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17 novembre 2013 7 17 /11 /novembre /2013 02:29

CP-GUERRE-ORIENT-001-A-DETAIL.jpg

 

Sur le navire Marceau, voir (pour commencer):

  http://fr.wikipedia.org/wiki/Marceau_(cuirass%C3%A9)

 

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30 octobre 2013 3 30 /10 /octobre /2013 23:14

Le mot harem évoque encore aujourd’hui un lieu empli de femmes soumises aux caprices du Sultan ottoman, occupées à de sombres intrigues, gardées par de malheureux et farouches eunuques. Rares sont les descriptions authentiques de ces lieux, qui n’étaient, comme le gynécée grec, que la partie d’une maison ou d’un palais réservée aux femmes.

Si l’on veut savoir ce qui s’y passait réellement, il faut lire le livre suivant :

Leïla Hanoum. Le harem impérial et les sultanes au XIX° siècle. Souvenirs intimes adaptés en français par son fils Youssouf Razi. Préface de Claude Farrère. Paris. Calmann-Lévy, éditeurs. 1925.

J’en donne ci-dessous deux extraits, consacrés à la musique et à la danse au palais impérial, en précisant que l’auteur, fille du médecin personnel de l’Empereur, médecin mais aussi homme d’Etat de premier plan,  y résida plusieurs années.

 P 24 et s.

LA MUSIQUE ET LA DANSE AU SERAIL.

I. LA CLASSE DE MUSIQUE ET DE DANSE AU HAREM IMPERIAL.

Aux palais de Tchéragan et de Dolma-Bagtché, la partie du rez-de-chaussée située du côté des appartements des hommes était affectée à la classe de musique. Les professeurs étaient des hommes. Les calfas musiciennes y venaient avec leur toilette de tous les jours, en jetant seulement sur leur têtez deux carrés de yachmak (gaze), qu'elles ramassaient par derrière et épinglaient à leur coiffure, en rejetant les deux bouts sur leurs épaules ou dans leur dos. Les danseuses y venaient sans aucun voile; il était permis, paraît-il, aux esclaves de se montrer aux hommes sans être voilées.

Les eunuques qui conduisaient les professeurs et les filles de service qui accompagnaient les musiciennes et les danseuses assistaient toujours à la leçon.

L'orchestre de musique occidentale et la fanfare faisaient des exercices d'ensemble deux fois par semaine, celui de la musique turque une fois seulement; on chômait toujours le vendredi, qui est le jour de repos des musulmans.

Pour les leçons de danse, il y avait une salle spéciale; mais, les jours de répétition générale, le corps de ballet et l'orchestre étaient réunis dans le grand vestibule de gala, où se donnaient les grandes fêtes.

On enseignait la musique occidentale avec des notes et la musique turque sans note, comme cela se fait toujours, seulement par l'ouïe.

Il y avait aussi autrefois un orchestre arabe, qui avait été offert par le prince Abbas d'Egypte à la Sultane-Validé Bezmi-Aalem, mère du sultan Abdul-Médjid; il se composait d'une lyre, d'une oute (luth), d'un canoun (sorte de cithare) et de deux tambours de basque dont les joueuses accompagnaient l'orchestre comme chanteuses. Ces musiciennes ne prenaient pas de leçons. Je n'ai pu connaître qu'une seule d'entre elles, une chanteuse nommée Zéïneb. C'était une fille d'Abyssinie ayant une très belle voix; elle fut l'élève des maîtres célèbres Hadji Faïk et Hadji Aarif et fut admise plus tard à l'orchestre impérial. J'ai rencontré Zéïneb au palais de Muniré Sultane; c'était une fille sprituelle et agréable. Elle servit aussi de chanteuse au sultan Abdul-Aziz et vieillit à son service, mais sa voix resta toujours fraîche et puissante jusqu'à sa mort.

