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20 mai 2013 1 20 /05 /mai /2013 07:34

Ci-dessous un article, non signé,  tiré du journal Le Magasin pittoresque d'octobre 1856.

" Oasis d'Ouergla.

Le 29 janvier 1854, par un soleil magnifique, nous quittâmes la petite oasis d'Ilgouça pour nous diriger sur Ouergla qui n'en est éloigné que de six lieues. Depuis Ilgouça nous étions enfin dans le grand désert: l'aspect de la nature, déjà bien pauvre depuis plusieurs jours, avait encore changé; tout était sable autour de nous; la marche était devenue pénible pour les chevaux qui enfonçaient dans le sable presque jusqu'à mi-jambe, tandis que les chameaux avec leurs gras et larges pieds y laissaient à peine l'empreinte de leurs pas. Nous cheminions de dune en dune, tantôt marchant, tantôt glissant sur leurs pentes mouvantes, lorsque vers dix heures du matin nous aperçûmes tout à coup, dans une atmosphère brûlante, une immense forêt de dattiers qui, par un effet de mirage fréquent dans le désert, semblait se balancer au-dessus d'une belle nappe d'eau resplendissante de lumière: c'était l'oasis d'Ouergla avec ses flaques d'eau salée, son choth (marais, rivage), et son sol couvert d'un sel aussi blanc que la neige. Nous étions alors à deux cents lieues d'Alger, par le 31° degré de latitude nord et le 2° de longitude est.

La ville d'Ouergla, qui se prétend la plus ancienne du désert, occupe le centre de l'oasis. Elle renferme environ sept à huit cents maisons et 7.000 habitants dont la plupart sont de race noire; les habitations sont construites comme celles des Arabes du Tell, mais elles offrent cette particularité que toutes leurs portes d'entrée sont surmontées d'ornements en terre d'un relief grossier et entremêlés de morceaux de faïence coloriés. Les rues, à Ouergla, sont sales et étroites; l'une ds mosquées tombe en ruines sans que les habitants paraissent se soucier de la relever. Il en est de même d'une partie de l'enceinte fortifiée qui est en très-mauvais état. La ville est entourée d'un large fossé que l'on remplit d'eau à volonté; elle a six portes qui communiquent chacune avec l'oasis au moyen d'un pont jeté sur ce fossé. Ces portes sont pour la plupart profondes, garnies à l'intérieur d'énormes blocs autour desquels serpente un chemin, et qui en font un défilé d'un accès difficile. Nous avons représenté ici celle du Sud, dite Baba-Ahmed."

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11 mai 2013 6 11 /05 /mai /2013 00:46

L'article suivant, tiré de la revue Le Magasin pittoresque de septembre 1861 ne parle pas, en dépit de son titre, que des bergers de Kabylie, mais donne d'intéressants renseignements sur l'origine et les moeurs des Kabyles.

Jean-Louis Charvet.

" Les bergers de Kabylie.

"Mon tableau (nous écrit M. Fromentin) n'a pas pour but de représenter un détail caractéristique des mœurs de la Kabylie, pas plus qu'il ne reproduit un endroit déterminé. En montrant un berger qui remonte au lever du jour dans les hauts pâturages, suivant les habitudes matinales des gens de la montagne, j'ai voulu rendre une impression d'heure, de solitude et de lieux élevés, exprimer un certain accord de recueillement et de grandeur entre le site et les allures solitaires de l'homme. Rien de plus."

Mettons à profit toutefois ce tableau, l'un des meilleurs de la dernière exposition, pour noter ici quelques détails sur les mœurs pastorales de la Kabylie.

Remarquons d'abord que la Kabylie n'a point de bergers dans le sens européen du mot. Le Kabyle qui possède des troupeaux mène paître ses bêtes ou les fait mener par un membre de sa famille, à pied ou à cheval. Les bons endroits pour paître sont clairsemés dans l'Atlas; quelquefois, il faut aller loin les trouver dans les monts abrupts, arides, escarpés en précipices. Avant de partir, le Kabyle prépare des provisions: il fait griller à la poêle du blé qu'il réduit en farine entre deux pierres ou bien à la meule de ménage, et met la farine dans un sac en peau de chèvre ou de mouton tannée, teinte en rouge; la couleur du sang est chère aux enfants du Prophète. Quand l'absence doit durer, à cette farine, ou rouîna, il mêle des dattes pétries, et, contre la soif, du beurre. Un sac de moyenne grandeur, en sautoir sur le dos, contient la nourriture de vingt-quatre journées. Des pains ronds et plats, assez semblables à nos galettes, remplacent quelquefois la rouîna. Des dattes et de l'orge grillée, jetées négligemment dans le capuchon du burnous, suffisent au pasteur qui n'a pas à s'éloigner beaucoup. Il n'emporte pas même de chenna, de sac en peau non tannée, goudronné à l'intérieur et sur les coutures, avec les poils en dedans, fermé par une ouverture à patte et renfermant de l'eau de source. La plupart du temps il va pieds nus. Dans la saison des chaleurs torrides (juin, juillet, août), il porte une chaussure appelée torbaga, qui consiste en une semelle de peau de bœuf ou de chameau fixée au pied par cinq ou six ficelles. Pour l'hiver, il y ajoute des bandelettes de vieux burnous enroulées à mi-jambe jusqu'au genou, et ficelées de la même façon.

