Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 novembre 2012 5 09 /11 /novembre /2012 10:04

Fais-moi l’amour ou je divorce ?

 

Avec Jean Louis CHARVET, magistrat honoraire.

 

 La 77ème  soirée du café Forum aura lieu le Mercredi 14 novembre  2012 à 20H30.

 

« Au rendez-vous », 5 rue des teinturiers, à Avignon.

Entrée libre. Consommation : 4euros.

 

 

 

cafeforum.wordpress.com

 

“Madame, will you take the matrimonial position ?”.  Conscients de leurs obligations maritales et mûs par les nécessités de la nature, les puritains anglo-saxons connaissaient la formule magique  pour ne pas perdre la face.  Leur aversion pour le plaisir, fut-il sexuel, ne leur avait pas fait oublier que les hommes sont des mammifères sexués qui ont besoin des deux sexes pour assurer la pérennité de l’espèce.

 

Dans la sphère publique il est facilement possible de tricher, de donner le change, de passer pour un autre que soi même. La vérité se révèle dans l’intime. Psychologiquement exposé et physiquement nu, le regard de l’autre vous est un miroir, qui parfois glace. Le désir peut errer et ne pas se poser là où il devrait, là où serait sa légitimité. Notre temps a considérablement élargi la part du légitime. Il est possible d’aimer aussi bien d’amour hétéro qu’homo, d’aimer avec une différence d’âge certaine, d’aimer de couleur différente, d’aimer de rang social différent sans qu’il soit illégitime d’aimer. L’illégitime et l’illégal sont réservés à l’inceste, à la pédophilie et à la zoophilie. Manifestement  en dehors de ces restrictions tout est permis. Nul ne sera condamné.

 

Mais à contrario, ne pas aimer d’amour physique est parfois répréhensible.  Ainsi, en 2011, la cour d’appel d’Aix en Provence condamna à tort exclusif un homme au divorce et à verser 10.000€ de dommages et intérêts à son ex-épouse au motif qu’il ne lui a pas assez fait l’amour durant leur vingt et un ans de mariage. Il faut donc comprendre que dans le modèle officiel, la sexualité matrimoniale prend la forme d’un devoir. Les conjoints se doivent non seulement fidélité mais aussi sont débiteurs l’un à l’égard de l’autre d’un service en nature. D’ailleurs, le tribunal de Saintes a établi en 1992, que la moyenne relevée en général dans les couples français est d’un rapport par semaine. On peut donc en conclure que l’inflation sexuelle est aussi condamnée.

 

Aspirer au mariage serait ce donc accepter que notre vie sexuelle soit soumise à une régulation législative ? Que cache l’institution du mariage pour que la société par le truchement de la loi soit aussi intrusive dans les alcôves ? Quels liens la loi de la république entretient-elle avec le droit canon dans la législation du mariage ? Le mariage est-il à comprendre comme la reconnaissance publique d’un amour avec ses obligations légales  intimes ? Ou bien le mariage est-il  l’institution cadre de la procréation codifiée par la loi pour ne pas perdre le fil de l’hérédité ?

 

 

  François FAURE 

Partager cet article
Repost0
23 octobre 2012 2 23 /10 /octobre /2012 19:57

Un mariage moderne en Turquie. (Texte tiré de l’Illustration du 11 octobre 1924).

Le 19 septembre, a eu lieu, à Constantinople, le mariage d'Omer bey, frère de Latifé hanoum, femme du président de la République turque Moustapha Kémal, avec Mlle Mohamed bey, l'une des plus riches héritières de Turquie, dont le père est député de Smyrne. Comme on en peut juger par le curieux cliché que nous reproduisons, cette cérémonie a présenté cette particularité exceptionnelle d'avoir été célébrée entièrement à l'européenne, c'est-à-dire en costumes d'Occident, et sans que la mariée elle-même - fait inouï dans les annales turques - dissimulât son visage sous le voile rituel des musulmanes. A voir ce couple de jeunes gens modernes, on pourrait croire qu'il s'agit de mariés parisiens, n'étaient, peut-être, les deux portraits de Moustapha Kémal et de Latifé hanoum, sous lesquels ils ont tenu à se faire photographier.

NHJYYYTR-024.JPG

Partager cet article
Repost0
13 octobre 2012 6 13 /10 /octobre /2012 22:45

Smyrne (Izmir) en 1925.

