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27 juillet 2013 6 27 /07 /juillet /2013 08:24

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Article extrait du journal Le Magasin pittoresque d'octobre 1872.

" La rue Cahoreau à Constantine.

La rue Cahoreau doit son nom à un capitaine du 3° bataillon d'Afrique, tué lors du second siège de Constantine, en octobre 1837. Située à la limite du quartier européen et du quartier indigène, elle voit tous les jours s'élever de nouvelles constructions qui diminuent d'autant la portion dont la physionomie est tout indigène, et que représente notre croquis.

Constantine proprement dite, la Constantine des abîmes, celle que les Arabes ont appelée el Haouaira, l'Aérienne, n'est pas d'une grande étendue, trente-cinq hectares environ, et son importance politique y a toujours concentré une assez forte population qui, en s'y installant, a été obligée de le faire dans le moindre espace possible. Les principales dispositions prises à cet effet témoignent encore, dans toute la partie restée intacte, de l'exiguïté des surfaces à occuper.

Les rues, ainsi que dans nos villes du moyen âge, et par la même raison, ne sont que de véritables ruelles à peine assez larges pour un cavalier, pour deux ou trois piétons au plus, sinueuses au possible, subissant tous les mouvements du sol, remplies de boue en hiver, de poussière en été, et formant un réseau presque inextricable. Anciennement aussi, les maisons, comme celles de chez nous, avaient dû gagner en hauteur ce qu'elles n'avaient pu prendre en étendue; mais ceci s'était modifié du moment que les causes qui avaient motivé ce parti pris ne se montrèrent plus aussi impérieuses, car celles de nos jours ont très-rarement deux espaces au-dessus du rez-de-chaussée. Il est vrai qu'elles sont presque toutes fort petites. Aussi, et comme pour indiquer qu'on regrettait le peu d'espace livré à la voie publique, elles ont presque toutes, à partir du plancher du premier étage, un avant-corps en encorbellement soutenu par des rondins en bois dur, quelquefois par des pierres plates offrant l'aspect d'un escalier renversé, et assez semblables aux consoles informes d'un balcon. Ces avant-corps forment à l'intérieur des recoins qui sont autant d'agréables lieux de repos. De temps à autre, une voûte plus ou moins large traverse la rue pour mettre en communication les deux parties de la même propriété, ajoutant ainsi aux jeux d'ombres et de lumière que crée sans cesse le profil fantastique des murailles latérales.

Du reste, avant que les exigences de la vie européenne ne vinssent modifier profondément le plan de la ville, nous n'avons aucune peine à croire qu'il représentait à peu près intégralement celui des époques reculées. Sur nombre de points, nous nous rappelons avoir reconnu que la plupart des constructions modernes avaient pour base des substructions romaines auxquelles on avait à peine touché, et que là on pouvait, sans trop de peine, se reporter aux plus anciens temps de la vieille Cirta. Très-probablement même on n'avait pas employé d'autres matériaux que ceux qui ont servi pour les habitations arabes encore existantes, et qui sont généralement bâties en briques crues, quelquefois en briques cuites, auxquelles les derniers venus ont ajouté tout ce qu'ils ont pu emprunter aux constructions romaines. Il n'est même pas rare d'y voir, dit M. Ravoisié (Exploration scientifique de l'Algérie), des fragments de corniches, des stèles, des cippes ou piédestaux couverts d'inscriptions placées avec assez d'intelligence pour que, les pierres les plus convenables par leur forme devenant des pieds-droits d'arcades, les autres fassent à leur tour l'office de sommiers de portes cintrées, ou bien encore d'impostes d'arcades isolées. C'est précisément à cause de cet emploi, souvent fort ingénieux, que des voyageurs se sont mépris sur l'origine de certaines constructions, en les attribuant aux Romains."

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