Sa houlette est un bâton (okkas), arme défensive contre les vipères, les scorpions et les chiens féroces de la montagne. Lorsqu'il amène son cheval aux pâturages, il ajoute aux provisions une part d'orge et de viande pour son compagnon, qu'il aime plus que lui-même. Les Kabyles, race primitive de l'Algérie, ancêtres des Arabes par les Berbères, présentent de singulières analogies avec les anciens Germains et les tribus franques. De même que nos Saliens et nos Ripuaires, ils se divisent en fractions de tribus, réunies entre elles par un lien fédératif. Les dignités et les pouvoirs publics se confèrent en assemblée générale; les élections ont lieu à la fin de l'été, à la mosquée, au marché ou bien au cimetière. Des compensations pécuniaires sont établies pour tous les délits. L'injure verbale se paye un bacita (2fr. 50); un soufflet, deux bacitas; une blessure, cinq bacitas; l'action de coucher en joue sans tirer, vingt bacitas; coup de feu et blessure, cent bacitas. La seule compensation du meurtre est la vendetta. Quand il n'y a pas d'homme dans la famille, la femme kabyle va chercher un vengeur dans une tribu voisine, à prix d'argent, et elle mendie pour payer sa dette. Quand la guerre sainte est prêchée dans la montagne, le Kabyle quitte son troupeau, et le berger devient l'intrépide combattant que nos soldats ont récemment admiré: il ne croit jamais pouvoir demander quartier sans déshonneur."

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9 mai 2013 4 09 /05 /mai /2013 22:50

Les juifs en Algérie. Cet article, tiré du Magasin pittoresque de mai 1871, se prolonge par l'évocation des fiançailles juives.

" Les juifs sont nombreux en Algérie et ils l'ont été de tout temps. Leur religion fut introduite dans ce pays par des émigrants qui, après avoir quitté la Palestine, formèrent d'abord des tribus indépendantes en Arabie, dans l'Hedjaz et l'Yémen, et de là passèrent en Afrique. La plus grande partie des Berbers la professaient au moment de l'invasion musulmane. A l'époque de la conquête française, les Israélites formaient un quart de la population d'Alger, les quatre cinquièmes de celle d'Oran. Le recensement qui fut fait en 1844 de la population des territoires civils constata la présence de 14.694 juifs. Il faut y ajouter ceux qui habitent les territoires administrés militairement dans les villages administrés militairement, tant du Tell que du Sahara: ils sont en bien plus grand nombre.

Quand les Français sont arrivés en Algérie, les juifs ont été les premiers médiateurs entre eux et les indigènes, parmi lesquels ils avaient obtenu depuis longtemps droit de cité, malgré la répugnance que les musulmans leur ont toujours témoignée. Ils sont partout restés interprètes, grâce à la remarquable faculté qu'ils ont d'apprendre toutes les langues, faculté en rapport avec leur merveilleuse aptitude commerciale qui a fait d'eux partout, après comme avant la conquête, les principaux agents de tous les genres de commerce et d'industrie. Depuis la vente des menus objets usuels dans l'échoppe en plein vent jusqu'aux grandes fournitures de l'administration française, il ne se fait guère d'affaire où quelqu'un d'eux ne soit mêlé. Beaucoup sont artisans de divers métiers dans de pauvres boutiques; quelques-uns se livrent au jardinage ou à l'agriculture, tantôt labourant pour leur propre compte, tantôt cultivant de compte à demi pour les Arabes des tribus.

Sous la domination des deys d'Alger, ils n'étaient point inquiétés dans la pratique de leur religion; ils jouissaient même d'une certaine liberté protégée par les lois; on ne pouvait réduire aucun d'eux en esclavage; mais cette protection ne les mettait pas à l'abri des plus indignes traitements, contre lesquels il ne leur était même pas permis de se défendre, car ils ne pouvaient porter aucune arme, pas même un bâton; il leur était interdit de monter à cheval, de porter des vêtements qui ne fussent pas noirs ou blancs. Ils payaient une taxe par tête et un double impôt sur toutes les marchandises qu'ils importaient; et s'il survenait quelque désordre, par exemple aux changements de règne, presque toujours causés par la violence, ils ne manquaient pas d'être les premiers pillés.