J’ai trouvé dans le numéro de  L’Illustration daté du 11 avril 1925 un article de Raoul Blanchard intitulé « Les contrastes du Proche-Orient », qui parle notamment des conséquences du conflit gréco-turc des années 1920 ; ci-dessous un extrait, relatif à Smyrne (Izmir).

Jean-Louis Charvet.

"Mais c'est encore l'aspect de Smyrne qui provoque l'émotion la plus douloureuse. Cette belle ville, si harmonieusement étalée le long de la mer, au fond de son golfe encadré de montagnes fauves, était jusqu'en 1922 plus chrétienne que musulmane: Smyrne l'infidèle, comme disaient les Turcs. Rien de pareil aujourd'hui. L'incendie qui a accompagné la débâcle de l'armée grecque a fait disparaître le quartier chrétien, sauf un petit groupe de maisons à la Pointe; la ville turque, seule, reste debout. Quatre cents hectares ont été brûlés, et c'étaient les plus belles maisons, celles des quais, de la rue Franque. Rien n'est rebâti; on a tout juste déblayé certaines rues où s'accumule la poussière des ruines. A peine quelques baraques en carton bitumé, sur les quais, indiquent-elles une timide tentative de résurrection; çà et là, des mohadjirs se sont ménagé, dans les ruines, un abri de fortune. La vue des campagnes d'Asie Mineure n'est pas plus réconfortante. »

Partager cet article
Repost0
13 octobre 2012 6 13 /10 /octobre /2012 00:25

Les Turcs sont-ils des asiatiques?

 

Dans le numéro du 27 juin 1925 du journal L'Illustration, paraissait un article du docteur A. Legendre intitulé:

 

Autour des événements de Chine. Race blanche et race jaune.

J'en donne ci-dessous un extrait, qui montre que les recherches sur les "races" n'étaient pas propres à l'Allemagne; je n'en tire aucune conséquence, ni ne me prononce sur la valeur des démonstrations contenues dans ce texte.

Jean-Louis Charvet.

 

"... Turcs ou Touraniens, Huns d'Attila ou Mongols de Genghiz nous sont représentés généralement comme étant de race jaune. C'est ce que répètent, sur la foi de vagues textes, tous les historiens ou compilateurs modernes, étendant la même classification aux Magyars et aux Bulgares. Rien n'est plus contraire, pourtant, à la réalité. Le Turc est un des plus beaux spécimens de race blanche, haut de taille, à la face longue, ovale, au nez fin, droit ou busqué, aux lèvres fines, à l'oeil bien ouvert, assez souvent bleu et à fente palpébrale horizontale. Or, certains faits historiques indéniables sont là pour prouver que la majeure partie des armées d'Attila et, plus tard, de celles de Genghiz Khan, se composaient de Turcs, d'Iraniens, de Ousouns aux yeux bleus. Tous ces peuples de race caucasique étaient les vrais Huns, les Mongols, les guerriers de haute taille, à grande barbe, dont parlent les annales chinoises, combattants irrésistibles, parce que supérieurs en organisation et en armement."

Partager cet article
Repost0
6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 22:49

kkiikjhjhjh-011.JPG

Jean Verbiese, marin du Primauguet.

Je possède un souvenir maritime assez original : un panneau de soie, décoré d’un coq, de drapeaux, et comportant la photo d’un matelot, celle du navire Primauguet, et l’inscription suivante : VERBIESE JEAN 1932 1934. Il a sans doute été réalisé en Chine ou au Japon, le Primauguet ayant fait campagne en Extrême-Orient. J’ai trouvé sur Internet un autre document du même type, un peu différent. J’aimerais en savoir plus sur ce marin et cette campagne. Merci. Jean-Louis Charvet.

P.S.   Je donne ci-dessous un article paru dans le journal l'Illustration, numéro du 9 avril 1932 :

 

" Les forces navales  françaises en Extrême-Orient.

