Un hommage à Louis Malbos (1911-1984).
L'astrado, revue bilingue de Provence, a consacré entièrement son numéro 46 (mai 2011) à Louis Malbos. Ce nom est bien connu de tous les Provençaux qui s'intéressent à la culture, à l'art, à la langue de leur pays, et plus particulièrement des Aixois. Si, en effet, Louis Malbos naquit le 25 novembre 1911 à Marseille, Aix devint, avec Vers, sa véritable patrie dans les années 1930. Auteur d'une thèse sur le triptyque du Buisson ardent, conservé à la cathédrale Saint-Sauveur, professeur durant quelques années, il fut nommé après la dernière guerre adjoint du conservateur de la bibliothèque Méjanes, puis, en 1947, conservateur du musée Granet, fonction qu'il exerça jusqu'à son admission à la retraite, en 1980. Il mourut à l’âge de soixante-douze ans, le 17 mai 1984.
J'ai eu le plaisir de le connaître (trop peu) dans les dernières années de sa vie et de profiter de sa riche culture, qu'il prodiguait avec désintéressement au sein de l'Escolo de Lar, à Aix.
Comme conservateur du musée Granet, Louis Malbos organisa notamment une exposition d’œuvres d’Auguste Chabaud (1882-1955) en 1949, une remarquable exposition Cézanne en 1953 (voir sur cette exposition la page internet de la galerie Alain Paire à Aix).
Le numéro de Lastrado, particulièrement important tant par son volume (204 pages) que par la qualité de son contenu (dont de nombreuses photos du studio Ely d‘Aix, une notamment, superbe, représentant sa mère en costume traditionnel), ce numéro, dis-je, décrit les diverses facettes de l’homme, la grande variété de ses centres d’intérêt et de son œuvre. Malbos n’était pas en effet qu’un conservateur de musée, il fut également enseignant, poète, et un grand défenseur et illustrateur de la langue et de la culture provençales (en particulier comme âme de l‘Escolo de Lar).
De nombreux textes de Malbos, en provençal ou en français, permettent d’apprécier cette polyvalence; parmi eux, un article sur le Roi René, un autre sur François-Marius Granet, un sur le combat qu’il mena contre l’implantation de l’armée sur le plateau de Canjuers (Var), entre 1965 et 1968, des poèmes.
Dans un article intitulé « Louis Malbos: de la polyvalence à la polyphonie à l’harmonie », Emmanuel Desiles (Université de Provence) montre la richesse de l’œuvre de Malbos qui, comme Frédéric Mistral, menait, par ses écrits, en prose ou en vers, un véritable combat pour faire revivre et perdurer l’histoire, la culture, la beauté de sa patrie, menacées par l’évolution de la société, la cupidité, l’indifférence ou la démission de ses élites.
Roger Klotz étudie le poème de Malbos intitulé « Lou coumpagnoun dou Tour de Franço au Pont dou Gard », publié en 1984 dans le « Cansounié di dos man dou Rose », recueil posthume. Le pont du Gard et ses environs avaient une importance toute particulière pour Malbos, qui écrivit: « Le village où sont mes racines profondes, qui sera souvent évoqué dans mes chansons, est, depuis de longues générations, celui de ma famille paternelle: la commune de Vers (Gard)... Les Malbos, jadis viguiers de Vers et très souvent consuls de la communauté, y ont été, à partir de la Révolution et jusqu’à mon grand-père inclusivement, paysans et tailleurs de pierre. Je n’ai ambitionné, comme poète dans notre langue et conservateur de musée bâtisseur, que de continuer, à ma manière, leurs métiers. » Toute la personnalité de Louis Malbos, sensible, opiniâtre dans un combat semblant désespéré, est dans ces lignes.
Un article de Max Juvénal, intitulé « La place de Louis Malbos », se termine par ce vœu, que je fais mien: « Quand les Aixois passent par la belle place en esplanade devant Saint-Jean-de-Malte et le musée Granet, ils remarquent qu’elle n’a pas de nom. Tous ceux qui, comme nous, savent la place qu’il occupa à Aix se demandent s’il ne serait pas justifié de l’appeler place Louis-Malbos. »
Jean-Louis Charvet.
