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19 juillet 2013 5 19 /07 /juillet /2013 23:02

Extraits d'un article paru dans le journal La Mosaïque en 1837.

 

" Des différentes formes de cartes à jouer.

... Aux siècles où l'Europe reconnaissait deux souveraines puissances, celle du pape et celle de l'empereur d'Allemagne, où les idées de mort étaient singulièrement familiarisées avec l'esprit, et se multipliaient partout devant les yeux sous des symboles matériels, où les traditions mythologiques, transformées en croyances superstitieuses, se mêlaient aux dogmes du christianisme, les cartes représentaient d'abord, comme pouvoirs supérieurs à tout, le pape et la papesse, l'empereur et l'impératrice; puis venaient la mort et le pendu, puis le soleil et le batelier Caron: les règles du jeu mettaient tous ces personnages en lutte. Le pape et l'empereur déchurent; alors les rois prirent leur place sur les cartes, le second degré fut assigné aux reines, l'ordre si influent de la noblesse fut représenté en troisième ligne, sous la figure d'un cavalier; quant aux autres éléments de la population, aux vilains, on daigna encore les admettre dans l'état-major, mais sous les traits et sous la dénomination de valets. Lorsque le chaos de la société commença à se débrouiller, que les bases des Etats se posèrent et que les divisions principales des classes de citoyens se dessinèrent, les jeux de cartes constatèrent ce développement social; le roi, la reine, le cavalier, le valet continuèrent encore à briller au premier rang, mais aux signes et aux valeurs numériques que portait chaque carte du reste du jeu, on substitua la représentation symbolique de chacun des quatre ordres que renfermait alors la société, le clergé, la noblesse, le commerce et l'agriculture. On adopta une coupe pour caractériser le clergé par allusion aux vases sacrés. Si cet emblème était d'une obscurité tant soit peu hiéroglyphique, les autres signes représentatifs pouvaient recevoir plus facilement une interprétation précise: la noblesse prit pour attribut une épée, le commerce fut figuré par l'objet de toutes ses méditations, par le but de tous ses efforts, par une pièce de monnaie, un denier; enfin le symbole de l'agriculture fut un bâton. Chacun de ces quatre ordres avait son roi, sa reine, son cavalier, son valet, et dans les combinaisons de jeu, comme dans les pratiques de la vie réelle, les quatre intérêts rivaux étaient mis aux prises.

... Un Jésuite (le P. Menestrier) auteur d'un traité sur les cartes, assure que ce jeu fait allusion à la vie civile. On trouve dans les cartes, au dire de ce bon père, les quatre états de la vie. Le cœur (lisez chœur) représente les gens d'Eglise; le pique, les gens de guerre, le trèfle, les laboureurs, le carreau, les bourgeois, et pourquoi? parce que leurs maisons sont ordinairement carrelées. Les quatre rois, ajoute-t-il, indiquent les quatre grandes monarchies: David, la juive; Alexandre, la grecque; César, la romaine; Charlemagne, l'allemande. Les dames Rachel, Judith, Pallas et Argine (anagramme de regina, reine) expriment les quatre manières de régner, beauté, piété, sagesse et droit. C'est bien le cas de dire: que de choses dans un jeu de cartes!

..."

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18 juillet 2013 4 18 /07 /juillet /2013 22:16

Extrait du journal Le Magasin pittoresque de 1833.

 

 " La cour des miracles.

... Les Courtauds de Boutange, semi-mendians qui n'avaient le droit de mendier et de filouter que pendant l'hiver.

Les Capons, chargés de mendier dans les cabarets et dans les lieux publics et de rassemblement; d'engager les passans au jeu en feignant de perdre leur argent contre quelques camarades qui leur servaient de compères.

Les Francs-mitoux, qui contrefaisaient les malades, et portaient l'art de se trouver mal dans les rues à un tel degré de perfection qu'ils trompaient même les médecins qui se présentaient pour les secourir.

Les Hubains. Ils étaient tous porteurs d'un certificat constatant qu'ils avaient été guéris de la rage par l'intercession de saint Hubert, dont la puissance à cet égard était si grande que, du temps de Henri Etienne, un moine ne craignait pas d'affirmer que si le Saint-Esprit était mordu par un chien enragé, il serait forcé de faire le pèlerinage de Saint-Hubert-des-Ardennes pour être guéri de la rage.

