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20 janvier 2013 7 20 /01 /janvier /2013 01:50

PUNITION-DES-APACHES-001.jpg

 

Photo tirée de l'Almanach Hachette de 1912. Pour mémoire, on appelait alors apaches ceux que l'on a nommés plus tard blousons noirs, et qu'on désigne  je ne sais comment aujourd'hui.

 JL Charvet.

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18 janvier 2013 5 18 /01 /janvier /2013 18:07

La peine de la cale dans l’ancienne marine.

Ceux qui, comme moi, s’intéressent à l’histoire de la marine, savent qu’il existait dans l’ancien droit français  une peine appelée la cale ; on n’en trouve que peu de descriptions aussi détaillées que celle que je donne ci-dessous (orthographe et ponctuation de l’époque conservées), tirée d’un article du Journal du Havre, repris dans le journal Le Pirate (1829-1830) ; cette peine fut abolie en 1848.

En supplément, un texte, tiré de du Dictionnaire de la conversation et de la lecture, tome I (1833) sur la peine de la bouline. 

Jean-Louis Charvet.

« Une punition à laquelle les matelots insubordonnés sont rarement soumis aujourd’hui, a été infligée dernièrement à deux marins du commerce, dans une de nos colonies.

Ces deux matelots, qui faisaient partie de l’équipage du trois-mâts le Félix, de Marseille, mouillé en rade de Saint-Pierre-Martinique, avaient frappé un de leurs officiers. Une plainte fut dressée aussitôt contre ces hommes, et portée au commandant de la frégate la Nymphe, qui se trouvait alors en station à Saint-Pierre. Un conseil de guerre fut convoqué : des capitaines au long cours, appartenant au port du Havre, furent appelés à en faire partie. Ce jury, écartant les circonstances les plus aggravantes de la plainte, ne condamna les accusés que pour le délit de désobéissance envers un de leurs chefs dans l’exercice de ses fonctions, et il appliqua aux coupables les dispositions des lois en vigueur dans les cas semblables, à bord des bâtimens de l’Etat, en se fondant sans doute sur les dispositions qui assimilent les délits contre la subordination, à bord des bâtimens de commerce, à ceux commis à bord des bâtimens de guerre . Les prévenus furent condamnés à recevoir deux coups de cale.

Deux jours après le jugement, la frégate la Nymphe appela à l’ordre les embarcations des bâtimens marchands avec quatre hommes et un officier dans chaque canot. Bientôt les embarcations furent rangées par ordre du lieutenant de garde, autour de la frégate et à une assez petite distance pour que les hommes qui les montaient, pussent voir l’exécution qui se préparait. Ensuite, au coup de sifflet du maître d’équipage, tout l’équipage de la frégate monta sur le pont et se rangea tribord et babord dans l’ordre le plus parfait : un détachement parut sous les armes, et les deux coupables, placés entre quatre fusiliers, s’avancèrent, dans l’attitude de la consternation, vers la partie du navire où ils devaient recevoir leur châtiment. Les tambours, comme aux jours deuil, accompagnèrent cette marche d’un roulement qui ne cessa que lorsque le commissaire s’arrêta au pied du grand mât pour lire, au milieu du plus profond silence, le jugement qui allait être exécuté. Après cette formalité, deux quartiers-maîtres s’emparent de chacun des deux coupables, leur lient les mains au-dessus de la tête : leurs pieds sont amarrés sur un cabillot (un bout de bois), fixé sur la corde ou le cartahu qui doit enlever les condamnés au bout de la grande vergue, et de là les laisser tomber dans la mer avec le poids d’un boulet amarré au-dessous du cabillot. Tout est prêt pour l’exécution. L’officier de garde donne le signal : le pavillon de justice est hissé et flotte au haut du mât de misaine ; un coup de canon part et va annoncer à la rade le châtiment terrible. Trente matelots, rangés sur le cartahu, enlèvent avec rapidité les coupables qu’on voit presque au même instant suspendus au bout de la grande vergue. Le cartahu est largué alors : ils tombent dans la mer : on les en retire pour y être plongés une seconde fois : leurs gémissemens seuls interrompent le silence de cette scène imposante. Les deux patiens sont ensuite arrachés à l’appareil où ils avaient été amarrés. On les transporte presque mourans au poste du chirurgien. Le roulement du tambour annonce que l’exécution est finie. Les embarcations qui avaient été appelées s’éloignent alors et regagnent leurs navires. »

 

 

