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19 juillet 2013 5 19 /07 /juillet /2013 23:02

Extraits d'un article paru dans le journal La Mosaïque en 1837.

 

" Des différentes formes de cartes à jouer.

... Aux siècles où l'Europe reconnaissait deux souveraines puissances, celle du pape et celle de l'empereur d'Allemagne, où les idées de mort étaient singulièrement familiarisées avec l'esprit, et se multipliaient partout devant les yeux sous des symboles matériels, où les traditions mythologiques, transformées en croyances superstitieuses, se mêlaient aux dogmes du christianisme, les cartes représentaient d'abord, comme pouvoirs supérieurs à tout, le pape et la papesse, l'empereur et l'impératrice; puis venaient la mort et le pendu, puis le soleil et le batelier Caron: les règles du jeu mettaient tous ces personnages en lutte. Le pape et l'empereur déchurent; alors les rois prirent leur place sur les cartes, le second degré fut assigné aux reines, l'ordre si influent de la noblesse fut représenté en troisième ligne, sous la figure d'un cavalier; quant aux autres éléments de la population, aux vilains, on daigna encore les admettre dans l'état-major, mais sous les traits et sous la dénomination de valets. Lorsque le chaos de la société commença à se débrouiller, que les bases des Etats se posèrent et que les divisions principales des classes de citoyens se dessinèrent, les jeux de cartes constatèrent ce développement social; le roi, la reine, le cavalier, le valet continuèrent encore à briller au premier rang, mais aux signes et aux valeurs numériques que portait chaque carte du reste du jeu, on substitua la représentation symbolique de chacun des quatre ordres que renfermait alors la société, le clergé, la noblesse, le commerce et l'agriculture. On adopta une coupe pour caractériser le clergé par allusion aux vases sacrés. Si cet emblème était d'une obscurité tant soit peu hiéroglyphique, les autres signes représentatifs pouvaient recevoir plus facilement une interprétation précise: la noblesse prit pour attribut une épée, le commerce fut figuré par l'objet de toutes ses méditations, par le but de tous ses efforts, par une pièce de monnaie, un denier; enfin le symbole de l'agriculture fut un bâton. Chacun de ces quatre ordres avait son roi, sa reine, son cavalier, son valet, et dans les combinaisons de jeu, comme dans les pratiques de la vie réelle, les quatre intérêts rivaux étaient mis aux prises.

... Un Jésuite (le P. Menestrier) auteur d'un traité sur les cartes, assure que ce jeu fait allusion à la vie civile. On trouve dans les cartes, au dire de ce bon père, les quatre états de la vie. Le cœur (lisez chœur) représente les gens d'Eglise; le pique, les gens de guerre, le trèfle, les laboureurs, le carreau, les bourgeois, et pourquoi? parce que leurs maisons sont ordinairement carrelées. Les quatre rois, ajoute-t-il, indiquent les quatre grandes monarchies: David, la juive; Alexandre, la grecque; César, la romaine; Charlemagne, l'allemande. Les dames Rachel, Judith, Pallas et Argine (anagramme de regina, reine) expriment les quatre manières de régner, beauté, piété, sagesse et droit. C'est bien le cas de dire: que de choses dans un jeu de cartes!

..."

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