Parmi les professeurs de musique occidentale du Sérail je n'ai connu que Nédjib pacha et Kadry bey. Nédjib pacha a beaucoup de compositions dans la musique occidentale aussi bien que dans la musique turque; il venait chez mon père et je me le rappelle fort bien. Au Sérail, il venait à la classe de musique surtout les jours de répétition. Il paraît que Donizetti pacha, frère du célèbre compositeur italien et lui-même musicien de talent, y venait aussi, mais je ne l'ai jamais rencontré.

Parmi les maîtres de la musique turque, j'ai rencontré et connu Hâchim bey, Faïk bey, Rifatte bey, mon illustre et regretté maître Médéni Aziz effendi, Hadji Aarif bey, santouni Ismette agha, kanouni Edhem effendi; je ne connais pas les autres.

Tous les groupes de musiciennes et les orchestres féminins du Harem impérial étaient parfaits. Les musiciennes du Sérail jouaient aussi bien que les hommes de l'orchestre impérial, qui était remarquable.

Dans la fête qui fut donnée à l'occasion de la naissance du prince Vahideddine (Mahomet VI), fils du sultan Abdul-Médjid, l'orchestre du Harem et l'orchestre du Sultan jouèrent tous deux, à tour de rôle; les hommes étaient dans le jardin, devant la porte et les filles à l'intérieur, près de la porte du jardin, derrière un paravent. Les musiciennes de l'orchestre du Harem étaient curieuses de savoir ce que leurs confrères masculins pensaient de leur jeu; pour se renseigner à ce sujet, elles nous chargèrent, nous les petites, d'aller de l'autre côté du paravent écouter un peu ce qui se disait chez les hommes. Nous nous acquittâmes discrètement de notre mission et, sans avoir l'air d'y prêter attention, nous pûmes entendre ces messieurs qui disaient: "Comment ces femmes peuvent-elles si bien jouer? Elles jouent presque mieux que nous!" Cette réflexion tant soit peu prétentieuse, était cependant un hommage rendu au talent des musiciennes du Harem. Nous nous empressâmes de leur en faire part et elles en furent très flattées. Elles jouèrent d'ailleurs ce soir-là d'une façon tout à fait remarquable, notamment des airs de Guillaume Tell et de la Traviata, qui étaient alors les opéras à la mode à Constantinople.

L'orchestre du Harem exécutait également à la perfection les morceaux de musique turque. On ne pouvait se lasser de l'écouter.

...

 

P 190 et s.

Les musiciennes du Harem impérial portent à cette fête (celle du Baïram) la petite tenue: pantalon de drap bleu foncé à lisière rouge, tunique semblable, fez avec férahi. Une soixantaine d'exécutantes se rangent d'un côté du vestibule, préparent leurs partitions et sont attentives au bâton de leur chef d'orchestre. Dans cet orchestre, le violoncelle et la contrebasse sont les mêmes que ceux de la fanfare. Ces filles fines et intelligentes savent jouer d'ailleurs chacune de plusieurs instruments.

La soirée commence par l'exécution de quelques morceaux d'opéra, puis viennent les danses diverses exécutées par les danseuses du corps de ballet, les plus grandes remplissant les rôles de cavaliers, toutes étant costumées selon la nature de la danse. On assiste ainsi à des pas écossais, à des danses espagnoles accompagnées de castagnettes, à des ballets et des pantomimes à l'européenne, à des danses turques, qui sont toutes exécutées à la perfection.

Dans les intervalles, des rafraîchissements, des fruits sont servis aux princesses par des filles richement habillées, ayant leur hotoz de gaze sur la tête, et leurs bijoux, la traîne de leur jupe étant relevée et passée dans les plis du cachemire qui leur entoure la taille.

Ces fêtes musicales et dansantes du Harem impérial étaient vraiment belles et avaient un charme spécial. Les bals des sociétés étrangères ne peuvent en donner aucune idée; c'est une vision tout à fait différente. Parmi nos contemporaines, il reste bien peu de personnes qui aient vu ces brillantes fêtes; on n'en verra certainement plus de semblables dans l'avenir.