L'administration française leur a apporté un régime plus doux: elle leur a reconnu le droit de cité. Un conseiller israélite figure à côté du conseiller musulman et des conseillers européens dans toutes les municipalités algériennes: aussi n'en voit-on pas beaucoup, comme autrefois, émigrer en emportant d'Alger leur fortune toujours menacée. Dans l'intérieur de l'Algérie, ils se sont de tout temps mêlés plus facilement qu'à Alger même aux tribus arabes, dont ils ont adopté les usages, la manière de vivre, avec la souplesse qui caractérise leur race; et ils ont été assez aisément admis par la plupart de ces tribus. Il faut en excepter les Kabyles du versant nord du Jurjura, qui les ont toujours repoussés, parce qu'ils voient en eux des rivaux dans les industries de l'orfèvrerie et du colportage, auxquelles ils sont adonnés.

La race juive, en Algérie, est généralement pure: le teint, chez les femmes surtout, est resté blanc; le nez est aquilin, les cheveux et la barbe noirs, l'œil presque toujours d'une grande beauté; cependant, comme en d'autres pays, à côté de ce type, il en existe un autre d'une remarquable vulgarité d'expression.

La plupart des juifs établis dans les tribus portent le même costume que les indigènes, à de légères différences près. Les hommes remplacent le kheit, ou corde en poil de chameau qui entoure la calotte de drap noir ou rouge, ou de velours vert, servant de coiffure, par un mouchoir ou un turban noir, et les femmes évitent de se tatouer le visage, comme les indigènes, par respect pour la loi mosaïque, qui leur interdit ce genre d'ornement. Dans les grandes villes, quelques Israélites ont commencé à revêtir le costume français; mais eux qui ont opéré cette transformation sont encore en petit nombre. Presque tous portent l'ancien costume, qui se compose pour les hommes de plusieurs vestes et gilets de drap gris ou noir, d'un large pantalon qui s'attache autour des reins au moyen d'une ceinture ordinairement bleue. Les femmes ne sont pas, comme celles des Arabes, sévèrement voilées; elles vont partout le visage découvert. Elles portent sur la tête le sarmal, coiffure conique assez élevée, comme le hennin français du quinzième siècle ou comme le bonnet des Cauchoises. Cette coiffure riche est communément remplacée par un foulard mis en fanchon, dont la pointe retombe sur le cou. Les jeunes filles tressent leurs cheveux en longues queues, auxquelles elles attachent des rubans de couleur vive; elles portent sur le sommet de la tête de petites calottes en velours vert, ornées d'une houppe et de liserés d'or formant les côtes de cette espèce de bonnet grec. Les robes sont amples, sans ceinture et sans manches, ou garnies de manches très-courtes, qui laissent passer celles de la chemise, quelquefois rattachées derrière le dos."

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24 avril 2013 3 24 /04 /avril /2013 13:52

Article tiré de la revue parisienne La Mosaïque de 1837:

Un dîner à Alger.

Le morceau suivant est traduit d'un écrivain anglais (Thomas Campbell) non moins célèbre comme poëte que comme prosateur, et nous avons pensé qu'il pourrait paraître doublement curieux à cause du nom de l'auteur et de la matière dont il traite.