" BOULINE. On appelle ainsi, en termes de marine, la corde qui sert à tendre et à effacer la voile de telle sorte que la route faite par le navire se rapproche le plus possible de la direction du vent. -Faire courir la bouline est un châtiment usité à bord des bâtiments de guerre. On fait ranger l'équipage sur deux haies, entre lesquelles le coupable, nu depuis la tête jusqu'à la ceinture, est obligé de passer, et reçoit de chaque homme un coup de garcette (voy. ce mot) sur le dos. Nous ferons envisager ce genre de punition sous un double caractère: l'atrocité de la peine et la flétrissure qu'elle imprime aux hommes qui y sont condamnés. C'est un cruel spectacle que la marche du malheureux sous la volée des cordes qui tombent alternativement et en cadence régulière sur son dos: il reçoit ordinairement les premiers coups avec une sombre résignation; le sentiment de la honte, de l'indignation et de la rage domine en lui le sentiment de la douleur; mais quand chaque coup laisse sur ses reins une trace noire, quand la peau se déchire, que le sang ruisselle, la douleur alors devient si accablante que souvent la victime tombe sur les genoux avant d'avoir parcouru toute la carrière de son supplice. - Autrefois, les matelots français recevaient la punition de la corde comme les malfaiteurs en Russie celle du knout: la douleur passée, tout était oublié. Mais depuis que la révolution de 89 est venue introduire de nouvelles idées dans nos esprits, on regarde les coups de corde comme une punition dégradante. Le souvenir de l'abus qu'on en faisait dans l'ancienne marine, grossi par les contes dont les vieux matelots, dépositaires de la tradition, savent si bien l'amplifier, soulève parmi nos équipages des murmures contre les ordonnances qui maintiennent les coups de corde dans nos lois pénales maritimes. L'exemple suivant fera connaître jusqu'à quel point pouvait être poussé cet abus.

 

- Depuis long-temps il se commettait à bord d'un de nos vaisseaux de guerre des vols dont il était impossible de surprendre les auteurs; la surveillance la plus exacte, les perquisitions les plus scrupuleuses ne faisaient découvrir aucune trace des voleurs. Nous étions alors en guerre avec les Anglais, et le commandant, qui craignait que la discipline ne se relâchât, avait souvent menacé de punir d'une manière terrible le premier coupable qu'on parviendrait à saisir; mais ses menaces n'arrêtaient pas les vols, et tous les jours on en commettait de nouveaux. Un jour que l'équipage était réuni en branle-bas de combat, et qu'on se préparait à aborder l'ennemi, le fils du maître d'équipage aperçut, en allant chercher des gargousses, un jeune matelot qui sortait du poste des aspirants et semblait, au mouvement de son bras, cacher quelque chose sous sa chemise. La figure, le geste de ce novice, sa rencontre dans un lieu où il ne devait pas être, frappèrent le petit pourvoyeur de gargousses, qui revint dire à son père ce qu'il avait vu, et quels soupçons il avait conçus. Ce fut un trait de lumière pour le maître; il s'approcha de l'officier et lui dit qu'il croyait avoir trouvé un voleur. "Qui parle de voleur? s'écria le commandant qui était derrière l'officier. - Moi, répond le maître, et c'est mon fils qui est l'accusateur." Le commandant fait aussitôt saisir et fouiller le novice, et l'on trouve en effet sous sa chemise une somme d'argent assez forte, qu'il venait de prendre aux aspirants. La nature du vol, et surtout les circonstances qui l'accompagnaient, dans un moment où l'amour de la gloire et de la patrie devait seul embraser les cœurs, exaltèrent le commandant qui jura que, puisque la loi ne lui permettait pas de condamner le voleur à mort, il le ferait périr sous les coups. Le combat terminé, le coupable, dépouillé de sa chemise, fut attaché à deux barres de cabestan, et après une courte allocution à l'équipage, alors rassemblé tout entier sur le pont, le commandant donna le signal de l'exécution, et l'on compta lentement un à un le nombre des coups de garcette. Le patient laissa d'abord échapper quelques cris, puis il  fit des contorsions et des grimaces, et bientôt, n'ayant plus la force de se soutenir, il tomba comme assommé en poussant un sourd gémissement. Alors presque toute la peau de ses épaules et de ses reins était déchirée, la chair enlevée par lambeaux et les os à nu en quelques endroits. Le malheureux fut détaché et remis entre les mains du chirurgien, qui le pansa. Mais la punition n'était pas encore terminée, et huit jours après, quand les plaies commençaient à se guérir, le commandant fit recommencer l'exécution, et une seconde fois la victime s'affaissa sous la torture. Trois fois de suite le supplice fut renouvelé: on arrachait le malheureux de son lit pour le lier aux barres et aiguillonner ses souffrances. Enfin, le commandant se laissa toucher par les prières de son état-major, et il fit grâce au coupable; mais jamais le souvenir de ce châtiment ne s'effaça de l'imagination des spectateurs: les matelots avaient sans cesse présentes devant les yeux et les barres sanglantes du cabestan, et les lanières de chair que la garcette faisait tournoyer en l'air, et les contorsions de la victime. Aussi, depuis ce moment, n'entendit-on jamais parler d'un seul vol.