 

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23 septembre 2013 1 23 /09 /septembre /2013 18:17

CONSTANTINOPLE-GALATA-ET-CORNE-D-OR-1918.jpg

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20 septembre 2013 5 20 /09 /septembre /2013 23:33

Photos extraites du livre En Turquie, d'Albert Gabriel, Hartmann éditeur. (Copyright de 1953, achevé d'imprimer de 1962). J'ai recadré légèrement certaines photos.

 

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18 septembre 2013 3 18 /09 /septembre /2013 00:42

Le texte qui suit est extrait du journal Le Musée des familles de janvier 1834 (l’article était illustré d’une gravure représentant une maison turque traditionnelle). Par moments un peu confus, il a le mérite de présenter l’idéal de vie d’Alphonse Karr, une vie tranquille au milieu d’un jardin ; cet idéal, il le retrouvait dans les mœurs traditionnelles des Turcs, dont il déplorait l’évolution à l’européenne. Il est à noter que la villa de Karr, à Saint Raphaël, s’appelait « Maison close »…

Jean-Louis Charvet.

P.S. J’ai conservé la ponctuation et l’orthographe d’origine du texte.

 

«  La maison turque, par Alphonse Karr.

Rien ne me rend envieux comme la vue d'une maison aussi bien fermée, dont les habitans vivent d'une vie close qui ne dépasse pas, même par le désir, l'enceinte circonscrite de ses murailles.

Cette maison, pour ses hôtes, renferme le passé, l'avenir, et les douces affections. Chaque meuble est un monument où sont inscrits bien des souvenirs d'enfance, des souvenirs de joies et d'autres de chagrins. Mais la mémoire est une si belle chose, que les souvenirs ont aussi leur charme - le souvenir a ses peines comme l'espérance - c'est l'éloignement.

Certes, c'est un grand et inappréciable bonheur qu'une vie resserrée. On n'a pas à se diviser en menues fractions; on se donne entier à quelques affections; et, cette large part d'affection qu'on accorde à quelques amis, on la peut attendre d'eux.

Il n'appartient qu'à l'homme qui a beaucoup vécu, je ne compte ni par les années ni par les heures, mais par les sensations; il n'appartient qu'à l'homme qui a beaucoup vécu, dont les désirs, les rêves, les illusions, sont tombées comme les roses sous le vent, une à une, feuille à feuille, de comprendre qu'il n'a dans l'univers que l'importance d'un brin d'herbe ou d'une goutte d'eau; soumis qu'il doit être aux décompositions et aux transformations successives de tout ce qui est. Pour l'homme qui n'est pas arrivé à ce point de philosophie, et beaucoup n'y arrivent jamais, il veut se faire centre de tout; il croit que le ciel, la terre, les étoiles, que tout a été créé pour lui; que les autres hommes n'existent que pour lui. En partant de ces idées, l'homme ne rencontre que désappointemens plus cruels les uns que les autres.

Dans la vie close, au contraire, en bornant son univers aux parois de sa maison, il peut être centre, il est roi.

Selon moi, et c'est une opinion que personne n'est forcé de partager, les turcs seuls comprennent la vie; ils vivent pour eux, réservent les quelques années que chaque homme a à dépenser pour le calme ou le plaisir; ils ne voudraient pas s'émouvoir pour une pièce de théâtre ou un roman. Chaque fois qu'il ne se présente pas une jouissance réelle, ils se rejettent dans une vie négative: le tabac et l'opium les engourdissent. Ils s'absentent de la vie chaque fois qu'elle ne leur présente rien d'attrayant.

Mais, hâtons-nous de parler des Turcs, de leurs mœurs et de leurs habitudes, tandis qu'il y a encore des Turcs, qu'ils ont encore leurs mœurs et leurs habitudes, du moins quelques-uns.

