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8 mai 2014 4 08 /05 /mai /2014 16:10

Extrait des Annales politiques et littéraires du 16 février 1908:

Un événement qui ne s'était pas produit depuis trente-neuf ans vient d'éveiller la curiosité publique.

Il y a peu de jours, un pêcheur apercevait en mer, dans les environs d'Ajaccio, l'énorme cadavre d'un cachalot, long de quinze mètres et épais, vers la tête, de trois mètres. La marine, prévenue, s'empressa d'amarrer solidement le monstre à un cable et de le remorquer vers la côte.

Passant près des Sanguinaires, aux roches rouges, l'épave du cétacé fut bientôt échouée sur la grève de ce magnifique golfe et mise en adjudication. Ce cachalot, qui pesait près de trente tonnes, échut, pour le prix de soixante-dix francs, à un industriel qui espère en tirer pour mille à deux mille francs d'huile et d'ambre gris.

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20 juin 2013 4 20 /06 /juin /2013 23:13

Coloniser Casabianda (Corse).

Article de La Nouvelle Revue (juillet-août 1897).

 

«  CORSE.

Bastia.

Depuis quelques années le domaine de Casabianda se trouve entre les mains des ponts et chaussées. L'administration des domaines l'a passé à l'agriculture et c'est le service hydraulique de ce ministère qui soigne maintenant l'ancien pénitencier agricole de la Côte orientale.

Les ponts et chaussées, sous l'habile direction de M. Delpit, l'ingénieur ordinaire de l'arrondissement de Bastia, ont donné une impulsion nouvelle plus économique et plus profitable aux travaux des champs; les bâtiments d'habitation et d'exploitation ont été réparés et des études diverses ont été faites pour remettre la propriété dans l'état primitif.

Puisque nous parlons de Casabianda qu'on nous permette d'exprimer notre opinion sur l'avenir de cette propriété de l'Etat.

La première des conditions pour assainir un pays, c'est l'eau potable. Si à Casabianda on pouvait donner aux colons de l'eau de source, la mal'aria n'y sévirait pas si cruellement. Il est donc indispensable que le service des ponts et chaussées dans les améliorations à introduire commence par établir une canalisation amenant au centre des bâtiments d'exploitation, l'eau fraîche et pure nécessaire à la consommation journalière. Toute la région d'Aleria en profiterait.

Ceci fait il faudrait utiliser les machines à vapeur qui se trouvent sur le domaine pour défricher les parties où le maquis domine, établir des prairies puis s'attacher sur la plus vaste échelle à l'élevage du bétail, - la seule ressource agricole qui ne présente aucun aléa.

Certainement pour exécuter tous ces travaux il faut de l'argent, mais en dehors des frais nécessités par l'établissement de la canalisation et des barrages pour amener un assainissement progressif, les sommes prévues par l'administration pour l'entretien du domaine suffiraient et au-delà, si on s'attachait à mettre en pratique l'idée suivante:

Considérer Casabianda comme une annexe du pénitencier de Casteluccio et y détacher annuellement 150 réclusionnaires qui sous la direction d'un chef de culture et de quelques gardiens laboureraient les terres, surveilleraient le bétail, en un mot exécuteraient tous les travaux que réclame l'exploitation de tout domaine agricole.

Les frais d'entretien de ces colons ne seraient pas considérables puis Casabianda donnerait largement pour subvenir à leurs besoins.

Il ne serait pas nécessaire comme on le faisait autrefois d'établir un refuge sur un point quelconque des montagnes environnantes, Moïta ou Cervione. Le chemin de fer mettant Casabianda à 8 ou 9 heures de Chiavari, on enverrait là-bas les malades qui seraient remplacés au fur et à mesure des exigences agricoles par des hommes valides.

Cette idée nous la soumettons à la direction du service hydraulique du ministère de l'agriculture sans l'approfondir davantage. Elle nous semble pratique.

BEPPINO DE PENTA.”

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26 avril 2013 5 26 /04 /avril /2013 19:09

Vendetta à San Gavino di Carbini (Corse) entre les familles Nicoli et Pietri.

 

Ci-dessous un article paru le 18 avril 1880 dans la revue parisienne La Famille. La présentation des faits n’engage bien sûr que son auteur. Je serais reconnaissant envers qui pourrait me dire si cette vendetta s’est poursuivie depuis cette époque.

Jean-Louis Charvet.

 

«  Une vendetta.

La Corse est pour longtemps encore la terre classique de la vendetta; dans cette île plus italienne que française au point de vue de l'idiome et des mœurs, les hommes qui tuent leur ennemi par vengeance ou par représaille ne sont pas regardés comme des assassins, mais comme des vengeurs et des justiciers. On les appelle bandits d’honneur, et ils se font gloire eux-mêmes de mériter et de porter ce nom. La population leur est ouvertement favorable, surtout dans les campagnes et les communes rurales. Sont-ils poursuivis par les gendarmes? Ils sont rarement pris, grâce à la configuration du sol, montagneux et boisé, grâce surtout à la connivence des paysans, qui s’empressent de les accueillir et de les cacher sous leur toit.