"Les convives, dit-il, étaient le colonel Maret, deux autres Français et moi-même. Notre hôte (Ben Omar, l'ex-bey de Titeri) me fit asseoir sur une ottomane, et après avoir aspiré quelques bouffées d'une longue pipe, il me la transmit tout humide de ses lèvres: c'est la plus grande marque de respect qu'on puisse donner à un étranger. Enfin la table du dîner fut apportée, ou plutôt un large baquet d'étain rond, qui fut placé sur une petite élévation au-dessus du plancher. Au milieu se trouvait un bowl d'excellente soupe au riz, et chacun de nous s'étant accroupi en croisant les jambes sur un coussin fort bas, à la manière des tailleurs, on nous servit la soupe, que nous mangeâmes avec des cuillers de bois. Les assiettes étaient en belle porcelaine anglaise. Chaque convive avait une longue serviette, que notre hôte me dit être de Smyrne. Ensuite vint un grand poisson grillé, délicieusement farci de pouding; on le fit passer à la ronde, et chacun en tira un morceau avec ses doigts et son pouce. Véritablement je jugeai, en goûtant de ce régal, que les Français n'avaient rien à faire pour civiliser la cuisine africaine, et que, quant à ce point, ils pouvaient aussi bien rester chez eux. Ce poisson était si fort à mon goût, que je désirai en avoir une seconde fois; aussitôt l'ex-bey, avec une politesse toute particulière, en prit plein sa main, et me le mit sur mon assiette. Nous eûmes, après cela, des volailles rôties, flanquées de quelques plats de légumes savoureux bien assaisonnés avec de l'huile, et bientôt parut le couscoussou. Nous partagions les poulets en morceaux à la force de la main, mais avec une extrême délicatesse. Cependant mon cœur soupirait de voir les riches légumes nageant dans la sauce, dorés et brillants comme les nuages d'un jour d'été au coucher du soleil. Il n'y avait pas de cuiller, je fus donc obligé de verser une portion de légumes dans mon assiette, et à l'aide d'un morceau de pain et de mes doigts j'en introduisis largement dans ma bouche. Ben Omar, qui se montrait prévenant pour nous tous, et surtout pour son hôte anglais, me pressa fréquemment de manger d'une chose ou d'une autre. Je lui demandai si c'était l'usage, dans la meilleure société de ce pays, de presser ainsi un étranger de manger. "Aucunement, répondit-il, mais je vous recommande seulement mes ragoûts comme l'orgueil de notre cuisine." Le dessert, qui suivit immédiatement le dîner, présentait une grande variété de fruits naturels et confits. Nous avions maintenant des cuillers d'écaille de tortue avec des manches faits de dents de cheval marin ou d'ivoire, et ornés d'un bout en ambre. La porcelaine était très-riche, et Ben Omar me dit, à ma grande surprise, qu'elle venait toute d'Angleterre, comme les assiettes du dîner. Après avoir lavé nos mains, nous eûmes les pipes et le café, que l'on servit dans des coupes d'argent qui ne le cèdent pas à celles d'Angleterre. Nous restâmes à causer jusqu'à dix heures. Je n'ai pas besoin de vous dire que nous n'eûmes de vin ni pendant le dîner, ni ensuite, et vous savez que l'absence de ce comfort dispose un esprit anglais à la rêverie après un bon repas."

 

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26 mars 2013 2 26 /03 /mars /2013 01:52

Epidémie de rougeole à Oran en 1887-1888.

En avril 1888, l'Association pour l'avancement des sciences se réunit en congrès à Oran. Les actes de ce congrès furent publiés la même année à Paris. On y trouve de nombreux textes intéressants sur l'Algérie de l'époque, abordant des sujets qu'on trouve rarement dans les livres "classiques" sur ce pays. Je donne ci-dessous celui relatif à une épidémie de rougeole.

Jean-Louis Charvet.

 

"Relations graphiques sur l'épidémie de rougeole qui a sévi à Oran du 1° octobre 1887 au 15 mars 1888.

M Monguillem (d'Oran) présente, sous la forme de graphiques accompagnés de leurs légendes, jour par jour pendant toute sa durée, la relation d'une épidémie de rougeole. L'affection rubéolique est présentée, par la mortalité, dans ses rapports avec les agents généraux qui peuvent devenir, par leur influence, de véritables facteurs. Les divers graphiques sont consacrés à la barométrie et thermométrie; à la comparaison de la mortalité générale avec la mortalité rubéolique; à la répartition par âges; à la répartition par sexes; à la répartition par nationalités; à l'état du ciel, etc...

Pour établir ces diverses relations, l’état civil a fourni à l’auteur les documents officiels et il doit à la bienveillance du Dr Vincent, médecin en chef de l’hôpital militaire, les données météorologiques qui y sont jointes.

L’origine de cette épidémie et les causes de la mortalité n’ont présenté à l’examen rien d’anormal.

Discussion. M. CROS: D’après le graphique, on voit que la population espagnole a été la plus frappée: cela n’est pas surprenant, attendu que c’est la plus misérable de la ville. J’ai même vu en ville des cas de rougeole ambulante. La garnison n’a pas été atteinte. Les enfants français ont fourni un très petit nombre de cas.

M. Hublé. A l’appui de la remarque de M. Cros, je tiens à dire à quelles difficultés je me suis heurté, dans mon rôle de médecin de colonisation à Lalla-Marnia, lorsque j’ai voulu faire prendre, l’hiver dernier, les mesures ordonnées par l’hygiène la moins rigoureuse. Dans ce village de neuf cents habitants, j’ai assisté, aux mois de novembre et décembre 1887, à une épidémie de rougeole qui a frappé plus de cent vingt enfants âgés de un à quinze ans; eh! bien, jamais, au cours de cette épidémie, je n’ai pu obtenir l’isolement des malades ou des convalescents. Non seulement cette population, espagnole ou israélite, pauvre, sale, négligente, est bien peu soucieuse des règles de l’hygiène, mais encore les parents, pour se débarrasser au plus tôt de leurs enfants, les envoyaient dehors jouer avec les autres, en dépit de toutes mes prescriptions, ou même les renvoyaient à l’école communale le dixième jour, parfois le cinquième ou le sixième jour de leur maladie! Quant aux désinfections, ce n’est que dans deux circonstances graves, et encore à grand’peine, avec l’appui de l’autorité et sous la surveillance du garde champêtre, que j’ai pu les faire exécuter; il s’agissait de deux cas de diphtérie toxique. »

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26 mars 2013 2 26 /03 /mars /2013 01:51

Nourrissons français en Algérie.