Mahmoud porte des gants jaunes, ses cavaliers ont des schakos de cuir, au lieu des riches cachemires dont ils entouraient leur tête; ils ont des étriers étroits et des selles à l'anglaise.

Les Ichoglans portent le frac, le Chiaoux-Bachi se fait habiller par Chindé, les Azamoglans tirent leurs parfums de chez Guerlain, et le grand-seigneur lui-même, avant qu'il soit peu, et quand nous aurons des chemins de fer, viendra, en tilbury à vapeur, dîner au café de Paris ou à la poissonnerie anglaise.

Certes, il y a beaucoup à dire en faveur de cette fusion des nations: l'industrie et la civilisation y gagneront peut-être, mais le bonheur individuel y perdra. Tout le pittoresque de la vie sera mort avant cent ans d'ici; on ne fera plus que des voyages sans retards, sans incidens, sans impatience, sans surprises, et conséquemment sans plaisir et sans intérêt.

Allez donc en Turquie, dans cent ans, pour y trouver dans les rues des auvergnats porteurs d'eau et marchands de légumes; dans les maisons, des chaises et des fauteuils. Allez voir les femmes, à visage découvert, coiffées par un élève de Michallon qui se sera établi à Stamboul, causant avec tout le monde, walsant avec le premier venu, serrées dans des corsets de baleine.

Dans cent ans, au Caire, dans les cafés, on verra cette inscription: On ne fume pas ici. Les Turcs ne porteront plus le poignard, et il y aura des salles d'armes où l'on apprendra l'escrime comme chez Grisier. Dans cent ans, il y aura à Constantinople des romans du coeur comme en sait faire M.A.B., quand ses lecteurs ne dorment pas; dans cinquante ans, des parapluies; dans trente ans, des socques articulés; dans dix ans, un journal républicain; dans cinq ans, une rue Lafayette; après-demain, des bouillons à domicile; aujourd'hui, peut-être, un jury.

A propos de jury, et par antithèse, il me vient en la mémoire une anecdote de justice arbitraire assez remarquable.

Mais j'oubliais que la place manque ici, et je réserve mon anecdote pour une prochaine occasion.

Avant tout, à l'aspect de cette maison si simple au dehors, meblée au dedans, de tapis, de coussins et de quelques pipes; sans tous ces brimborions que la mode invente et qu'elle détruit si vite chez nous.

Cette maison doit vous apprendre à vous défier un peu du luxe oriental, devenu si proverbial en France. Si j'ai mission de vous parler de son intérieur, vous saurez alors à quoi vous en tenir sur le luxe oriental.

ALPHONSE KARR.”

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12 septembre 2013 4 12 /09 /septembre /2013 02:41
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27 juillet 2013 6 27 /07 /juillet /2013 08:20

Article du journal Le Magasin pittoresque de mars 1872.

" La croix unie au croissant.

La croix unie au croissant forme sans contredit un symbole bien étrange. Cependant il fut adopté au dix-septième siècle, avec variations, par un grand nombre de cités et d'importantes forteresses du Danube, alors placées sous l'autorité ou la protection du sultan. Cette particularité a échappé à la plupart des voyageurs. Un Anglais, dont le nom est presque oublié, est le premier, croyons-nous, qui ait pris note de ces signes singuliers. Edward Brown, allait de Vienne à Larissa, en Thessalie; chemin faisant, il remarqua l'esprit de tolérance dont la Turquie d'Europe était alors animée à l'égard des populations chrétiennes soumises à la loi de l'Islam; il ne put pas constater si le nombre des chrétiens qui peuplaient ces régions était considérable; mais il acquit la certitude que dans les grandes villes où résidaient des troupes appartenant à l'église grecque, les soldats supportaient fort patiemment le joug musulman. Il pensait (mais le temps n'a point confirmé cette supposition) que les peuples de la communion latine, s'ils se présentaient pour opérer la délivrance de leurs frères chrétiens, exciteraient peu d'enthousiasme. Partout il vit sur les églises de la Hongrie le symbole que nous reproduisons. Il ajoute même qu'au sommet de Saint-Etienne, l'église principale de Vienne, le croissant et l'étoile adhéraient aussi à la croix."