Les Mercandiers. C'étaient ces grands pendards qui allaient d'ordinaire par les rues deux à deux, vêtus d'un bon pourpoint et de mauvaises chausses, criant qu'ils étaient de bons marchands ruinés par les guerres, par le feu, ou par d'autres accidens.

Les Malingreux. C'étaient encore des malades simulés; ils se disaient  hydropiques, ou se couvraient les bras, les jambes et le corps d'ulcères factices. Ils demandaient l'aumône dans les églises, afin, disaient-ils, de réunir la petite somme nécessaire pour entreprendre le pèlerinage qui devait les guérir.

Les Millards. Ils étaient munis d'un grand bissac dans lequel ils mettaient les provisions qu'arrachaient leurs importunités. C'étaient les pourvoyeurs de la société.

Les Marjauds. C'étaient d'autres gueux dont les femmes se décoraient du titre de marquises.

Les Narquois ou Drilles. Ils se recrutaient parmi les soldats, et demandaient, l'épée au côté, une aumône qu'il pouvait être dangereux de leur refuser.

Les Orphelins. C'étaient de jeunes garçons presque nus, chargés de paraître gelés et de trembler de froid, même en été.

Les Piètres. Ils contrefaisaient les estropiés, et marchaient toujours avec des béquilles.

Les Polissons. Ils marchaient quatre à  quatre, vêtus d'un pourpoint, mais sans chemise, avec un chapeau sans fond et une bouteille sur le côté.

Les Rifodés. Ceux-là étaient toujours accompagnés de femmes et d'enfants. Ils portaient un certificat qui attestait que le feu du ciel avait détruit leur maison, leur mobilier qui, bien entendu, n'avaient jamais existé.

Les Coquillards. C'étaient des pèlerins couverts de coquilles, qui demandaient l'aumône afin, disaient-ils, de pouvoir continuer leur voyage.

Les Callots étaient des espèces de pèlerins sédentaires, choisis parmi ceux qui avaient de belles chevelures, et qui passaient pour avoir été guéris de la teigne en se rendant à Flavigny, en Bourgogne, où sainte Reine opérait des prodiges.

Les Cagous ou Archi-Suppôts. On donnait ce nom aux professeurs chargés d'enseigner l'argot, et d'instruire les novices dans l'art de couper les bourses, de faire le mouchoir, de créer des plaies factices, etc.

Enfin les Sabouleux. Ces mendians se roulaient à terre comme s'ils étaient épileptiques, et jetaient de l'écume au moyen d'un morceau de savon qu'ils gardaient dans la bouche."

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17 juillet 2013 3 17 /07 /juillet /2013 22:51

Procès, condamnations, excommunications contre des animaux. Extrait du journal Le Magasin pittoresque de 1833.

"...

1120. Mulots et chenilles excommuniés par l'évêque de Laon. (Sainte-Foix.)

1386. Truie mutilée à la jambe, à la tête, et pendue, pour avoir déchiré et tué un enfant, suivant sentence du juge de Falaise. (Statistique de Falaise.)

1394. Porc pendu  pour avoir meurtri et tué un enfant, en la paroisse de Roumaigne, vicomté de Mortaing. (Sentence manuscrite.)

1474. Coq condamné à être brûlé, par sentence du magistrat de Bâle, pour avoir fait un oeuf. (Promenade à Bâle.)

1488. Becmares (sorte de charançons): les grands-vicaires d'Autun mandent aux curés des paroisses environnantes de leur enjoindre, pendant les offices et les processions, de cesser leurs ravages, et de les excommunier. (Chassanée.)

1499. Taureau condamné à la potence par jugement du bailliage de l'abbaye de Beaupré (Beauvais), pour avoir, en fureur, occis un jeune garçon. (DD. Durand et Martenne.)

Commencement du XVI° siècle. Sentence de l'Official contre les becmares et les sauterelles qui désolaient le territoire de Millière (Cotentin). (Théoph. Raynaud.)

1554. Sangsues excommuniées par l'évêque de Lauzanne, parce qu'elles détruisaient les poissons. (Aldrovande.)

1585. Le grand-vicaire de Valence fait citer les chenilles devant lui, leur donne un procureur pour se défendre, et finalement les condamne à quitter le diocèse. (Chorier.)