En avril 1888, l'Association pour l'avancement des sciences se réunit en congrès à Oran. Les actes de ce congrès furent publiés la même année à Paris. On y trouve de nombreux textes intéressants sur l'Algérie de l'époque, abordant des sujets qu'on trouve rarement dans les livres "classiques" sur ce pays. Je donne ci-dessous celui relatif aux nourrices.

Jean-Louis Charvet.

 

"M. Théophile Roussel, membre de l'Académie de Médecine, à Paris.

De l'application aux nourrissons français en Algérie de la loi de protection des enfants du premier âge.

M. Roussel expose que, au milieu du développement remarquable de la colonisation française et des résultats obtenus au point de vue de l'acclimatement de notre race en Algérie, il reste encore un fait incontestable et qui réclame la sollicitude du pouvoir public: l'infériorité de la population de sang français sur les populations originaires du midi de l'Europe, au point de vue de la natalité, tandis que la mortalité, et, en particulier, celle des enfants du premier âge, reste plus considérable. L'application de la loi du 23 décembre 1874 est au premier rang des mesures que cette situation réclame. Quoique la loi soit promulguée en Algérie depuis 1877, elle n'y est appliquée que dans les principaux centres de population et d'une façon très incomplète. Les résultats obtenus et dont l'auteur présente un résumé prouvent, déjà, l'efficacité de la loi pour diminuer la mortalité excessive des nourrissons et démontrent la nécessité d'une application plus générale et plus exacte. L'auteur demande que les médecins de colonisation soient appelés à concourir à l'exécution de la loi et que, dans les trois départements, l'Administration procède à l'organisation de l'inspection médicale des enfants du premier âge.

L'expérience ayant démontré la nécessité, pour assurer la mise en pratique de la loi, de l'application des sanctions pénales de cette loi aux nourrices et aux agents de placement qui commettent des infractions aux prescriptions légales, l'auteur demande que l'Administration algérienne, qui vient de manifester le désir de constituer sérieusement la protection des enfants du premier âge, réclame et obtienne le concours des parquets.

L'auteur fait remarquer qu'il a évité de produire devant la Société les chiffres les plus favorables qui lui ont été communiqués sur les effets de la loi déjà obtenus en Algérie, parce que ces chiffres ne lui ont pas paru établis sur des bases suffisamment exactes. Il indique les améliorations indispensables à apporter dans ces relevés numériques, afin que la statistique puisse servir en Algérie, comme elle l'a fait dans un assez grand nombre de départements français, à établir les bienfaits de la loi et à en mesurer les progrès.

Discussion. M. MONDOT: Chez nous, on envoie fort peu les nourrissons dans les campagnes auprès de nourrices mercenaires, parce que les conditions de ces nourrices mercenaires en campagne sont des plus misérables et qu'on serait assuré à l'avance de confier en de très mauvaises mains son enfant.

Les nourrices mercenaires en ville sont, ou des Juives, ou des Espagnoles, sauf quelques très rares Françaises. Les Juives n'allaitent guère d'autres enfants que les Israélites. Quant aux Espagnoles, assez pauvres en général, elles font tout pour que l'application de la loi soit impossible. Où le médecin irait-il les visiter? Elles habitent dans des rues sans nom, à une maison sans numéro; et, dans la maison, vrai dédale, vivent l'un sur l'autre quarante ménages ou plus: tout ce monde-là, criblé d'enfants, déménageant à tout instant sans que personne s'occupe de savoir la nouvelle adresse. Un médecin a beau être dévoué, quand il s'est perdu un certain nombre de fois dans ces impasses, quand il a heurté sans succès à toutes les portes, interrogé chacun sans résultat, il se lasse et renonce à l'accomplissement d'une besogne impossible.

M. ROUSSEL. Ne croyez pas qu'en France les difficultés dont vous parlez ne se sont pas présentées, mais on ne s'est pas laissé désarmer et l'on a lutté, avec ou sans succès, en s'aidant de tous les auxiliaires possibles, en particulier dans les campagnes, du garde champêtre. Dans mon département, au début, on croyait que l'industrie nourricière n'existait pas; puis on s'est aperçu qu'il y avait, non pas une vingtaine de nourrissons étrangers (au département), mais près de deux cents. Partout on découvre ainsi plus qu'on ne le supposait.

M. MONDOT. Que voulez-vous que nous fassions tous seuls? Il nous faudrait, comme vous le souhaitez, un concours très actif de la police qui nous prépare les voies et nous facilite la surveillance. Sinon, comme nous ne pouvons pas être toujours à la piste des gens que nous avons à visiter, il nous est impossible de rien faire d'utile.