 

- Tout en blâmant l'illégalité et la sévérité de la punition, nous n'osons pas cependant condamner le commandant, qui se servit de l'arbitraire pour frapper un coupable: un châtiment exemplaire était nécessaire, et les lois étaient insuffisantes. Mais si cette fois le supplice est en quelque sorte excusé par les circonstances, on pourrait citer mille faits où un simple caprice décidait d'une exécution. Les coups de corde ne sont plus en harmonie avec nos mœurs, eh bien! qu'on les supprime. Mais, avant d'effacer ce châtiment de nos lois pénales, qu'on trouve un système de pénalité qui puisse réprimer les délits. Tout le monde convient qu'à bord d'un bâtiment de guerre la discipline doit être sévère, et la sévérité des lois est la meilleure sauve-garde de cette discipline. Quoique le châtiment de la corde soit maintenu dans notre code, il est rare qu'on l'applique: la raison publique a appris aux officiers qu'il ne fallait en user que dans les cas graves. Cependant, sa présence dans nos lois est d'un grand effet, et c'est comme un épouvantail pour les matelots indisciplinés, qui se jouent de toutes les autres punitions.

 

T.P."

 

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18 janvier 2013 5 18 /01 /janvier /2013 05:50

KARAGUEUZ-001.jpg

GARAGOUSSE (à Alger) ou KARAGUEUZ (en Turquie).

La plupart des voyageurs qui ont décrit leurs voyages en Orient, notamment à Constantinople, ont mentionné un spectacle qui les étonnait, les fascinait ou les dégoûtait, celui de karagueuz, théâtre d’ombres dont l’un des personnages était affublé d’un gourdin en forme de phallus (ou l’inverse). Je trouve dans la Revue de l’Orient (1843) un article sur un livre paru la même année « Annuaire de l’Algérie pour 1843 », par F. Gomot, ancien employé au ministère de la guerre, dont voici un extrait :

« Tout le monde a connu, à Alger, le théâtre d’Ombres chinoises, appelé Garagousse, à cause du principal  personnage qui y figurait ; et ceux que la curiosité ou le hasard ont conduits à ces sortes d’exhibitions en sont sortis révoltés de la dégoûtante obscénité des scènes qu’on y représentait, et d’autant plus révoltés, que les spectateurs habituels de ce théâtre étaient de jeunes enfants indigènes et même européens.

Le scandale que Garagousse donnait chaque année, pendant le mois de Ramadan, a cessé, pour ne plus se reproduire. M. le gouverneur général a fait procéder à la saisie des acteurs et à la fermeture du théâtre. Maintenant que bonne justice a été faite de cette troupe cynique, qui, souvent dans ses lazzis d’une obscénité vraiment incroyable, se donnait le plaisir de faire figurer jusqu’aux agents de l’autorité française (lesquels, comme on peut le penser, n’y jouaient pas le beau rôle) ; maintenant que Garagousse, Hadji Aïwaz et leurs compagnons, décidément défunts, sont passés à l’état de personnages historiques, nous allons indiquer en quelques mots les diverses origines que l’on assigne à ces singulières ombres chinoises.

Le célèbre polygraphe Soyouthi a composé (en 899 de l’hégire) un ouvrage intitulé Kelab el fachouche fi Ahhkam Caracoûche. C’est un livre de facéties sur Bohha-el-Din, visir et gouverneur du grand Caire sous Salahh-el-Din. Ce personnage, ayant été obligé, pour la construction d’une citadelle et l’érection d’une enceinte fortifiée, de démolir des mosquées, des tombeaux, et de procéder à l’expropriation de beaucoup de maisons et de jardins, devint odieux aux individus dont les intérêts se trouvaient lésés ; ceux-ci se vengèrent de lui en lui donnant un surnom, que les Turcs, plus tard, ont traduit par les mots Kara-Kouche ou Oiseau noir, en lui prêtant toutes sortes de simplicités et d’actions ridicules. Aujourd’hui encore, après plusieurs siècles, les habitants du Caire viennent assister avec empressement, sur la place Roumellah, aux lazzis de ce grotesque, dont la célébrité est égale à celle du fameux Pulcinello, à Naples. Telle est l’origine que M. Marcel donne à Garagousse, dans une histoire de l’Egypte.