1690. En Auvergne, le juge d'un canton nomme aux chenilles un curateur; la cause est contradictoirement plaidée. Il leur est enjoint de se retirer dans un petit terrain (indiqué par l'arrêt) pour y finir leur misérable vie. (Description de la France.)

Un relevé de ces jugemens, présenté à la Société royale des Antiquaires par M. Berriat-Saint-Prix, en élève le nombre à près de quatre-vingt-dix, dont trente-sept appartiennent au XVII° siècle; et un seul a été rendu dans le siècle suivant, en 1741, contre une vache."

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16 juillet 2013 2 16 /07 /juillet /2013 20:41

Article tiré du Magasin pittoresque de 1833.

 

" Corporations.

Plusieurs anciens auteurs font mention de collèges de négocians, de serruriers et de quelques autres professions, qui, chez les Romains, ont dû avoir beaucoup de rapports avec nos communautés, corps de marchands, corporations, etc. L'institution de ces collèges, dont le seul peuple romain nous fournit l'exemple, disparut à l'époque de l'invasion des Barbares; mais il est vraisemblable que la tradition conserva le souvenir de cet usage, et, par différens motifs, les seigneurs le firent revivre dans les pays de leur dépendance; peut-être même eurent-ils l'intention d'encourager les arts par des privilèges et des distinctions.

Il n'existe rien de positif sur l'époque de l'institution des communautés de marchands; on sait plus précisément qu'elles étaient en plein exercice à la fin du règne de saint Louis; mais l'association des ouvriers entre eux remonte beaucoup plus haut. Dès la seconde race des rois de France, il est question d'un roi des merciers, dont les fonctions consistaient à veiller sur tout ce qui concernait le commerce; il était alors, pour les marchands de tout le royaume, ce que furent plus tard les jurés pour chaque corporation; seulement, ses pouvoirs étaient infiniment plus étendus; il jouissait de grands privilèges. Henri IV supprima cette charge en 1581.

Depuis leur origine jusqu'à la révolution qui rendit le commerce libre, les corporations se composaient de personnes d'une profession bien distincte; ainsi, pour être membre d'un corps de marchands, il fallait être de la profession exercée par les membres de ce corps; dans presque toutes, on exigeait, en outre, qu'aucun de de ceux qui composaient la société ne fit partie d'une communauté qui pût avoir des droits et des intérêts opposés; par conséquent, celui qui aurait exercé deux métiers, n'aurait pu appartenir à deux corps différens.

Une corporation pouvait être établie de trois manières, savoir: par prescription, par lettres patentes, par acte du Parlement.

A moins de dissolution, aucun membre n'avait droit et ne pouvait disposer en rien des biens de la communauté, qui étaient inaliénables; le soin des affaires communes était confié à un fonctionnaire revêtu du titre de directeur, syndic, juré ou garde, etc. Ces charges se transmettaient par élection; le juré présidait les assemblées de la communauté, faisait recevoir les apprentis et les maîtres, et observer les statuts et règlemens.

La maîtrise était le droit qu'acquérait un ouvrier de travailler, non pour son propre compte, mais uniquement pour celui des marchands. Ce n'était qu'après avoir fait cinq années d'apprentissage, autant de compagnonnage, et après avoir passé par l'épreuve du chef-d'œuvre, qu'il pouvait prétendre, en payant une somme assez forte, à se faire enregistrer au bureau de la communauté dans laquelle il avait dessein de se faire admettre.

Le chef-d'œuvre était l'ouvrage reconnu le plus difficile de la profession du postulant; c'était, par exemple, la courbe rampante d'un escalier, pour les charpentiers; pour les ouvriers en soie, c'était de remettre dans un état propre au travail le métier où les maîtres et syndics avaient porté le désordre, etc.

Les fils de maîtres n'étaient point tenus à l'apprentissage ni au compagnonnage. A l'âge de vingt et un ans, ils étaient enregistrés sur le livre de la communauté. Toutefois, préliminairement, ils étaient en général soumis à l'épreuve du chef-d'œuvre, quoiqu'ils en fussent quelquefois dispensés.

Après être parvenu au grade de maître, ainsi que nous l'avons indiqué plus haut, l'ouvrier prenait une lettre de marchand, et acquérait alors le droit de faire travailler pour son compte un nombre indéterminé d'ouvriers, et de vendre au public le produit de leurs travaux. Vers le milieu du XVIII° siècle, les frais de toute espèce qu'entraînait la réception d'un marchand s'élevait environ jusqu'à deux mille livres.