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26 juillet 2013 5 26 /07 /juillet /2013 22:35

Extrait du journal Le Magasin pittoresque d'avril 1864.

" Les brigands de la Perse et de la Turquie d'Asie.

Le brigandage est une des plaies de l'Orient. Résultat de l'abandon et de la barbarie où sont tombés les pays autrefois les plus riches et les plus peuplés du monde, c'est un mal qui s'entretient lui-même et qui renouvelle sans cesse, où il est, la misère et la solitude. Les voyageurs ne peuvent, sans une escorte d'hommes résolus et bien armés, passer les défilés des montagnes, ou s'aventurer dans les plaines désertes de la Turquie d'Asie et de la Perse; les marchands qui portent leurs denrées d'une ville à l'autre ne s'avancent qu'en longues caravanes et ne s'écartent pas de la route depuis longtemps tracée par ceux qui les ont précédés; en plus d'un pays ils payent même une rançon pour n'être pos inquiétés par les tribus errantes dont ils traversent le territoire.

Ce sont des peuplades entières qui se livrent, dans ces pays, au brigandage. Et si les voyageurs ont sujet de les craindre, elles sont plus redoutables encore pour les populations sédentaires et paisibles, dont elles pillent les habitations et enlèvent les troupeaux dès qu'elles trouvent une occasion. Il en est qui font même des prisonniers pour les vendre comme esclaves: tels sont les Turcomans répandus dans les grandes steppes du nord de la Perse; ils franchissent des distances immenses au galop de leurs chevaux, et fondent à l'improviste sur le voyageur, qu'ils capturent ou qu'ils dépouillent. Ces Turcomans, qui habitent principalement l'ancien pays des Parthes, en sont peut-être les descendants.

Ailleurs ce sont les Kurdes, ailleurs encore les Arabes nomades ou bédouins (bedaoui) qui pillent ou rançonnent tous ceux qui se présentent à eux sans défense. Les Kurdes ont à peu près détruit les villages des chrétiens nestoriens qui partageaient avec eux la région montagneuse du Kurdistan. Le gouvernement turc a fait détruire les repaires des beys kurdes, et envoyé en exil, à Candie, les plus coupables ou les plus compromis; mais depuis ce temps les malheureux nestoriens n'ont guère moins eu à souffrir du fanatisme et de l'oppression des Turcs eux-mêmes. Les Kurdes se rencontrent dans presque tous les pays de montagne situés entre la mer Noire et le golfe Persique; ils forment des tribus peu unies entre elles, souvent ennemies acharnées. Quelques-unes ont renoncé à la vie nomade et cultivent la terre; mais la plupart n'ont aucune habitation et suivent leurs troupeaux, l'été dans la montagne et l'hiver dans la plaine. Celles-ci sont l'effroi de toutes les populations voisines.

De même que les Kurdes dans les hautes régions de la Perse et de l'Arménie, les Arabes bédouins exercent leurs rapines dans les immenses plaines de la Mésopotamie, du nord de l'Arabie, de la Syrie, où le voyageur est sans protection, et où ils sont protégés eux-mêmes par la solitude du désert. On les rencontre sur les bords de l'Euphrate aussi bien qu'en Palestine, dans le Hauran et sur le chemin d'Alep à Damas. Ils habitent sous la tente. Toute leur richesse (quand ils possèdent quelque chose, car la plupart du temps ils vivent dans la misère et la famine) consiste en troupeaux, en chameaux et en un très-mince mobilier. Leur principale ressource est le vol ou les tributs qu'ils se font payer par les caravanes, dont ils guettent le passage."