Un fait qui m'est arrivé récemment montre combien l'attention administrative fait défaut dans toutes ces questions. Une fille vient me demander un certificat attestant qu'elle est apte à se placer comme nourrice; elle présentait une éruption de roséole syphilitique et je la renvoyai, comme vous pensez. En ma qualité de médecin, je n'avais pas davantage à faire et c'était l'Administration peut-être qui devait s'émouvoir que cette fille n'apportât pas le certificat qu'elle était venue chercher. Malgré le défaut de certificat, cette femme fut acceptée comme nourrice, contagionna son nourrisson, et, par ricochet, la mère de ce dernier.

Plus tard, elle fut renvoyée et alla porter dans une autre famille la maladie à un enfant et à la grand-mère du petit, pendant que la famille, primitivement syphilisée, faisait venir une seconde nourrice, qui prenait le mal à son tour, etc...

J'assistai en partie à toutes ces contagions en pur témoin, sans pouvoir rien empêcher, tous mes conseils étaient repoussés. Quelle action énergique avais-je le droit, moi médecin, d'exercer? Aucune. Je pense, comme M. Roussel, qu'il y a sans doute énormément à faire, mais qu'il faut d'abord stimuler le zèle des autorités, sans lequel tout notre dévouement reste lettre morte.

M. Fabriès. Je m'associe pleinement aux réclamations formulées par mon confrère et j'ajoute qu'effectivement, dans ma circonscription, il ne faut point compter de nourrices françaises, sur lesqelles nous aurions sûrement plus de prise. Il n'y a pas une nourrice française sur cent espagnoles.

M. Roussel. Je répète qu'en France il s'est produit, et il se produit encore, de nombreuses difficultés qui entravent le bon fonctionnement de la loi. Mais il existe, à côté du préfet, cet agent de l'autorité que vous réclamez, c'est l'inspecteur départemental des Enfants assistés qui est chargé du service de la protection des enfants du premier âge. C'est lui qui peut vous venir en aide.

Quant aux nourrices, il y a peu de Françaises, sans doute. Mais les races du midi, plus avancées en fait d'acclimatement, peuvent y suppléer. Et les Juives ne peuvent-elles pas être bonnes nourrices? J'en ai vu d'excellentes à Constantine; à Philippeville, on trouve des Maltaises irréprochables."  

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22 mars 2013 5 22 /03 /mars /2013 20:18

La situation sanitaire à Bugeaud et à Herbillon (Algérie) en 1888.

En avril 1888, l'Association pour l'avancement des sciences se réunit en congrès à Oran. Les actes de ce congrès furent publiés la même année à Paris. On y trouve de nombreux textes intéressants sur l'Algérie de l'époque. Je donne ci-dessous celui rédigé par M. Milliot, médecin de colonisation, à Bugeaud.

Jean-Louis Charvet.

 

"M. Milliot résume ainsi son travail:

1°. La circonscription médicale de Bugeaud, composée de Bugeaud créé en 1851 et d'Herbillon créé en 1870, doit être mise au nombre de celles des plus saines de l'Algérie, grâce à l'altitude à laquelle se trouve Bugeaud et le bord de la mer sur lequel est situé Herbillon.

2°. La statistique médicale démontre que certaines maladies essentiellement funestes par leur caractère épidémique, telles que la fièvre typhoïde, le croup et la diphtérie, n'y ont pas été, jusqu'à présent, constatées par lui.

3°. Situé à 857 mètres au-dessus du niveau de la mer et jouissant de la réputation d'être un pays très salubre, Bugeaud est devenu, depuis quelque temps, le rendez-vous, pendant la saison d'été, des malades de Bône et de la vallée de la Seybouse, notamment des impaludés.

4°. Il est actuellement acquis que la création de ces deux centres a été, au point de vue de la colonisation, une erreur de temps. Aujourd'hui que nous sommes arrivés à cette notion économique que le colon algérien agriculteur a besoin, pour prospérer et se créer un avenir, de trente hectares, au moins, de terrain, il est regrettable de constater que les colons de Bugeaud ont en moyenne trois hectares et demi et ceux d'Herbillon, en moyenne sept hectares. De là, la gêne et l'impossibilité, pour les colons de ces centres, de lutter comme ils pourraient le faire étant aisés, contre les variations du climat et les maladies, telles que le rhumatisme et la fièvre paludéenne.

5°. L'organisation de la médecine de colonisation est loin d'être une œuvre achevée. Placé entre trois pouvoirs, qui sont l'administration, la municipalité et les colons, il faut au médecin de colonisation beaucoup de tact et de savoir pour accomplir sa mission spéciale, à savoir: celle de faire de la médecine et de la chirurgie d'urgence, et sa mission générale: colonisatrice auprès des colons et civilisatrice auprès des indigènes."

