Extrait du journal Le Voleur du 22 mars 1861.
" HOPITAL DES CHIENS A LONDRES.
Londres compte, depuis le 2 octobre dernier, un établissement consacré à recueillir les chiens affamés et malades qui parcourent les rues de la capitale sans avoir d'asile pour s'abriter. Cet établissement a pris les mots suivants pour devise: "Je ne puis comprendre cette moralité qui exclut les animaux de la sympathie humaine ou qui affranchit l'homme des obligations qu'il leur doit."
L'asile "pour les chiens perdus et mourants" est devenu une institution permanente. Il a pour directeur un médecin, et possède de plus un médecin traitant extraordinaire. L'établissement reçoit en outre les soins de quatre dames patronnesses, dont trois sont nobles, et d'un comité présidé par un pasteur, et qui est composé de sept dames et de quatre gentlemen. L'asile est soutenu aux frais de cinquante souscripteurs et d'un même nombre de donateurs.
Lorsqu'un chien est admis dans l'établissement, son nom et sa race sont inscrits sur un livre spécial; un numéro correspondant à son chiffre d'inscription est attaché à son cou, et il prend sa place dans la loge que lui choisit son directeur, après avoir consulté l'âge, l'état de santé et la corpulence du nouveau pensionnaire.
L'établissement a reçu depuis sa fondation cent soixante-dix chiens. Sur ce nombre, quelques-uns se sont échappés; d'autres ont été donnés ou ont été réclamés par leurs propriétaires; quelques-uns sont morts, de sorte qu'il n'en reste aujourd'hui que soixante-dix en loge.
Il est à remarquer qu'un amateur de beaux chiens n'y trouverait qu'une collection de bêtes affreuses. On dirait le rendez-vous de tous les chiens les plus hideux de la capitale. Un terre-neuve et un épagneul king-charles sont les deux seuls chiens de race noble qui jusqu'ici aient franchi le seuil de l'asile.
C'est à une dame de Canonbury, qui traça le projet de l'établissement, que les chiens perdus et affamés de Londres sont redevables de tous ces bienfaits.
(Patrie)."