 

Le vice-amiral Berthelot, nommé au commandement des forces navales françaises en Extrême-Orient, a hissé son pavillon sur le croiseur Primauguet, en rade de Toulon. Le vice-amiral Berthelot est né le 4 mai 1874, à Plounéventer, en Bretagne, dans le pays de Léon, qui donna à la France tant d'hommes de mer valeureux; il a été promu vice-amiral le 24 décembre 1930; au moment de sa nomination au commandement qu'il prend, il était commandant en chef, préfet maritime à Cherbourg. Il a déjà fait campagne dans les mers de Chine en 1902 comme lieutenant de vaisseau. On s'accorde à lui reconnaître les qualités qui justifient le choix dont il vient d'être l'objet. Il succède dans de lourdes et délicates fonctions à un marin de grande allure, le vice-amiral Herr, chef d'escadre remarquable et diplomate éminent. L'amiral Herr rentrera en France à bord du croiseur cuirassé Waldeck-Rousseau, aussitôt que son successeur sera arrivé à destination. Le Primauguet quittera Toulon vers le 15 de ce mois. Il sera suivi des avisos coloniaux Dumont-d'Urville et Bougainville, les premiers bateaux de ce type spécial mis en service (voir L'Illustration du 28 mars 1931).

Les forces navales françaises en Extrême-Orient comprennent: le croiseur-cuirassé Waldeck-Rousseau (jusqu'à l'arrivée du Primauguet), les avisos Craonne, Marne, Tahure, Algol, Altaïr, Régulus, les canonnières Doudart-de-Lagrée, Francis-Garnier, Argus, Vigilante, Balny, Lagrandière. A ces navires on peut ajouter ceux de la flotille de Saïgon: l'aviso ravitailleur de sous-marins Vitry-le-François, les sous-marins Fulton et Joessel, le mouilleur de mines Castor, les canonnières Commandant-Bourdais, Alerte, Inconstant, Malicieuse (et même ceux de la station du Pacifique: l'aviso Bellatrix et la goélette à moteur Zélée). Soit au total vingt-trois navires de valeur militaire plus ou moins grande, mais qui rendent d'importants services, particulièrement dans les fleuves comme le Yang-Tsé, sur les côtes et dans les archipels inaccessibles aux bateaux de fort tirant d'eau. Il importe par-dessus tout que le pavillon français flotte sur tous les points où les intérêts de la France doivent être sauvegardés; nos forces navales en Extrême-Orient répondent à ce besoin. R. LEST. "

Partager cet article
Repost0
28 août 2012 2 28 /08 /août /2012 15:13

Inquisitio.

J’ai regardé avec consternation au mois de juillet dernier, sur France 2, l’intégralité  de la « série » Inquisitio. Et pourtant, dès le premier soir, ce film me mit profondément mal à l’aise ; beaucoup de choses me paraissaient sonner faux, bien que je connaisse mal la période qu’elle évoque, particulièrement grave pour le monde catholique, puisque deux papes en revendiquaient la direction, l’un à Rome, l’autre à Avignon. Le personnage de Catherine de Sienne, dont je savais qu’elle avait été reconnue comme sainte, me choquait par son traitement. Je consultai Internet et trouvai rapidement que, fait rare,  Mgr Bernard Podvin, en sa qualité de porte-parole de la conférence des évêques de France, avait  publié le communiqué suivant :

« Inquisitio.  Tel est le titre d'une saga télévisée de l'été. Programmée, hélas, à heure de grande écoute. Plusieurs universitaires médiévistes, peu suspects de complaisance envers l'Eglise catholique, nous disent combien ils sont atterrés par cette série.

Citons, entre autres points scandaleux, le traitement indigne réservé à la grande mystique Ste Catherine de Sienne....

Parce que cette période historique est extrêmement difficile pour tous, elle requiert d'autant plus un service délicat et éminent de la vérité. Quand un tel parti-pris aimante une production, qu'a- t-elle encore de... culturel?

Je pleure et m'indigne de songer qu'à l'audimat, beaucoup risquent de se croire instruits par cette manière tendancieuse d'honorer l'histoire humaine et religieuse.... »

Je continuai, malgré tout, à regarder cette série, jusqu’à la lie, jusqu’à la fin. Après quoi, je tâchais de savoir qui avait été le conseiller historique des scénaristes. Je découvris que le producteur exécutif de la série, Patrice Onfray, avait déclaré : "La Catherine de Sienne de la série n'est pas la Catherine de Sienne de l'histoire. Nicolas s'est laissé aller à son imagination. On a des noms de personnages historiques mais on a totalement oublié l'aspect historique dans le scénario. On n'a pas fait de recherches, il n'y a pas eu d'historiens et de conseillers, c'est assumé comme tel. C'est une œuvre d'imagination."

Dont acte.