M. de Hammer (Histoire de l’empire ottoman) admet une autre version : selon lui, ce fut sous Hadji Aïwaz, visir de Mourad II, que s’introduisit, dans des jeux d’ombres chinoises en usage parmi les Turcs, le rôle d’un personnage débitant avec emphase des vers persans et arabes, sorte de niais savant, qu’on appela philosophe comique. « Les autres acteurs, dit-il, qui figuraient dans ces jeux, étaient le Kraguez, le Kardjudjé, le Loblod et le Hopa Tchelebi. Les trois premiers rappellent, dit le savant auteur allemand, Polichinelle, Pierrot et Arlequin de nos farces populaires ; le dernier est une espèce de dandy amusant, dont le nom, ainsi que le jeu, est d’origine chinoise. » M. de Hammer fait remarquer, en outre, que le karaguez était connu des Byzantins, qui le nommaient karakos. Quelle que soit l’opinion que l’on adopte, on voit que le personnage en question est d’origine fort ancienne. »

Le journaliste de la Revue de l’Orient ajoute ce commentaire : « Ce dernier mot, s’il nous était permis de hasarder une supposition, n’aurait-il pas donné naissance au jurement si fréquent chez les Espagnols, carajo (karakho), qui l’ont sans doute reçu des Maures, et dont la signification primitive est inconnue ?’

Je pourrais ajouter, quant à moi, que des personnages obscènes paraissaient dans les théâtres de la Grèce et de la Rome antiques, et que les spectacles de l’ancienne France (notamment ceux donnés par les membres de la basoche) n’étaient pas exempts d’obscénités.

Jean-Louis Charvet.

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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 19:47

Pierre Belon (1517-1564).

 

Pierre Belon naquit en 1517 au hameau de la Soulletière (Sarthe); il fut remarqué pour son goût pour l'étude par René du Bellay, évêque du Mans et grand amateur d'horticulture, et alla étudier la médecine à Paris. Il y devint l'ami du poète Ronsard. Après avoir été reçu docteur, il visita l'Allemagne en compagnie du botaniste Valerius Cordus. Au retour de son voyage, il fut arrêté sous les murs de Thionville, occupée par les Espagnols; on l'accusait en effet d'être partisan des doctrines des Réformateurs. Seule l'intervention d'un ami de Ronsard lui permit de recouvrer la liberté.

De retour à Paris, il fut remarqué par le cardinal de Tournon, protecteur des sciences, qui lui donna un logement à l'abbaye de Saint-Germain, et lui permit de réaliser son rêve le plus cher: un voyage d'étude en Orient.

Il partit de Paris en 1546 et, pendant quatre ans, visita la Grèce, l'Asie Mineure, l'Egypte ; il y connut l’ambassadeur de France auprès de Soliman le Magnifique, Gabriel de Luetz, monsieur d’Aramn (voir mon article sur ce personnage) . Il revint en France par Rome où il rencontra deux zoologistes célèbres, Rondelet et Salviani, ainsi que son protecteur, le cardinal de Tournon.

A Paris, il fut gratifié d'une pension par le Roi, et logé dans le château de Madrid, construit par François I° dans le bois de Boulogne. Il fut tué, dans des circonstances mal définies (peut-être par des voleurs), en avril 1564, dans le bois de Boulogne.

Il avait publié notamment un récit de ses voyages en Orient et plusieurs ouvrages de sciences naturelles, sur les poissons, les arbres, les oiseaux, les plantes.

Il avait introduit en France le cèdre du Liban, envoyé des graines de tabac à Nicot, créé les jardins botaniques de René et Jean du Bellay en 1540, soit plus de cent ans avant la fondation du Jardin des Plantes de Paris.

Jean-Louis Charvet.

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12 janvier 2013 6 12 /01 /janvier /2013 03:01

Princes et rois artisans.

PRINCE-SERRURIER-001.jpg

En préparant en 2011 une conférence sur la vie privée des sultans ottomans, je découvris que nombre d’entre eux pratiquaient un métier manuel.

Dans la Revue Lectures pour tous de l’année 1911 se trouve un intéressant article intitulé « Leurs Altesses en Bourgeron » ( le bourgeron est une blouse d’ouvrier de toile) ; on apprend que pratiquaient l’ébénisterie le sultan Abdul-Hamid, l’empereur Guillaume (celui qui infligea une cuisante défaite aux  Français en 1870-1871), qu’un petit-fils de ce dernier, le prince Frédéric-Sigismond de Hohenzollern fut reçu compagnon en menuiserie, que le kronprinz maîtrisait parfaitement l’art du tourneur.

Parmi les princes français, le Régent et le futur Louis XVIII étaient des chimistes distingués. On sait que l’infortuné Louis XVI agissait de même, en effectuant des travaux de serrurerie.