On peut reconnaître que, dans l'origine, les corporations rendirent des services au commerce; elles contenaient les premiers germes de l'esprit d'association qui, mieux dirigé, eût pu amener de puissans résultats; comme institution de police, elles ne furent pas non plus sans utilité, elles maintinrent l'ordre et l'harmonie parmi les ouvriers et les marchands. On sait combien, sous le rapport politique, ces corps se rendirent souvent redoutables au pouvoir dans le moyen âge; on se rappelle avec quelle énergie, en 1336, les corporations de Gand, le brasseur Jacques d'Arteveld à leur tête, se défendirent contre les armées du comte de Flandre: d'autres exemples, également remarquables, démontrent l'influence qu'exerçaient sur le reste de la population, et la place importante qu'occupaient dans l'Etat les communautés, confréries ou corporations de maîtres et marchands.

On a publié depuis quelques années beaucoup de détails sur les usages et sur les privilèges des corporations: on rapporte que chaque confrérie avait le droit de s'assembler dans une église désignée,  où étaient renfermés sa châsse, ses hauts bourdons fleuris, ses livres, ses cierges dorés, et la bannière sous laquelle les confrères s'assemblaient pour délibérer sur les affaires de la communauté, pour régler la marche aux processions, aux entrées, et à toutes les cérémonies auxquelles ils avaient droit de présence.

La confrérie avait une caisse de réserve, dont le montant était destiné à exercer des œuvres de charité, et à secourir ceux des membres qui se trouvaient ruinés par un accident malheureux et imprévu. Si l'un de ces derniers trépassait, la confrérie assistait en corps à ses funérailles. Les sociétés de secours mutuels qui existent aujourd'hui à Paris ont conservé ces usages.

La corporation des chaussetiers de Rouen avait le privilège de faire l'aumône avec le couvent des Jacobins, et de recevoir, pour ses bonnes œuvres, vingt sous par réception de chaque mesureur de sel. Celui-ci devait, en effet, se présenter chez le maître des chaussetiers pour qu'il mît sur ses lettres de réception les sceaux de saint Jacques et de saint Louis.

Le maître des chaussetiers portait, deux fois par an, le pain et le vin aux pauvres de l'Hôtel-Dieu. Si l'un de ses confrères était reçu malade dans cet hospice, il avait droit à une double pitance. Tels étaient les privilèges de la corporation, contenus dans les ordonnances et lettres patentes de saint Louis, conservées dans un étui d'or.

Il paraîtrait que, dans les premiers temps, plusieurs de ces établissemens furent religieux en même temps que commerciaux. La corporation des pontifes ou faiseurs de ponts, et dont le fondateur est saint Benezet, fut de ce nombre. Sur les plans qu'exécutaient les chefs de ces corps, ou quelquefois les moines, presque uniques dépositaires des sciences à ces époques reculées, les entreprises se commençaient, se poursuivaient durant plusieurs générations, et s'achevaient enfin, mais toujours d'après les plans primitifs. Ce fut la confrérie des pontifes qui construisit les premiers ponts de pierre, et notamment celui de Saint-Esprit, dans le Dauphiné, l'un des plus hardis qui existent.

Mais les corporations, qui, dans l'origine, produisaient des résultats avantageux, dégénérèrent peu à peu de leur institution première, et finirent par laisser dans les mains du petit nombre le monopole du commerce; plusieurs hommes célèbres plaidèrent long-temps contre leur existence avant qu'elles ne fussent abolies. Jean de Vitt soutenait notamment que le gain assuré des corps de métiers et de marchands rendait ceux qui en faisaient partie indolens et paresseux, parce qu'ils avaient la certitude que l'entrée du commerce était défendue à une foule de gens fort habiles, qui ne pouvaient surmonter les difficultés et les obstacles qu'on leur opposait, à cause de leur peu de fortune.

Un édit de 1776 déclara le commerce libre; mais bientôt les corps de marchands furent rétablis avec quelques modifications; enfin, le 13 février 1791, la loi abolit définitivement les maîtrises, jurandes, et tout ce qui constituait les corporations."

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16 juillet 2013 2 16 /07 /juillet /2013 20:39

Article tiré du Magasin pittoresque de 1833.