Lorsque Racine préfaçait ses magnifiques pièces, il expliquait, c’était l’élégance et la politesse de son siècle, s’il s’était écarté de la vérité historique, ou de la mythologie ; encore ne travestissait-il pas ses personnages, et ne faisait-il pas d’une sainte une femme démoniaque.  

En cette période de crise, le film a coûté 10 millions d’euros, et a été financé en partie par la région Languedoc-Roussillon. Je me félicite de ne pas contribuer au budget de cette collectivité.

Qu’ajouter, sinon qu’il nous a été proposé une vision dépassée du Moyen-Age, un monde verdâtre et gris, et que cette œuvre trouverait sa place dans le rayon des livres anticléricaux de la fin du XIX° siècle ou du début du XX°. Quant à l’Inquisition, elle n’est nullement le sujet  central de l’histoire. Et on ne peut qu’espérer que France 2 ne nous proposera pas d’autres productions de cet acabit.

Jean-Louis Charvet.

 

Partager cet article
Repost0
11 août 2012 6 11 /08 /août /2012 00:22

Une maison.

Une maison, telle qu’en dessinent les enfants,

A la porte ouverte,

Aux volets entrouverts sur la douceur du foyer,

Le soleil sourit, il fait beau,

Mais la cheminée fume,

Pour montrer qu’elle est habitée.

Dehors, un jardin aux fleurs multicolores,

Disproportionnées,

L’enfant n’a pas encore appris les lois de la perspective,

Et, tel les peintres d’avant la Renaissance,

Donne à chaque objet, à chaque être, la place qu’il tient dans son cœur.

Le père porte pantalon, la mère robe plissée,

Les enfants regardent le peintre-apprenti avec un beau sourire.

Pas de nuages dans le ciel,

C’est presque le Paradis,

Presque, car…

Jean-Louis Charvet. 11 août 2012.

Partager cet article
Repost0
7 juillet 2012 6 07 /07 /juillet /2012 00:14
Partager cet article
Repost0
24 juin 2012 7 24 /06 /juin /2012 00:19

 

On compte à Homs quinze mille musulmans et cinq mille chrétiens. Les principaux revenus des habitants sont les grains, le tabac et le raisin. On y fabrique des étoffes de soie, les manteaux syriens en laine rayée qu'on appelle abba. Ainsi que Hamah, Homs est beaucoup fréquentée par les bédouins du désert, qui viennent faire leurs provisions de l'année.

... Le lendemain de notre arrivée à Homs était un jour de foire; les portes de la ville avaient été ouvertes de meilleure heure que de coutume pour laisser entrer les habitants des campagnes qui venaient vendre les productions de leurs terres. Vers les dix heures du matin, la cité de Homs était remplie de monde et l'activité était grande. Au moment où les vendeurs et les acheteurs se livraient paisiblement à leurs affaires, les portes de la ville furent soigneusement fermées, et la moitié d'un régiment d'infanterie vint fondre tout à coup sur le peuple. Le désordre le plus complet régna alors dans Homs; on aurait dit une ville prise d'assaut, envahie par un ennemi furieux. Vieillards, hommes jeunes, chrétiens, musulmans, tous étaient saisis, garrottés et traînés dans les rues par des soldats armés de pied en cap. Les soldats s'emparaient des marchands dans leurs boutiques, des menuisiers, des bijoutiers, des armuriers, des selliers, tranquillement livrés aux travaux de leurs ateliers. Les cris, les gémissements des femmes, des jeunes filles, se faisaient entendre de toutes parts; elles se meurtrissaient le sein, se déchiraient le visage, frappaient les murs des maisons avec leur tête. Je vis, à côté de notre logement, une belle jeune femme arabe, assise sur une pierre avec deux petits enfants; on lui avait enlevé son mari; elle s'arrachait ses longues tresses noires, et disait en sanglotant: On m'a pris mon maître, mon ami, le père de mes enfants! c'était lui qui les nourrissait! Que deviendrez-vous, mes pauvres petits agneaux, maintenant que votre père n'est plus là pour vous donner du pain? Et la jeune femme désespérée serrait contre son coeur ses deux enfants nus.

