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24 mai 2013 5 24 /05 /mai /2013 00:14

Ci-dessous, extrait d'un article paru dans le journal Le Musée des familles, de décembre 1847; intitulé: "Courrier d'Afrique. Troisième lettre.", il est l'oeuvre d'Aristide). de Gondrecourt.

" Missergh'inn est le premier poste militaire que nous ayons sur la route de Tlemcen. C'était autrefois la maison de plaisance des beys de la province; le site en est ravissant, et atteste le goût exquis que mettaient les Turcs, et que mettent les Arabes, dans le choix des positions de leurs moindres hameaux.

Lorsque nous prîmes possession de Missergh'inn, en 1836, nous n'y trouvâmes qu'un grand bâtiment rectangulaire, environné d'arbres fruitiers et de nombreux conduits en maçonnerie qui distribuent encore une eau limpide et excellente dans de grands bassins et dans de beaux jardins. Nous bivouaquâmes dans le ravin où coule la source qui alimente ces canaux, et c'est avec de justes regrets, de justes remords, que je me souviens des dégâts commis dans cette fraîche oasis.

Les Vandales n'eussent pas mieux fait. Nos soldats allumèrent leurs feux avec des branches de citronniers et de grenadiers, et chacun mettait, à détruire, une fureur, un entrain, une folie que rien ne saurait expliquer.

Ces mêmes troupes qui avaient supporté toutes les souffrances d'une longue marche à travers un pays brûlé, découvert et complètement sec, se ruaient sur les jardins que la Providence semblait avoir créés pour retremper leurs forces défaillantes, et après s'être gorgés d'eau et avoir rasé tous les fruits, elles abattaient les arbres, mettaient le feu aux buissons de lauriers-roses, et eussent tari les fontaines si Dieu l'eût permis à leurs mains sacrilèges, comme si jamais chrétien n'eût dû passer après elles par les mêmes chemins, souffrir de la même soif, endurer les mêmes fatigues, et implorer du Ciel un même ombrage.

Les Arabes sont moins ingrats, ils portent un respect qui tient de la vénération aux sources, aux arbres qui les entourent; et ils appellent le palmier arbre sacré, parce qu'il ne s'élève ordinairement que dans les contrées arides, où son ombre est sans rivale.

Missergh'inn a été le camp des spahis, c'est aujourd'hui leur village. Le gouvernement a fait de grandes concessions de terrains, d'abord aux officiers de cette arme, puis à des colons, et nous avons transformé la charmante propriété des beys en un vaste jardin qui est le plus riche joyau de la province d'Oran.

...

Après une halte de quelques heures à Missergh'inn, qui est aujourd'hui un village français qu'habitent presque en totalité des Espagnols chassés de leur patrie par la misère, je poussai jusqu'à l'Aïn-Bridia, première étape des troupes qui se rendent à Tlemcen."

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