Le roi de Grande-Bretagne Georges V inventa un poêle double pour les maisons ouvrières, l’empereur d’Allemagne une porte de cloison étanche pour séparer les compartiments des navires. Quant au tsar de Russie Pierre le Grand, Voltaire put dire de lui qu’il était « le meilleur charpentier, le meilleur amiral, le meilleur pilote du Nord ».

L’auteur de cet article concluait sur le conseil que donnaient les souverains turcs à leurs fils : « Si tu ne sais pas, du travail de tes mains, nourrir ta famille, tu n’es pas capable de régner. »

Jean-Louis Charvet.

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9 janvier 2013 3 09 /01 /janvier /2013 02:14

Du tome premier des Etudes historiques de Chateaubriand, je tire les lignes suivantes, consacrées aux festins des riches Romains, et, en particulier de l’empereur Elagabale (ou Héliogabale), qui régna de 218 à 222, et dont l’éclectisme en matière de gastronomie égalait celui dont il faisait preuve en matière de sexualité.

Le luxe des repas et des fêtes épuisait les trésors de l’Etat et la fortune des familles : il fallait aller chercher les oiseaux et les poissons les plus rares, dans les pays et sur les côtes les plus éloignés. On engraissait toutes sortes de bêtes pour la table, jusqu’à des rats. Des truies on ne mangeait que les mamelles ; le reste était livré aux esclaves.

Athénée consacre onze livres de son Banquet à décrire tous les poissons, tous les coquillages, tous les quadrupèdes, tous les oiseaux, tous les insectes, tous les fruits, tous les végétaux, tous les vins dont les anciens usaient dans leurs repas. Il se donne la peine d’instruire la postérité que les cuisiniers étaient des personnages importants, familiarisés avec la langue d’Homère, et à qui on faisait apprendre par cœur les dialogues de Platon. Ils mettaient les plats sur la table, comptant : Un, Deux, Trois, et répétant ainsi le commencement du Timée. Ils avaient trouvé le moyen de servir un cochon entier, rôti d’un côté, bouilli de l’autre. Ils pilaient ensemble des cervelles de volailles et de porcs, des jaunes d’œufs, des feuilles de rose, et formaient du tout une pâte odoriférante, cuite à un feu doux, avec de l’huile, du garum, du poivre et du vin. Avant le repas on mangeait des cigales pour se donner de l’appétit.

Je vous ai parlé de cet Elagabale à qui ses compagnons avaient donné le surnom de Varus, parce qu’ils le disaient fils d’une femme publique et de plusieurs pères. Il nourrissait les officiers de son palais d’entrailles de barbot, de cervelles de faisans et de grives, d’œufs de perdrix et de têtes de perroquets. Il donnait à ses chiens des foies de canards, à ses chevaux des raisins d’Apamène, à ses lions des perroquets et des faisans. Il avait, lui, pour sa part, des talons de chameau, des crêtes arrachées à des coqs vivants, des tétines et des vulves de laies, des langues de paons et de rossignols, des pois brouillés avec des grains d’or, des lentilles avec des pierres de foudre, des fèves fricassées avec des morceaux d’ambre et du riz mêlé avec des perles : c’était encore avec des perles au lieu de poivre blanc, qu’il saupoudrait les truffes et les poissons. Fabricateur de mets et de breuvages, il mêlait le mastic au vin de rose. Un jour il avait promis à ses parasites un phénix, ou, à son défaut, mille livres d’or.

En été il donnait des repas dont les ornements changeaient chaque jour de couleur : sur les réchauds, les marmites, les vases d’argent du poids de cent livres, étaient ciselées des figures du dessin le plus impudique. De vieux sycophantes, assis auprès du maître du banquet, le caressaient en mangeant.

Les lits de table, d’argent massif, étaient parsemés de roses, de violettes, d’hyacinthes et de narcisses. Des lambris tournants lançaient des fleurs avec une telle profusion, que les convives en étaient presque étouffés. Le nard et les parfums précieux alimentaient les lampes de ces festins qui comptaient quelquefois vingt-deux services. Entre chaque service on se lavait, et l’on passait dans les bras d’une nouvelle femme.

Jamais Elagabale ne mangeait de poisson auprès de la mer ; mais, lorsqu’il en était très-éloigné, il faisait distribuer à ses gens des laitances de lamproies et de loups marins. On jetait au peuple des pierres fines avec des fruits et des fleurs ; on l’envoyait boire aux piscines et aux bains remplis de vin de rose et d’absinthe.