Ce spectacle déchirant, cette complète désolation de toute une ville, n'était autre chose que le recrutement ordonné par le vice-roi d'Egypte. Quand Méhémet-Ali veut augmenter son armée, il profite de quelque grande fête, de quelque grande foire, et même, au besoin, il réunit le peuple pour une cérémonie religieuse, et le fait cerner par un corps de troupes sur lequel il peut compter. Les soldats, comme nous venons de le voir, fondent sur les hommes assemblés, et les entraînent avec violence, sans leur donner le temps de revoir les lieux qui les ont vus naître, de dire un dernier adieu à leur mère, à leurs enfants, à leurs épouses ou à leurs sœurs. Tous les hommes qu'on saisissait à Homs étaient traînés dans la grande cour d'une caserne; là, on s'empressait de faire le triage: les vieillards et les chrétiens étaient renvoyés; mais tous les musulmans en état de porter les armes étaient garrottés et emmenés en Egypte par un détachement de soldats, comme des galériens en France. Tous ces pauvres jeunes gens, vous le savez, n'ont pas l'espoir de retourner jadis à leur terre natale; car ils sont soldats à vie. Cette violation des saintes lois de la famille et des lois éternelles de la justice est la cause en Syrie d'une grande misère et d'une grande corruption. Les terres, privées des bras qui les cultivaient, sont en friche, et ne produisent plus rien; les jeunes femmes d'Antioche, de Damas, de Beyrout, de Hamah, de Homs, d'Alep, à qui on a pris leurs maris, se dévouent à l'infamie pour un peu d'argent; elles achètent, au prix de leur honneur, le pain de leurs jours, le pain de leur famille! Horrible effet du despotisme égyptien qui pèse sur la malheureuse Syrie!

 

Les lignes ci-dessus sont extraites d’une lettre adressée de la ville d’Homs le 19 octobre 1837  par Baptistin Poujoulat à son frère. Les deux jeunes gens, nés à La Fare (Bouches-du-Rhône, connaissaient bien l’Orient pour y avoir voyagé longuement. S’ils se sont surtout attachés à retrouver dans ces pays les traces de l’histoire, antique et médiévale, leurs correspondances constituent également un témoignage précieux sur ces terres qui furent souvent le théâtre de carnages ; en témoigne un autre extrait de la même lettre, ci-dessous reproduit :

 

Chose étonnante et horrible à entendre" s'écrie Albert d'Aix, "non-seulement les chrétiens mangèrent des Sarrazins, mais encore des chiens cuits!". Baudri, archevêque de Dol, dit qu'on ne doit pas faire un crime aux croisés d'avoir mangé des musulmans, parce qu'ils souffraient la faim pour la cause de Dieu, et que par ce moyen-là ils continuaient à faire la guerre aux infidèles avec leurs mains et avec leurs dents. Raoul de Caen rapporte que les chrétiens firent bouillir de jeunes Sarrazins, et mirent des enfants à la broche: imitant les bêtes féroces, ils dévorèrent des hommes qu'ils avaient fait rôtir. "Mais, ajoute Raoul, ces hommes étaient comme des chiens." Enfin, Foucher de Chartres s'exprime de la manière suivante: "Les croisés, transportés de rage par l'excès de la faim, coupaient les cuisses des Sarrazins déjà morts, et les dévoraient d'une dent cruelle, sans les avoir fait suffisamment rôtir.

 

Les faits horribles dont il est question se produisirent durant les croisades, non loin d’Homs, lors du siège de Marrah.

Jean-Louis Charvet.

Partager cet article
Repost0
16 juin 2012 6 16 /06 /juin /2012 23:22

Triomphe à Marseille en 1785 de la diva la Saint-Huberti.

MADAME-DE-SAINT-HUBERTI-001.jpg 

La gravure ci-dessus représente l’une des plus fameuses cantatrices de la fin du XVIII° siècle au sujet de laquelle j’écrirai sans doute quelque chose. En attendant, je donne ci-dessous un texte sur la réception extraordinaire que lui fit la ville de Marseille.

Jean-Louis Charvet.

« La Saint-Huberti, une des plus célèbres chanteuses d’opéra du siècle dernier, avait donné, en 1785, à Marseille, une série de représentations qui avaient enthousiasmé toute la ville.

La Didon de Piccini lui avait valu le plus éclatant des triomphes. L’attitude tragique de l’artiste, son jeu expressif, sa voix pathétique avaient produit sur les spectateurs une impression inoubliable. Aussi la population tout entière voulut-elle témoigner sa reconnaissance à cette reine du théâtre, par une fête comme Marseille n’en donna peut-être jamais aux rois de France.