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22 juillet 2013 1 22 /07 /juillet /2013 22:24

Extrait du journal La Mosaïque de 1837.

 

" Cimetières turcs.

Au moment où un Turc va recevoir la visite de l'ange de la mort, on le couche sur le dos en lui tournant le côté droit vers le sanctuaire de la Mecque, on lui pose un sabre sur le ventre, on brûle des parfums et des aromates dans l'appartement, et les assistans récitent une oraison consacrée. Dès que l'agonisant a rendu le dernier soupir, on lui lie les membres et la barbe, puis on lave le corps avec une décoction de plantes aromatiques, on le frotte de camphre, on l'enveloppe de cinq linceuls de formes différentes et d'une parfaite blancheur, et on le dépose dans une bière qu'on a parfumée une fois, trois fois, cinq fois ou sept fois; les nombres impairs étant agréables à Dieu, selon le Coran, parce que Dieu étant un, est impair. Ces formalités remplies, les parens et les amis se rassemblent en cortège derrière le corps, et un prêtre ou, à son défaut, le père, le fils ou le plus proche parent du mort, murmure une prière. Le convoi se met ensuite en marche, sans s'arrêter dans les mosquées, "qui sont faites pour les vivans et non pour les morts." La bière, surmontée d'un turban vers la t^te, et en partie recouverte d'une étoffe de soie noire, semée de versets écrits en lettres blanches, est portée par quatre hommes, qui prennent successivement la place les uns des autres, et que relaient tour à tour les membres du cortège. Tous les assistans doivent avoir l'air triste et grave, en s'abstenant toutefois de pleurs, de gémissemens, et de toutes manifestations violentes de douleur. La loi commande d'accomplir toutes ces cérémonies avec la plus grande célérité, parce que si le défunt doit être bienheureux, il faut se hâter de le mettre en possession de son bonheur, tandis au contraire que s'il est mort en état de crime, il faut se hâter de s'affranchir du contact d'un corps impur.

Il est permis à chacun en Turquie de choisir la place où il veut que ses cendres reposent, de sorte qu'on voit des tombeaux dans tous les endroits qui attirent les regards et l'attention, au sommet des collines, sur les rives des ruisseaux, à la source des fontaines. Les bords des chemins sont surtout les lieux que les Turcs, comme les anciens Romains, préfèrent pour leur sépulture; aussi les routes, aux approches des grandes villes, sont-elles bordées de pierres funèbres. Cette faculté de se faire inhumer partout n'empêche pas qu'il n'y ait des lieux spécialement destinés pour recevoir les dépouilles des morts, et les cimetières sont encore assez multipliés. Dès qu'un cortège funèbre est arrivé à la fosse préparée, on y descend la bière en prononçant ces mots: Au nom de Dieu et au nom du peuple soumis à Dieu. On a soin de disposer le corps de manière que le côté droit soit tourné vers la Mecque. La fosse étant comblée, le prêtre se place auprès, sur ses genoux, et récite une prière, renfermant une profession de foi, qu'il commence et termine en appelant trois fois le mort par son nom et par celui de sa mère. Jamais il ne prononce le nom du père; s'il ignore celui de la mère, il substitue le nom de Marie en l'honneur de la Vierge, et le nom d'Eve, la mère commune de l'humanité.

