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11 mai 2015 1 11 /05 /mai /2015 00:43

Aix en 1833.

En 1833 paraissait à Aix, chez l'imprimeur Mouret, la deuxième édition d'Aix ancien et moderne..., sans nom d'auteur; la dédicace de l'ouvrage était signée des initiales J.F.P..., de Jean-François Porte (1784-1854), érudit, numismate, musicien, membre de l'Académie d'Aix, etc. Il s'agit d'un livre précieux et recherché, contenant en particulier de nombreuses notices biographiques, ainsi qu'une description détaillée d'Aix au début de la Monarchie de Juillet.

Porte décrivait les Aixois comme imaginatifs, réfléchis, réservés dans leurs affections, mais dotés d'un défaut majeur: "... on remarque chez eux un défaut notable, c'est une apathie mortelle pour tout ce qui touche à l'avantage de leur pays. S'agit-il d'un établissement utile ou d'une entreprise avantageuse? La réussite échoue, si elle dépend du concours universel, parce que chacun se reposant sur les soins de ses compatriotes se sépare de cette communion d'intérêts. Si quelque citoyen zélé pour le bien public élève la voix, il ne rencontre qu'une froideur qui empêche de prêter l'appui nécessaire à la réussite, ou bien une inertie qui paralyse le bien qu'il projetait. Cette indifférence envers la patrie se porte sur tous les objets. Elle fait même éprouver ses funestes effets à la classe ouvrière et au négoce."

L'auteur note cependant qu'Aix a pu être appelée l'Athènes du midi, en raison de son amour des sciences, de l'art et de la littérature.

En ce qui concerne les manufactures, on pouvait compter à l'époque cinq tanneries, six distilleries, cinq imprimeries de toile, neuf fabriques de draps grossiers, dits cadix, une filature de coton.

En ce qui concerne l'enseignement, il existait un collège, un grand séminaire et un petit séminaire, une faculté de droit, une école de dessin (au musée).

Dans les considérations qui concluaient son ouvrage, Porte parlait d'une ville déserte, vivant de souvenirs, alors que Marseille et Avignon se développaient considérablement dans les domaines commercial et industriel. Il souhaitait que sa ville devienne le chef-lieu du département, et proposait six mesures:

"1° Joindre à la faculté de droit, celles de médecine et des arts;

2° Construire de nouveaux bains d'eau chaude, en utilisant les sources délaissées que la ville possède;

3° Etablir des expositions annuelles des productions des beaux-arts, des produits de l'agriculture, des manufactures et de l'industrie, en y admettant ceux du restant du département, et des départements des Basses-Alpes, du Var et de Vaucluse qui formaient l'ancienne Provence;

4° Restaurer les monumens anciens. Nous avons parlé dans cet ouvrage d'une salle de bains antiques, située, suivant Piton, sous la place aux herbes. Si cette salle existe vraiment, n'est-il pas fâcheux qu'elle reste enfouie sous une place, au lieu d'être offerte à la curiosité des voyageurs?

6° Pourvoir la bibliothèque Méjanes des ouvrages qui lui manquent, et compléter ainsi cette magnifique collection. Ce grand dépôt littéraire réclame aussi un classement, sans lequel les richesses qu'il renferme ne sauraient être utilement consultées. Jusqu'à ce que l'ordre y soit établi, on ne pourra recueillir aucun fruit des collections que son illustre fondateur avait formées dans tus les genres d'érudition."

Porte recommandait également des mesures pour favoriser le commerce, et l'industrie en particulier la lutte contre les fraudes (en particulier sur les huiles) et l'utilisation du courant de l'Arc pour faire fonctionner diverses fabriques.

Il faudra longtemps pour que les vœux de cet honnête homme soient exaucés...

Jean-Louis Charvet.

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