"  Traite des noirs. Un grand nombre de voix se sont élevées en Europe contre l'esclavage des noirs dans les colonies. Cela est juste et humain; mais il y a une difficulté qui n'est peut-être pas résolue.

Comment remplacer les noirs?

La France et l'Angleterre, rivales depuis bien des siècles, ont uni leur puissance pour empêcher cette vente de chair humaine; leurs navires parcourent les mers pour capturer les bâtimens négriers, dont le capitaine et l'équipage sont punis avec rigueur. Cela est encore bien; cependant si l'on veut cultiver les colonies, comment conserver les colonies sans acheter des nègres?

Or, si les planteurs peuvent acheter des nègres, ne faut-il pas que des particuliers en aillent chercher à la côte d'Afrique?

Il y a une contradiction manifeste de la part des généreux antagonistes de la traite.

Aussi, qu'en résulte-t-il? C'est que des êtres à face humaine, qui dans les flancs de leurs navire recélaient cette marchandise prohibée, des êtres blancs comme nous, se trouvant chassés, poussés à bout, traqués par quelque navire croiseur, se débarrassent de leur cargaison en la jetant par-dessus bord.

Malheureusement, en un jour on ne change pas ce que les siècles ont fait. Aussi doit-on s'attendre à voir renouveler des horreurs pareilles à celles qu'exprime la gravure.

Peut-être pourrait-on concilier les intérêts des planteurs et les devoirs que nous impose l'humanité, par quelque mesure analogue à celle-ci:

Une grande compagnie, anglaise ou française, libre, ou mieux encore, déléguée par les deux gouvernemens réunis, et fondée comme se sont autrefois fondées les compagnies commerciales des Indes, après avoir effectué les calculs convenables, se chargerait elle-même, légalement et avec privilège, de pourvoir les colonies d'une quantité suffisante de nègres pour équilibrer les besoins annuels.

Dans ce but, elle nouerait avec les populations de la côte, qui vendent leurs prisonniers et leurs condamnés, des relations légales, à l'aide desquelles elle pourrait plus tard  leur inculquer la civilisation européenne.

Les nègres achetés seraient considérés comme des soldats enrégimentés, appartenant à la compagnie, qui les louerait aux colons selon certaines règles.

Nos soldats qui tombent au sortne sont-ils pas, sous un certain point de vue, tellement esclaves qu'on les fusille s'ils désertent, ou s'ils rendent à leur lieutenant la pousséequ'ils en ont reçue?

Les nègres pourraient suivre diverses voies dans la vie. Les uns demeurant toujours enrôlés, comme les vieux soldats, auraient l'avantage d'être sous une dépendance gouvernementale, et non sous le caprice des particuliers. D'autres suivraient les routes qui leur seraient ouvertes pour conquérir leur liberté. D'autres pourraient faire retour dans leur patrie, et deviendraient des centres de civilisation  chacun dans leur tribu.

Ceux qui travailleraient sur les habitationssubiraient une surveillance protectrice; et comme il serait défendu d'acheter des nègres, la traitecesserait.

Les colonies deviendraient ainsi des ateliers universels, des écoles d'enseignement général, où les noires populations africaines, qui se traitent entre elles avec plus de barbarie que les colons ne traitent leurs esclaves (car on a peut-être exagéré ou du moins trop généralisé la cruauté des maîtres) passeraient toutes alors, et successivement, pour apprendre à conquérir leur place, et à mériter un grade dans l'échelle civilisée de la grande famille humaine."

à l'époque ne faisaient le service militaire que les jeunes gens qui tiraient un "mauvais numéro".

poussée: On dit figurément & populairement, Donner la poussée à quelqu'un, pour dire, Poursuivre vivement quelqu'un, lui faire grand'peur, le tourmenter. Les Sergens lui ont donné la poussée. (Dictionnaire de l'Académie française, édition de 1762.)

habitations: exploitations agricoles coloniales.

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14 juillet 2013 7 14 /07 /juillet /2013 01:04

Extrait du journal Le Voleur du 17 mars 1864.

" Un certain nombre de cafés situés sur le boulevard, entre la rue du Hedler et le faubourg Montmartre, viennent, par mesure d'ordre et de bonne police, d'être expurgés d'une masse de ogrgueuses et de consommateuses qui s'y donnaient rendez-vous le soir pour la plus grande gloire des mauvaises mœurs. Désormais, la femme seule sera exclue des petites tables où l'on consomme, absolument comme l'été au concert des Champs-Elysées." 

