Fais-moi l’amour ou je divorce ?
Avec Jean Louis CHARVET, magistrat honoraire.
La 77ème soirée du café Forum aura lieu le Mercredi 14 novembre 2012 à 20H30.
« Au rendez-vous », 5 rue des teinturiers, à Avignon.
Entrée libre. Consommation : 4euros.
cafeforum.wordpress.com
“Madame, will you take the matrimonial position ?”. Conscients de leurs obligations maritales et mûs par les nécessités de la nature, les puritains anglo-saxons connaissaient la formule magique pour ne pas perdre la face. Leur aversion pour le plaisir, fut-il sexuel, ne leur avait pas fait oublier que les hommes sont des mammifères sexués qui ont besoin des deux sexes pour assurer la pérennité de l’espèce.
Dans la sphère publique il est facilement possible de tricher, de donner le change, de passer pour un autre que soi même. La vérité se révèle dans l’intime. Psychologiquement exposé et physiquement nu, le regard de l’autre vous est un miroir, qui parfois glace. Le désir peut errer et ne pas se poser là où il devrait, là où serait sa légitimité. Notre temps a considérablement élargi la part du légitime. Il est possible d’aimer aussi bien d’amour hétéro qu’homo, d’aimer avec une différence d’âge certaine, d’aimer de couleur différente, d’aimer de rang social différent sans qu’il soit illégitime d’aimer. L’illégitime et l’illégal sont réservés à l’inceste, à la pédophilie et à la zoophilie. Manifestement en dehors de ces restrictions tout est permis. Nul ne sera condamné.
Mais à contrario, ne pas aimer d’amour physique est parfois répréhensible. Ainsi, en 2011, la cour d’appel d’Aix en Provence condamna à tort exclusif un homme au divorce et à verser 10.000€ de dommages et intérêts à son ex-épouse au motif qu’il ne lui a pas assez fait l’amour durant leur vingt et un ans de mariage. Il faut donc comprendre que dans le modèle officiel, la sexualité matrimoniale prend la forme d’un devoir. Les conjoints se doivent non seulement fidélité mais aussi sont débiteurs l’un à l’égard de l’autre d’un service en nature. D’ailleurs, le tribunal de Saintes a établi en 1992, que la moyenne relevée en général dans les couples français est d’un rapport par semaine. On peut donc en conclure que l’inflation sexuelle est aussi condamnée.
Aspirer au mariage serait ce donc accepter que notre vie sexuelle soit soumise à une régulation législative ? Que cache l’institution du mariage pour que la société par le truchement de la loi soit aussi intrusive dans les alcôves ? Quels liens la loi de la république entretient-elle avec le droit canon dans la législation du mariage ? Le mariage est-il à comprendre comme la reconnaissance publique d’un amour avec ses obligations légales intimes ? Ou bien le mariage est-il l’institution cadre de la procréation codifiée par la loi pour ne pas perdre le fil de l’hérédité ?
François FAURE