Le 15 août, la Saint-Huberti, vêtue à la grecque, apparut, dans le port, sur une gondole aux armes de Marseille. Cette embarcation, superbement ornée, était manœuvrée par huit rameurs, vêtus également à la grecque, et suivie de deux cents chaloupes où se pressaient une foule de curieux qui acclamaient la cantatrice.

Celle-ci débarque au milieu de hourras et de vivats coupés par les bruyantes détonations de boîtes d’artillerie. Après un échange de compliments avec les autorités de la ville, elle remonte dans sa gondole, pour présider aux péripéties d’une joute émouvante. Le vainqueur vient déposer à ses pieds une couronne que cette reine du tournoi nautique s’empresse de lui rendre avec son plus gracieux sourire.

Ici, le programme de la fête subit un léger accroc. La municipalité avait voulu offrir à la Saint-Huberti le spectacle d’une grande pêche : mais les barques sont tellement pressées les unes contre les autres, qu’il est impossible de relever les immenses filets qui barraient une partie du port.

On revient donc à terre. L’explosion des boîtes d’artillerie annonce à la foule de nouveaux divertissements.

Couchée sur un divan à la turque qu’abrite des rayons du soleil couchant un magnifique dais aux armes de la ville, l’artiste voit s’enlacer autour d’elle, aux sons des tambourins et des galoubets, les mille replis d’une immense farandole, et chaque danseur s’incline en passant devant la reine de la fête.

Mais les derniers accents de cette musique champêtre se sont à peine éteints dans le murmure grandissant d’une foule nombreuse, que le maire de Marseille s’approche de la Saint-Huberti et lui tend respectueusement la main. Il la conduit, entre une double haie de pavillons brillamment illuminés, jusque sous un dôme de verdure, que les feux de Bengale éclairent de leurs flammes multicolores. De là, il la mène sous une vaste tente, dans une salle de spectacle, dont elle occupe, avec les notables de la ville, les premières places.

Sur la scène, se joue une pièce allégorique.

Les muses Polymnie, Euterpe, Melpomène et Thalie se disputent la palme. Apollon les met d’accord en leur présentant une divinité qui lles surpasse toutes : on devine sans peine quelle est cette déesse.

« Il faut la couronner, disent les Muses.

- Hélas ! réplique Apollon, elle a enlevé depuis longtemps toutes les couronnes. »

Mais le dieu se ravise, il détache le laurier qui orne son front et vient l’offrir à la dixième Muse, à la Saint-Huberti qui monte alors sur l’estrade et prend place entre Melpomène et Polymnie.

C’est l’heure du bal. De nombreux quadrilles, des menuets et des branles viennent apporter à la fête un nouvel élément de curiosité.

Cependant, une autre heure a sonné, heure non moins intéressante et non moins appréciée à Marseille que partout ailleurs, celle du souper.

Une table de soixante couverts est dressée dans une salle fermée, suivant la coutume du pays, par une grille de bois. Est-ce l’odeur des mets exquis servis aux convives, est-ce l’enthousiasme d’un dilettantisme de terroir qui surexcite la population avidement pressée contre cette fragile barrière ? Toujours est-il que la grille va s’effondrer sous l’énorme poussée de la foule, quand une idée géniale passe subitement par la tête d’un des invités : notre homme entonne un grand air de la Didon. Les masses s’arrêtent, n’osent bouger dans la crainte de perdre une mesure, puis, à la dernière note, reprennent en chœur le morceau.

A son tour, la Saint-Huberti se lève, et, pour remercier la ville de Marseille d’un accueil qui lui fait verser des larmes, elle chante des couplets en patois provençal.

L’enthousiasme dégénère alors en délire : la santé de la cantatrice est portée au milieu de formidables vivats, et les danses reprennent jusqu’au matin, au milieu de feux d’artifice dont les flots de la Méditerranée reflètent les fugitives clartés.

……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

Ce n’est pas sans raison qu’Apollon se plaignait de voir les couronnes accaparées par une seule artiste. La Saint-Huberti, quittant Marseille le lendemain, emportait plus de cent couronnes sur l’impériale de sa voiture. »  

 

Article de Paul d’Estrée, dans le Journal des voyages, deuxième tome de 1900, page 151.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de jlcharvet.over-blog.com
  • : Des poésies, des histoires, etc.....
  • Contact

Recherche

Archives