Petits métiers à Paris en 1901.
Dans le numéro de mars 1901 de la revue "Le monde moderne", je lis un article sur les petits métiers^, sous la plume de Luc de Vos. Son auteur décrit les activités de quatre types d' individus "trop fiers pour mendier, trop honnêtes pour voler, trop indépendants pour se mettre au service d'un industriel":
- le ramasseur de crottes de chiens: "la crotte de chien, mêlée à du jaune d'oeuf, à de l'alun, à de la farine, sert à blanchir, à assouplir les peaux de chèvre..., et de chien, dont on fait les gants". Cette industrie pouvait rapporter au pauvre hère 1 franc ou plus par jour.
- le ramasseur de mouron; il débarrassait les champs de cette plante qu'il rafraîchissait avant de les vendre aux ménagères qui en nourrissaient leurs petits oiseaux, pour le prix d'un sou ou un demi-sou le paquet; ce commerce rapportait 5 francs par jour à ceux qui l'exerçaient.
- le marchand de mégots; piquant du bout de leur canne ferrée les mégots, ils rentraient ensuite chez eux, débarrassaient le produit de leur récolte de leur enveloppe de papier, tamisaient le tabac pour en faire partir la cendre et les poussières, séchaient le tabac près d'un poêle, puis le conditionnaient en paquets de 20 grammes qu'ils revendaient 10 centimes pièce. Les bouts de cigares étaient découpés pour la pipe, ou servaient aux chiqueurs. Produit: environ 2 francs par jour. Risque "professionnel": les contrôles des employés de la Régie des tabacs.
- le marchand de tripes pour chiens; il faisait provision de panses de moutons aux abattoirs de la Villette, et les vendaient non seulement aux propriétaires de chiens, mais aussi à des éleveurs de poulets, de canetons, qui en agrémentaient la pâtée de leurs volailles. L'auteur parle de l'un de ces marchands, dont la qualité des produits était si bonne que "tous les chiens du quartier savaient son heure et gambadaient autour de sa voiture".
Jean-Louis Charvet.