Les bandits sont-ils arrêtés ou se sont-ils constitués prisonniers? la sympathie qui les avait protégés avant l’arrestation et le jugement les accompagne au sein même des tribunaux; le jury n’échappe pas à l’influence de la sympathie publique, et les coupables sont acquittés au milieu des applaudissements de l’auditoire. Il faudra des siècles pour que les idées françaises triomphent de cet ensemble de préjugés dignes de la barbarie du moyen âge.

Depuis de longues années, la rivalité de deux familles jette le trouble dans la commune de San-Gavino-di-Carbini, canton de Levie. Les Nicoli et les Pietri, qui s’y disputent la prépondérance ont réussi à diviser la population en deux factions ardentes. Le témoin Guerrini, maréchal des logis de gendarmerie à Serra de Scopamène, déclare que « dans la commune de San-Gavino-di-Carbini, les habitants marchent constamment en armes, nuit et jour; ils ont même la déplorable habitude de tenir leur fusil armé sur le bras, ce qui amène des accidents de toute nature. J’ai prié, ajoute le maréchal des logis Guerrini, M. le maire de San-Gavino de prendre un arrêté interdisant tout au moins le  port des armes dans de pareilles conditions. L’arrêté est intervenu, mais il n’a pas été exécuté. Les maires, du reste, se chargent eux-mêmes de le violer. »

Les hostilités éclatèrent le 8 janvier 1878, le jour des élections municipales; les deux partis se battirent à coups de fusil à l’entrée de la salle du scrutin. François Pietri, ancien maire et chef de la famille des Pietri, fut mortellement frappé de deux balles en pleine poitrine. Ses assassins présumés, les deux frères François Nicoli et Charles Nicoli, allaient être traduits devant la cour d’assises, lorsque leur frère Jacques-Michel Nicoli fut à son tour assassiné par Joseph Pietri, fils et vengeur de François Pietri. François Nicoli et Charles Nicoli furent acquittés par le jury; mais à peine de retour à San-Gavino, François Nicoli se trouva face à face avec Joseph Pietri. Celui-ci, animé d’une haine implacable, s’était retiré, après le meurtre de Jacques-Michel Nicoli, dans le maquis où il errait tout le jour, ayant pour abri son manteau, pour compagnon son fusil, pour lit les fougères desséchées de la montagne. François Nicoli commit l'imprudence de passer dans ces lieux; il était armé d'un fusil; Joseph Pietri l'aperçut, s'imagina que le meurtrier de son père venait le provoquer à son tour, l'ajusta et l'étendit roide mort. C'était le deuxième membre de la famille Nicoli qui tombait sous les coups de Joseph Pietri.

Les Nicoli prirent leur revanche; les deux fils orphelins de François Nicoli, - deux enfants - se mirent en embuscade sur le bord d'une route où leurs ennemis devaient passer, et, quand ceux-ci parurent, ils les reçurent à coups de fusil. Hyacinthe Pietri, frappé de trois balles à l'épaule, reçut des blessures qui ont mis ses jours en danger. Les autres membres de la famille évitèrent un sort pareil en se réfugiant derrière un mur.

Quelques instants après, Joseph Pietri, qui rôdait dans les environs, apprenait l'attentat et s'en vengeait en tuant d'un coup de fusil François Berretti, cousin de Nicoli.

Une guerre d'extermination allait commencer; heureusement, le préfet de la Corse et l'avocat Tra s'interposèrent entre les belligérants, leur firent déposer les armes et signer un traité de paix en règle.

Bien que ce traité de paix ait été loyalement exécuté, Joseph Pietri a été traduit devant la cour d'assises sous l'accusation d'avoir assassiné Michel Nicoli, François Nicoli et François Berretti. L'interrogatoire de l'accusé, âgé de vingt ans à peine, a été très émouvant.

- Déjà, s'est-il écrié, mon pauvre père avait été assassiné. Quelques temps après, mon pauvre frère, âgé de vingt-cinq ans, tombait, lui aussi, sous les balles de nos adversaires. J'ai voulu venger les attentats commis sur les membres de ma famille.

Et il a ajouté avec émotion:

- Ma maison n'est plus aujourd'hui habitée que par ma vieille grand'mère. Naguère encore, la joie et le bonheur régnaient dans notre modeste demeure. Aujourd'hui, ce n'est plus que deuil et douleur... (Sensation dans l'auditoire).

Le jury ayant rendu en faveur de l'accusé un verdict négatif sur toutes les questions, Joseph Pietri a été acquitté.

Des applaudissements chaleureux ont salué le verdict du jury; mais la presse et une grande partie de la population critiquent et désapprouvent cet acquittement.

MAITRE PERRIN.”

 

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