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14 juillet 2013 7 14 /07 /juillet /2013 00:58

Extrait d'un article paru dans le journal Le Voleur du 20 juillet 1888. Lire aussi sur le "traitement" des différentes formes d'esclavage dans la politique de "mémoire" actuelle:

 

  http://www.lexpress.fr/actualite/societe/encore-aujourd-hui_482221.html

 

" La croisade noire.

Lors de son dernier voyage à Rome - il n'y a pas plus d'un mois - le cardinal Lavigerie a eu avec Léon XIII plusieurs entretiens d'un caractère particulier d'intérêt et de gravité.

L'ardent et saint apôtre ayant exposé minutieusement au saint-père à quelles pratiques "scélérates" se livre l'esclavagisme dans l'Afrique intérieure, au centre même des missions des Pères Blancs, le pape lui a donné les instructions et les pouvoirs les plus larges pour extirper le mal qui mine cet infortuné pays et qui menace de le dépeupler.

En effet, sur une étendue égale au territoire de la France, l'esclavagisme, éludant les traités internationaux qui ont aboli la traite, dont les côtes, surveillées par les vaisseaux européens, sont heureusement délivrées, l'a reportée et l'exerce de la façon la plus sauvage à l'intérieur des terres. Quatre à cinq cent mille têtes de... bétail humain sont, tous les ans, arrachées au pays: rien qu'enfants et femmes! Car, ayant expérimenté que les nègres adultes ne sont plus d'un trafic avantageux sur terre, parce qu'ils parviennent toujours à s'évader et à regagner leurs contrées natales, les esclavagistes se sont arrêtés au parti de se débarrasser tout d'abord des hommes, en les exterminant impitoyablement; et cela s'accomplit dans la proportion de cinq environ par groupe de famille: de telle sorte que c'est deux millions d'individus qui disparaissent annuellement de l'Afrique équatoriale, et que, avant cinquante ans, il n'y aura plus personne dans ces riches et populeuses contrées.

Car c'est en grand que les esclavagistes exercent leur odieuse industrie, au moyen de véritables chasses à l'homme, comme, dans une région infestée d'animaux nuisibles, on fait la chasse aux bêtes. Ils sont façonnés à ce genre de... sport, où c'est leurs semblables qu'ils traquent, par des métis de nègres et de musulmans, dont la férocité est proverbiale dans toute l'Afrique. "Dieu a fait les blancs", disent les indigènes; "Dieu a fait les noirs;" mais ajoutent-ils avec terreur, "c'est le diable qui a fait les métis!"

Ceux-ci, le jour de la traite venu, se jettent, à la tête de musulmans nègres, armés de fusils de précision, sur le pays; ils tombent à l'improviste sur les villages qu'ils saccagent et incendient, massacrant les hommes, avant tout; et, quand les enfants et les femmes sont ainsi sans défense, ils les capturent, les enchaînent quatre par quatre, la cangue au cou, et ils les emmènents pour les vendre.

Dire quels parcours lamentables, pleins de mauvais traitements et où la peur de pire les aiguillonne, suivent ces "chaînes de forçats" serait raconter des scènes palpitantes de calvaire.

Si les femmes, exténuées par la marche, épuisées par les privations (on ne leur donne, pour toute nourriture, qu'une poignée de pilau par jour) s'arrêtent et tombent, incapables d'avancer davantage, on les tue. D'un coup de sabre, on leur détache la tête du tronc, qui va rouler par terre, et la marche recommence, l'enfant se plaçant sous le trou béant et dégouttant du sang de la victime... Parfois, quand ces exécutions sommaires ne parviennent pas à stimuler le troupeau surmené, le métis fait un exemple: "Tu ne veux plus marcher? -Je ne peux plus! Je resterai là! -Soit, tu resteras là! " Et du revers de son sabre, il lui détache un bras. "Oui", reprend-il avec rage, "tu resteras là" et il lui coupe la jambe. "A présent, reste là!" Mais souvent, pour forcer les autres à recouvrer un reste de vigueur, il prend les restes pantelants et il les jette au loin, en criant: "C'est de la chair fraîche, ça attirera les fauves, et ceux qui n'auront pu marcher, les bêtes les dévoreront!" Et alors le convoi, plein d'effroi, force l'étape.