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27 décembre 2012 4 27 /12 /décembre /2012 01:09

FRANCINET-1907-002.jpg

 

Les corporations dans un cours de morale de 1907 : Francinet.

Je ne sais si la morale et l’instruction civique font partie des programmes de l’enseignement primaire français ; on en a beaucoup parlé…

Pour donner une idée du sérieux avec lequel on traitait ces disciplines il y a un siècle, je donne de larges extraits des lignes consacrées aux corporations dans un ouvrage que j’affectionne particulièrement :

 

G. Bruno. Francinet. Livre de lecture courante. Principes élémentaires de morale et d'instruction civique, d'économie politique, de droit usuel, d'agriculture, d'hygiène et de sciences usuelles. 116° édition. Cours moyen et cours supérieur. Paris. Belin frères. 1907.

 

382 pages où l’on apprend, notamment, ce qu’est un contrat, une association, un tribunal, où tous les domaines de l’activité humaine sont abordés, où il est question de justice, d’honnêteté, de civisme, etc., le tout pour des élèves des cours moyen et supérieur, la plupart enfants de ces paysans qui constituaient alors la grande majorité de la population française. Je ne me prononcerai pas sur la valeur historique  de ce qui est dit sur les corporations ; je veux seulement, en publiant ces lignes, montrer avec quels détails était abordé un sujet dont les enfants (et même les adultes) d’aujourd’hui n’ont sans doute, pour la plupart, aucune connaissance.

Jean-Louis Charvet.

 

Le 14 juillet arriva; c'était, suivant un ancien usage, la fête des fabricants de tissus. Il y eut congé pour tout le monde à la manufacture de M. Clertan, et les ouvriers étaient d'autant plus satisfaits de ce congé que leur journée était payée double, quoiqu'ils ne travaillassent point.

Francinet, pour la première fois de sa vie, assista aux fêtes qui se donnaient en cette circonstance. Il arriva à la manufacture, portant, comme tout le monde, un gros bouquet à la main. La musique marchait en tête du cortège avec le porte-drapeau, qui était un des plus anciens du pays. On se groupa en ordre autour de la pelouse. La musique joua une marche triomphale. Le porte-drapeau, monté sur une chaise, se mit à faire tournoyer dans les airs, en signe d'allégresse, le grand drapeau des fabricants. Les longs plis de l'étendard tissé à Lyon étaient en riche étoffe de soie, blanche d'un côté, pourpre de l'autre, et partout semée d'abeilles d'or, emblèmes du travail. Au bas étaient brodés, en or également, la navette du tisserand, la quenouille et le rouet des fileuses. Ces humbles attributs de la fabrique reposaient sur des gerbes d'épis, pour marquer la fécondité de l'industrie.

M. Clertan adressa quelques mots bienveillants à tous. Il serra la main de chacun en y déposant la gratification habituelle et des hourras affectueux s'élevèrent de toutes parts.

En même temps, Aimée et Henri présentaient à chacun des corbeilles de gâteaux, où tous puisaient. M. Edmond et la vieille Catherine offraient des rafraîchissements; puis chacun se retira, joyeux, au roulement des tambours et au bruit de la musique. Le lendemain, Francinet interrogea M. Edmond sur la cérémonie.

- Monsieur, lui dit-il avec vivacité, encore tout joyeux de la journée de la veille, c'était bien beau, la fête d'hier! Le père Jacques m'a dit que chaque métier a comme cela sa fête, et qu'autrefois ces fêtes-là étaient bien plus nombreuses encore. C'était, paraît-il, le temps des corps de métiers et des corporations. Mais qu'était-ce donc, monsieur, que ces corporations dont les vieux ouvriers parlent quelquefois?

M. EDMOND. Mon ami, les corps de métiers ou corporations étaient des sociétés formées de tous les artisans de la même profession et habitant la même ville. La réunion d'hier, par exemple, rappelle de loin ces corporations et en est un dernier vestige. Seulement, autrefois, il y aurait eu, au moins, cinq ou six corporations dans la seule réunion d'hier: - fabricants de lainages, par exemple, fabricants de toiles, de cotonnades, de mouchoirs, etc., etc.

FRANCINET. Alors, il y aurait eu cinq ou six fêtes. Cela aurait été bien plus agréable encore.

M. EDMOND. Mais tu n'aurais pu assister qu'à une seule, mon ami, celle qui eût concerné ton métier. D'ailleurs, c'est d'un enfant, et d'un enfant peu sérieux, de juger une institution sur les plaisirs et les fêtes qu'elle peut procurer une fois l'an.

FRANCINET. Les corporations n'étaient donc pas une bonne chose à votre avis, monsieur?