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22 mars 2013 5 22 /03 /mars /2013 20:17

La confrérie des Derkaoua en Algérie.

En avril 1888, l'Association pour l'avancement des sciences se réunit en congrès à Oran. Les actes de ce congrès furent publiés la même année à Paris. On y trouve de nombreux textes intéressants sur l'Algérie de l'époque. Je donne ci-dessous celui rédigé par M. I. Darmon, interprète judiciaire à Oran, relatif à une confrérie musulmane.

Jean-Louis Charvet.

 

"Le directeur spirituel de la secte des "Derkaoua", Sidi Moulay-Elârbi, est né à Fez (Maroc), en l'an 1150 de l'hégire (1737 de l'ère chrétienne). Le village où il a été élevé se nomme Derka, d'où la secte a tiré son nom.

Il paraît probable que les Deraoua tirent leur origine de Moulay-Elârbi. Cette secte a presque disparu aujourd'hui, quoiqu'il existe encore quelques Zaouyas dans certaines localités de l'Algérie, la Tunisie, la Tripolitaine et le Maroc.

Les principes de la confrérie des Derkaouas reposent avant tout sur l'invocation incessante de Dieu, de l'humilité qu'on lui doit, de la conduite pleine de justice et de droiture envers autrui, de l'accomplissement des devoirs et des engagements. User de bonne foi envers ses semblables, quelles que soient leur origine ou leur religion, obéir absolument aux autorités investies, telles étaient les recommandations des chefs de la doctrine.

On raconte qu'au moment de la conquête de l'Algérie, un des adeptes influents de la secte avait conseillé aux membres de la confrérie de rester dans le pays et de ne point émigrer. Il ne se lassait pas de dire que la population indigène, en général, devait applaudir à l'arrivée des Français en Algérie, à cause des injustices et des exactions qui se commettaient  dans ce pays.

On rapporte que les membres de cette confrérie se séparèrent, il y a cinquante années environ, et formèrent nombre de sectes. Des réformes et de profondes altérations furent apportées dans l'organisation de la confrérie des Derkaoua, dont il ne reste que le nom."

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19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 22:29

L’incurie du gouvernement français dans la colonisation de l’Algérie (1892).

Dans le numéro de mars-avril 1892 de la Nouvelle Revue paraissait un article sur l’élevage des autruches en Algérie ; bien involontairement, ces intéressants volatiles fournissaient aux modistes des plumes qui ornaient les chapeaux des belles dames de cette époque. Je ne crois pas indispensable de reproduire cet article en entier ; mais son introduction est intéressante : l’auteur y déplorait en effet l’inertie des pouvoirs publics français à l’égard de la colonisation de l’Algérie.

Jean-Louis Charvet.

 

A la fin de 1891, le budget de l'Algérie a été voté comme toujours presque sans contestation, on pourrait ajouter sans examen sérieux. Il faut le constater avec regret.

M. Hérail, conseiller honoraire de la préfecture d'Alger, et peut-être, à l'heure actuelle, le plus ancien représentant de l'administration française en ce pays, disait dernièrement: "On est en droit de s'étonner qu'en présence des éléments de succès qui lui sont offerts, la colonisation, dans ces contrées bénies, n'ait fait que de lents progrès, et que sur plusieurs points elle soit encore nulle."

Ce fait est indéniable, et il faut attribuer le manque d'enthousiasme du Français pour la colonisation, non seulement aux habitudes tracassières et routinières d'une administration qui semble avoir pris à tâche d'entraver les bonnes volontés; mais aussi, il faut le dire, au peu de connaissances qu'on possède, en France, des ressources de l'Algérie.

Le gouvernement français ne fait rien pour appeler l'immigration française. C'est cependant une tâche qui devrait lui incomber, ne serait-ce que pour ne pas laisser notre colonie livrée aux immigrants étrangers qui, Espagnols ou Italiens, plus rapprochés du pays et en connaissant mieux les ressources, y affluent. Le malheur est qu'ils apportent les vices et les défauts de leur pays d'origine, sans en garder toujours les qualités.

Le nouveau gouverneur l'a compris. Aussi on ne saurait trop le féliciter de sa récente tentative de colonisation maritime; c'était une entreprise attendue et réclamée depuis longtemps et que les lecteurs de la Nouvelle Revue connaissent par l'étude publiée ici même sur les pêcheurs de corail du 1° décembre 1890.

Sur le budget algérien, une somme devait être affectée à la propagation, en France, de la connaissance des ressources de l'Algérie. Ces Français qui les premiers ont créé, sur les côtes barbaresques, des comptoirs, des stations, etc., alors qu'à ce métier on jouait sa tête, aujourd'hui que les mêmes risques n'existent plus, iraient volontiers gaigner, comme disait le Normand de jadis.