La terre qui recouvre chaque sépulture doit s'élever au-dessus du sol et être formée en dos de chameau: il n'est permis de mettre aucune pierre sur la fosse même; on peut seulement y planter des fleurs, des myrtes, des ifs, du buis; ce n'est qu'aux deux extrémités qu'on dresse des socles de pierre ou de marbre, en les enfonçant toujours dans une direction verticale. La plaque placée du côté de la tête est surmontée d'un turban, qui annonce par sa forme le rang de la personne inhumée. Les faces des socles, qui, dans les sépultures des femmes, se terminent en pointes, sont chargées d'inscriptions écrites en caractères dorés. Ces inscriptions, absolument pareilles à celles des tombeaux de nos cimetières, indiquent généralement le nom, l'âge, la condition du mort et le jour de son décès; elles invitent les passans à prier pour le repos de son âme; elles renferment des réflexions philosophiques et religieuses sur la fragilité et la vanité des choses humaines, sur l'immuable durée de l'éternité, sur l'incertitude de la vie: on y trouve même mot pour mot le solennel avertissement que donnent chez nous les sépultures: Aujourd'hui pour moi, demain pour toi, Hodie mihi, cràs tibi. Quelquefois cependant le génie oriental se révèle dans la bizarrerie recherchée et dans le style figuré des épitaphes. Une tombe porte ces mots: Que l'Eternel daigne envelopper son âme dans un nuage de miséricorde et d'allégresse, et couvrir son tombeau de l'éclat d'une lumière permanente. Ici la mort est appelée un vent furieux qui souffle dans la lanterne de la vie et qui l'éteint; là on lit au-dessus du turban d'un marin: Il a tourné son gouvernail vers l'éternité, le vent du trépas a rompu le mât de sa barque et l'a coulée dans la mer des grâces de Dieu. Les cendres d'un savant s'annoncent par ces paroles: Un flambeau est caché là sous la terre; et celles d'un poëte par cette phrase: Un rossignol a passé un moment sur cette terre, puis il est allé chanter dans les bosquets du paradis. Ce luxe de figures est surtout prodigué sur la tombe des femmes: Ce sont des roses au visage desquelles l'ouragan a soufflé; des abeilles retournées aux ruches célestes; des fleurs enlevées du jardin des charmes et de la beauté, pour aller orner les parterres du ciel. Une mère a écrit sur la tombe de sa fille morte à seize ans: Le petit oiseau de mon cœur vient de s'envoler de sa cage. Toutes les sépultures musulmanes devraient être pareilles, parce que la loi religieuse défend formellement d'élever des mausolées; mais l'orgueil humain, si avide d'honneurs posthumes, a transgressé cette loi: les grands seigneurs ont voulu que leurs cendres reposassent sous des dômes de marbres, et environnées de grilles de fer; les familles illustres ont des caveaux funèbres; des palais marquent les lieux où les sultans sont inhumés, et les tombeaux des personnages réputés saints sont de véritables citadelles.

Plantés de tilleuls, d'ormes, de chênes, de platanes et surtout de cyprès, les cimetières turcs ont tout à fait l'apparence d'un beau parc. Les tombes, semées au hasard, y sont tantôt éloignées les unes des autres, tantôt rapprochées en groupes; ici disséminés un à un, là les arbres se rassemblent en bosquets, et le gazon déploie des tapis de toutes grandeurs et de toutes formes, au milieu desquels apparaissent des bouquets de fleurs et d'arbrisseaux, qui tranchent nettement avec la blancheur éclatante des pierres tumulaires. Comme les distinctions entre les concessions à temps et les concessions à perpétuité n'y régissent point les sépultures, et comme le lieu où repose un croyant est à tout jamais acquis à ses dépouilles, les cimetières turcs ne sont point environnés de murailles; l'espace est libre devant eux, et de jour en jour ils s'étendent en tous sens sans jamais se replier sur eux-mêmes. Non-seulement les lois assurent une tranquillité perpétuelle aux restes des morts, mais elles commandent encore d'honorer leur asile: il est défendu de marcher sur une tombe, de s'y asseoir, d'élever la voix, même pour prier; le silence, le calme et le recueillement sont prescrits comme les attributs, comme les privilèges de la mort; aussi les cimetières turcs sont-ils en tous temps l'asile de la paix la plus profonde, tandis que les sépultures chrétiennes en Turquie deviennent généralement des lieux de promenades et de parties de plaisir.