M. EDMOND. Mon ami, les corporations s'étaient d'abord formées dans une intention excellente. Les artisans d'un même métier voulaient se défendre, se protéger mutuellement et s'entendre pour soutenir leurs droits. Mais, au lieu de demeurer des associations libres et de respecter la liberté des autres, les corporations obtinrent du gouvernement d'alors, moyennant une somme qu'elles lui payaient chaque année, le privilège d'exercer seules leur métier et de l'interdire à tous ceux qui n'étaient pas admis dans leur sein. Vous voyez d'ici l'injustice.

Par exemple, il y avait une corporation des rôtisseurs; personne, dans une ville de France, ne pouvait exercer le métier de rôtisseur sans avoir été admis dans cette corporation. Or, mes amis, n'entrait pas qui voulait dans un corps de métier: il y avait des lois et des règlements auxquels il fallait se soumettre d'abord. Ainsi, pour entrer dans la corporation des rôtisseurs, il fallait commencer par tourner la broche pendant plusieurs années, et payer pour cela.

AIMEE, en riant. - Comment, monsieur, on payait pour avoir le droit de tourner la broche!

M. EDMOND. Certainement, ma mignonne, et on payait même assez cher. Après cela, on était reçu compagnon rôtisseur, et on payait encore pour ce titre. Enfin, si on voulait passer maître rôtisseur, il fallait payer de nouveau, donner un grand dîner aux principaux personnages de la confrérie, et faire ce que l'on appelait un chef-d'œuvre.

AIMEE. Quel chef-d'œuvre?

M. EDMOND. Un rôti magnifique, cuit à point, doré, tendre et succulent.

Les enfants se mirent à rire.

- Cela vous surprend, mes amis, dit M. Edmond. Eh bien! vous allez l'être plus encore quand vous saurez que, pour passer ainsi maître rôtisseur, il ne fallait pas moins de dix ans.

AIMEE. Ah! je n'aurais jamais cru qu'il fût si difficile de faire un bon rôti!

M. EDMOND. Au fond, ce n'était pas bien difficile; mais les maîtres rôtisseurs déjà établis dans la ville étaient seuls juges du chef-d'œuvre. Ils savaient fort bien qu'en recevant un nouveau maître, ils se donneraient un rival, dont la concurrence diminuerait le nombre de leurs pratiques. Aussi ne se pressaient-ils guère, et avaient-ils bien soin de faire les dégoûtés devant tous les rôtis qu'on leur présentait à titre de chefs-d'oeuvre pour la maîtrise: l'un était trop cuit, l'autre pas assez; l'un trop blanc, l'autre trop roux. Bref, on avait toujours mille prétextes pour écarter les concurrents. Les maîtres rôtisseurs gardaient ainsi pour eux seuls leurs privilèges.

FRANCINET. Monsieur, les pauvres ouvriers d'autrefois ne devaient guère s'enrichir, et de plus, ils devaient bien s'ennuyer. Comment étaient-ils si sots de vouloir enter dans les corporations? A leur place, j'aurais préféré faire autre chose. J'aimerais mieux être savetier et libre dans une échoppe, que de travailler en esclave pour devenir maître rôtisseur dans une belle boutique.

M. EDMOND. Francinet, mon ami, tu en parles à ton aise. Personne n'avait le choix entre le travail libre et la corporation. Chaque industrie, aussi bien celle des savetiers que les autres, avait un privilège protégé par les lois d'alors. Pour exercer un métier quelconque, pour travailler à la plus minime des industries, il fallait donc se plier à toutes les exigences de la confrérie dont on faisait partie, et de plus payer, toujours payer, payer pour être ouvrier, payer pour être maître.

HENRI. Mais une fois reçu maître, monsieur, on devenait libre sans doute?

M. EDMOND. Erreur, cher enfant. Les règlements concernant les maîtres étaient aussi tyranniques que ceux qui concernaient les compagnons. Par exemple, on n'était reçu maître que pour un métier et pour une seule ville. Le tisserand flamand reçu maître à Lille ne pouvait, sous des peines sévères, aller tisser à Douai. Il ne pouvait non plus changer d'occupation dans les moments de chômage. Par exemple, les savetonniers avaient le privilège de faire des chaussures légères pour l'été; mais ils ne pouvaient faire de grosses chaussures pour l'hiver, liberté qui n'appartenait qu'aux cordonniers. L'hiver venu, les savetonniers manquaient d'ouvrage, et souvent mouraient de faim et de misère, comme avaient fait pendant l'été leurs rivaux, les cordonniers. En même temps, les cordonniers étaient si pressés d'ouvrage en hiver que les bras leur manquaient. Eh bien! ils ne pouvaient pas alors employer les savetonniers, qui en auraient cependant été bien heureux. Les règlements s'opposaient à ce que le même homme fît des chaussures lourdes et des chaussures légères.