Il y a plus de dix ans, qu'on pouvait déjà lire dans le Moniteur de l'Algérie:

 

"On est étrangement surpris de voir que l'épargne française s'en va grossir la dette flottante ou consolidée des pays orientaux, des Républiques américaines et des contrées lointaines régies par le bon plaisir, ou livrées à une anarchie permanente, alors que la France possède, à quelques heures de Marseille, le pays le plus merveilleux du monde, le plus beau climat du globe, dont la plupart des Français, il faut bien le reconnaître, ignorent l'existence.

Durant les vingt dernières années, le climat de l'Algérie a subi des modifications qui font, de ce pays, le bijou le plus agréable et le plus salubre, mais encore la contrée la plus riche des bords de la Méditerranée; qui appelle le génie de l'homme, du travailleur, pour sortir du long sommeil léthargique où la domination musulmane l'avait plongé.

Les capitaux trouveraient en Algérie des débouchés sérieux, un vaste champ à féconder, et si on voulait étudier les ressources immenses de cette colonie, ce n'est pas par millions, mais par milliards qu'on chiffrerait immédiatement les résultats des opérations assurant aux capitaux un revenu certain, sous la protection de nos lois.

 

...

G. Sénéchal.

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19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 19:02

Le docteur Maillot, bienfaiteur de l'Algérie.

Du tome 104 (janvier-février 1897) de La Nouvelle Revue, je tire le texte suivant, consacré au docteur Maillot, et à son action bienfaisante dans les premières années de la colonisation française en Algérie.

Jean-Louis Charvet.

 

"Alger.

La justice de l'histoire vient enfin d'avoir son heure pour le docteur Maillot, le bienfaiteur de l'Algérie.

Quand il fut envoyé à Bône comme médecin militaire en 1834, la situation sanitaire de la ville et de la garnison était déplorable: la fièvre régnait en souveraine au pied de l'Edoug: on ne voyait que colons et soldats, les yeux caves, le teint jaune, le corps amaigri, agité d'un tremblement incessant; et, pour combattre le microbe paludéen, les médecins d'alors ne connaissaient que la diète, les purgatifs et les saignées qui réduisaient bientôt le malade à la cachexie et finissaient par le tuer. Les vallées de la Boudjema et de la Seybouse n'étaient pas seules à dégager les miasmes délétères. Presque toute l'Algérie passait pour malsaine, meurtrière. Un général déclarait que "les cimetières étaient les seules colonies fleurissantes de l'Algérie". Dès son arrivée à l'hôpital, le docteur Maillot eut l'idée d'employer à hautes doses le sulfate de quinine, précieuse découverte de deux pharmaciens-chimistes, Pelletier et Caventou. Il eut à lutter non seulement contre les préjugés de ses collègues, mais aussi contre la répugnance des malades à prendre ce sel si amer. Plus d'une fois, pour faire avaler à un de ses hommes la drogue qui devait le sauver, le jeune major fut obligé de la partager avec lui. Son dévouement et son esprit d'initiative obtinrent un résultat inespéré: le taux de mortalité tomba brusquement de 1 sur 3 à 1 sur 20. La thérapeutique nouvelle se répandit: l'armée cessa d'être décimée par la malaria et les villages européens s'élevèrent florissants dans les vallées fécondes que l'incurie des Arabes avait laissés se transformer en marais pestilentiels.

La récompense de ces services éminents fut pourtant lente à venir. Ce n'est qu'en 1888 que le parlement vota au docteur Maillot une récompense nationale demandée six ans auparavant par un député d'Alger, M. Letellier. Mais, à partir de ce moment, la longue injustice fut réparée. On donna le nom de Maillot à un village du département d'Alger, puis à une salle de l'hôpital civil. Enfin, cette année, un triple honneur a été rendu à la mémoire du propagateur de la quinine. Sa ville natale, Briey en Lorraine, lui a élevé une statue, et le général Billot, ministre de la guerre, a présidé lui-même l'inauguration du monument; puis un buste en bronze, dû à une souscription algérienne et au ciseau de notre compatriote, M. Falconis, a été érigé à Alger, près la porte Bab-Azoun, non loin de la statue du maréchal Bugeaud, l'organisateur de la conquête; plus récemment, un autre buste a été placé solennellement dans une salle de l'hôpital de Mustapha, en présence du corps médical, d'invités et de malades, dont beaucoup devront leur guérison à l'idée géniale, au courage et à la ténacité de l'ancien médecin-major de Bône.

L'hommage est tardif, mais il est éclatant.

Armand Mesplé."

 

Voir sur ce médecin exemplaire:

  http://www.ccpb54.fr/pdf/maillot.pdf

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