Constantinople est entourée de plusieurs cimetières turcs remarquables, dont le plus célèbre est celui de Scutari, qui est situé sur la rive asiatique du Bosphore. C'est le Père-Lachaise de Stamboul; tous les citoyens riches et illustres, tous les Musulmans rigides y veulent être inhumés, parce que la terre d'Asie est plus sainte que celle d'Europe, parce qu'elle est la vraie patrie de la race ottomane, parce que les prophéties portent qu'un jour les infidèles rentreront en possession de Constantinople, et parce qu'enfin le calme et le silence, si chers aux Turcs, sont plus profonds sur le rivage asiatique que sous les murs de la grande ville. Le nombre des dépouilles mortelles qui traversent le Bosphore pour aller dormir à Scutari est si considérable que le quai où on les embarque a été surnommé l'Echelle des morts. "J'ai fait, dit un voyageur moderne, plusieurs promenades à Scutari; c'est là que le trépas étale toutes ses solennités, c'est là qu'est la grande métropole des morts: l'Orient n'a point de cimetière aussi vaste, aussi magnifique, aussi renommé. Comment peindre cette campagne immense couverte de tombes et de cyprès? comment décrire ces larges routes bordées de marbre et de verdure qui ressemblent aux chemins de nos forêts royales, et surpassent la splendeur des jardins réservés aux puissans monarques? Ces routes solitaires se croisent comme dans un labyrinthe, toutes mènent à un sépulcre: au milieu de cette magnificence lugubre, tout est muet, tout est immobile." "

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13 juillet 2013 6 13 /07 /juillet /2013 00:26

Extrait du journal Le Voleur du 1° janvier 1858.

" La femme d'Omer Pacha.

Quelques journaux ont annoncé la présence à Paris de madame la maréchale Omer Pacha. On ne lira pas sans intérêt quelques détails sur la vie de cette jeune femme.

Née à Reps, en Transylvanie, elle fut envoyée à onze ans dans la meilleure pension de Bucharest. Quelques leçons de piano développèrent en elle de merveilleuses facultés musicales. A quinze ans, elle possédait déjà un talent fort remarquable.

C'est à cette époque qu'Omer Pacha, commandant militaire de la Valachie, rencontra la jeune pensionnaire dans une soirée. Omer Pacha aime beaucoup la musique, fait grand cas d'une conversation spirituelle, et ne partage pas toutes les idées turques sur le rôle des femmes dans le monde et dans l'intérieur de la maison. Il remarqua la jeune Transylvanienne, s'éprit d'amour pour elle, lui fit la cour et l'épousa.

Madame Omer dut se soumettre aux moeurs musulmanes: la chrétienne devint tout à fait khanoun (femme turque), elle ne sortait plus qu'avec le voile et précédée d'affreux eunuques; toutefois, contrairement aux habitudes orientales, elle accompagna son mari dans ses expéditions guerrières. Vivement touchée de la gloire des armes, elle composa des marches triomphales que jouaient les régiments turcs en allant au combat.

Le seul enfant né de son mariage étant mort par accident, Omer pacha espéra qu'une nouvelle union lui donnerait un héritier. Peut-être aussi voulut-il simplement se rattacher à l'ancien parti turc; il demanda en mariage la fille d'Hafiz pacha, chef de ce parti. "Restez au harem", dit-il à sa femme. Mais sa femme avait trop de fierté pour accepter une condition indigne d'elle; elle a demandé un divorce qui a été prononcé, et elle est venue chercher en France un honorable asile.

Madame la maréchale Omer n'a que vingt-trois ans, elle a les grâces naïves d'une jeune fille, un teint d'une blancheur éclatante et une magnifique chevelure aux reflets dorés. On l'a représentée, bien à tort, comme cherchant les fêtes et les distractions du monde; elle vit, au contraire, dans une retraite absolue."

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