste que ce qui faisait plaisir et d'injuste que ce qui faisait de la peine; qu'à l'instant où il prenait cent louis dans la poche d'un homme, il faisait une chose très juste pour lui, quoique l'homme volé dût la regarder d'un autre oeil; que toutes ces idées n'étant donc qu'arbitraires, bien fou qui se laisserait enchaîner par elles. C'était par des raisonnements de cette espèce que le duc légitimait tous ses travers, et comme il avait tout l'esprit possible, ses arguments paraissaient décisifs. Modelant donc sa conduite sur sa philosophie, le duc, dès sa plus tendre jeunesse, s'était abandonné sans frein aux égarements les plus honteux et les plus extraordinaires.

Extrait des 120 journées de Sodome.

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15 novembre 2010 1 15 /11 /novembre /2010 19:21

"Je voudrais qu'on adoptât en France un certain usage qui se pratiquait jadis en Asie. Quand un ministre mourait de sa belle mort, ou qu'on lui foutait la gueule en l'air, on couvrait de sa peau le siège de son successeur... Ah! Duchesne mon ami, si l'on adoptait chez nous cette coutume, il faudrait un tanneur au cul des ministres..."

Source: Je m'en f..., ou Pensées de Jean Bart sur les affaires d'Etat, sans lieu ni date (1790).

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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 21:47

MANUEL D’ÉPICTÈTE (50 ? — 130 ?)

Traduit du grec par François Thurot — 1889

1. Des choses les unes dépendent de nous, les autres ne dépendent pas de nous. Ce qui dépend de nous, ce sont nos jugements, nos tendances, nos désirs, nos aversions, en un mot tout ce qui est opération de notre âme ; ce qui ne dépend pas de nous, c’est le corps, la fortune, les témoignages de considération, les charges publiques, en un mot tout ce qui n’est pas opération de notre âme.

2. Ce qui dépend de nous est, de sa nature, libre, sans empêchement, sans contrariété ; ce qui ne dépend pas de nous est inconsistant, esclave, sujet à empêchement, étranger.

3. Souviens-toi donc que si tu regardes comme libre ce qui de sa nature est esclave, et comme étant à toi ce qui est à autrui, tu seras contrarié, tu seras dans le deuil, tu seras troublé, tu t’en prendras et aux dieux et aux hommes ; mais si tu ne regardes comme étant à toi que ce qui est à toi, et si tu regardes comme étant à autrui ce qui, en effet, est à autrui, personne ne te contraindra jamais, personne ne t’empêchera, tu ne t’en prendras à personne, tu n’accuseras personne, tu ne feras absolument rien contre ton gré, personne ne te nuira ; tu n’auras pas d’ennemi[i], car tu ne souffriras rien de nuisible. 4. Aspirant à de si grands biens, songe qu’il ne faut pas te porter mollement à les rechercher, qu’il faut renoncer entièrement à certaines choses et en ajourner d’autres quant à présent. Mais si outre ces biens tu veux encore le pouvoir et la richesse, peut-être n’obtiendras-tu même pas ces avantages parce que tu aspires en même temps aux autres biens, et, en tout cas, ce qu’il y a de certain, c’est que tu manqueras les biens qui peuvent seuls nous procurer la liberté et le bonheur.

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