... Edouard de SUTIL.3

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13 juillet 2013 6 13 /07 /juillet /2013 00:29

Extrait du journal Le Voleur du 3 mai 1861.

" La Gazette médicale de Lyon rapporte ce qui suit: "Une femme barbue mourut, il y a peu de temps, à la Maternité de Moscou. La science la réclama et lui donna l'hospitalité dans un immense bocal à esprit de vin, au milieu des curiosités qu'elle possède déjà. Le mari de la défunte, qui, en perdant sa femme, avait perdu une source de profitable spéculation, ne voulut pas d'une pareille sépulture pour sa chère moitié. Il la réclama et finit par l'enlever à la science en exhibant les titres de propriété que son contrat lui avait donnés. Il ne faudrait pas croire cependant que ce fût pour l'envoyer au cimetière; loin de là. Il pensa que la mort ne faisait qu'ajouter un attrait de plus au phénomène qu'il montrait autrefois vivant, et il s'est mis à courir les foires avec sa compagne, qui lui rapporte tout autant et lui coûte moins d'entretien." "

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13 juillet 2013 6 13 /07 /juillet /2013 00:26

Extrait du journal Le Voleur du 1° janvier 1858.

" La femme d'Omer Pacha.

Quelques journaux ont annoncé la présence à Paris de madame la maréchale Omer Pacha. On ne lira pas sans intérêt quelques détails sur la vie de cette jeune femme.

Née à Reps, en Transylvanie, elle fut envoyée à onze ans dans la meilleure pension de Bucharest. Quelques leçons de piano développèrent en elle de merveilleuses facultés musicales. A quinze ans, elle possédait déjà un talent fort remarquable.

C'est à cette époque qu'Omer Pacha, commandant militaire de la Valachie, rencontra la jeune pensionnaire dans une soirée. Omer Pacha aime beaucoup la musique, fait grand cas d'une conversation spirituelle, et ne partage pas toutes les idées turques sur le rôle des femmes dans le monde et dans l'intérieur de la maison. Il remarqua la jeune Transylvanienne, s'éprit d'amour pour elle, lui fit la cour et l'épousa.

Madame Omer dut se soumettre aux moeurs musulmanes: la chrétienne devint tout à fait khanoun (femme turque), elle ne sortait plus qu'avec le voile et précédée d'affreux eunuques; toutefois, contrairement aux habitudes orientales, elle accompagna son mari dans ses expéditions guerrières. Vivement touchée de la gloire des armes, elle composa des marches triomphales que jouaient les régiments turcs en allant au combat.

Le seul enfant né de son mariage étant mort par accident, Omer pacha espéra qu'une nouvelle union lui donnerait un héritier. Peut-être aussi voulut-il simplement se rattacher à l'ancien parti turc; il demanda en mariage la fille d'Hafiz pacha, chef de ce parti. "Restez au harem", dit-il à sa femme. Mais sa femme avait trop de fierté pour accepter une condition indigne d'elle; elle a demandé un divorce qui a été prononcé, et elle est venue chercher en France un honorable asile.

Madame la maréchale Omer n'a que vingt-trois ans, elle a les grâces naïves d'une jeune fille, un teint d'une blancheur éclatante et une magnifique chevelure aux reflets dorés. On l'a représentée, bien à tort, comme cherchant les fêtes et les distractions du monde; elle vit, au contraire, dans une retraite absolue."

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12 juillet 2013 5 12 /07 /juillet /2013 10:32

Extrait du journal Le Voleur du 26 mars 1858.

" Les charpentiers de Paris ont, suivant l'usage traditionnel, célébré processionnellement la fête de saint Joseph, leur patron. A dix heures du matin, le cortège, escorté de sergents de ville, s'est dirigé de la Villette vers l'église Saint-Laurent. Au milieu venait la mère, jeune et belle personne, vêtue de blanc, et à côté de laquelle était l'honorable président de l'association, M. Boisse. Ensuite arrivait le chef-d'œuvre, monument artistique, porté par les dix plus anciens compagnons; puis suivait un colossal pain bénit soutenu par les dix plus jeunes compagnons. Après la grand'messe a eu lieu un banquet fraternel, auquel a succédé un bal remarquable autant par son éclat que par l'ordre parfait qui a présidé à cette fête populaire."

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