AIMEE. Voici vraiment des règlements absurdes!

M. EDMOND. Et même cruels, ma chère enfant; car presque tous les ouvriers étaient dans la misère, et il leur était le plus souvent impossible de devenir maîtres, tant il fallait pour cela d'années et d'argent.

FRANCINET. Il me semble que c'était contraire à la justice; n'est-ce pas, monsieur Edmond?

M. EDMOND. Mon ami, chaque homme a le droit de travailler librement tant qu’il ne nuit point au droit d’autrui: les corporations étaient donc contraires à la justice. Aussi, au lieu de perfectionner l’industrie et de l’enrichir, elles l’entravaient et l’appauvrissaient.

Les règlements d’autrefois étaient aussi puérils que tyranniques. Par exemple, les marchands qui vendaient des saucisses ne pouvaient vendre des boudins. Les cabaretiers vendaient du vin; mais ils ne pouvaient le vendre en bouteilles. Il était défendu aux tailleurs de doubler les pourpoints avec de la vieille bourre, et de mélanger le vieux avec le neuf. Les menuisiers ne pouvaient mettre en couleur les armoires avant de les avoir vendues. Les marchands de chandelles ne pouvaient mélanger que dans une proportion déterminée le suif de bœuf et le suif de mouton.

Sous Louis XIV, Colbert, qui est pourtant un des plus grands ministres que la France ait eus, multiplia encore les règlements de l’industrie. Un de ces règlements prescrivait le nombre de fils que le tisserand devait employer dans la chaîne servant à former le tissu. S’il mettait un fil de moins, et que l’inspecteur royal s’en aperçût, son étoffe était coupée sur le métier ou saisie sur le marché et brûlée. Le règlement disait même que, en cas de récidive, le marchand pouvait être attaché pendant deux heures sur la place publique, comme un criminel, avec un collier de fer autour du cou. De même, pour contravention aux ordonnances, un orfèvre pouvait, d’après les règlements, être mis aux galères pendant trois ans.

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22 décembre 2012 6 22 /12 /décembre /2012 00:40

Guaymas (Mexique) en 1830.

J’ai fait il y a déjà quelque temps à l’Académie de Vaucluse une conférence sur Gaston de Raousset-Boulbon, avignonnais, qui, au terme d’une vie aventureuse, fut fusillé  à Guaymas (Mexique) ; voici quelques lignes sur cette ville, tirées de la Revue britannique (Paris), numéro de décembre 1830 (l’orthographe de l’époque a été conservée) :

 

... Le port de Guaymas, très-peu fréquenté par les Européens, se trouve complètement à l'abri des coups de vent par les collines qui l'entourent; mais son peu de profondeur ne permet pas à toute espèce de vaisseau d'y relâcher. Quoique les constructions du fort et de la ville aient très-peu d'apparence, cependant il s'y trouve des habitans aisés, et à en juger par le petit nombre de personnes que nous avons fréquentées, le sexe doit y être d'une beauté remarquable. Les Indiens et les Créoles y sont nombreux; mais le peu de soin qu'ils prennent de leur parure les affranchit de payer un tribut à nos manufactures de Leeds et de Manchester. Leurs vêtemens consistent en quelques aunes de toile de lin ou de coton, fabriquée dans le pays, et qu'ils jettent négligemment sur leurs épaules, et qu'ils fixent ensuite au milieu du corps par une ceinture en peau.

N'ayant point de lettres de recommandation, et les habitans se montrant d'ailleurs très-peu communicatifs avec les étrangers, nous fûmes obligés de nous suffire à nous-mêmes pendant tout le tems de notre station sur ce point ignoré du globe; nos plaisirs furent partagés entre la chasse et la pêche. Ces côtes sont très-abondantes en poisson d'excellente qualité; nous y trouvâmes aussi des huîtres d'un goût exquis et d'une chair toute particulière: sa couleur était d'un rose tendre sillonné par des lignes noires très-déliées. La chasse nous fournit des mets aussi variés que délicats: le gibier, très-abondant sur les côteaux où l'on aperçoit quelques plantes aromatiques, consiste en daims, lièvres, lapins, faisans, perdrix, cailles et canards: quelques-uns de ces oiseaux ont un très-beau plumage, mais particulièrement les cailles et les perdrix. La chasse que nous fîmes aux daims fut si singulièrement combinée et en même tems si productive que je ne puis me dispenser d’en parler. Comme ces animaux étaient à la fois en si grand nombre et se montraient si timides, nous jugeâmes à propos de ne pas les effrayer à coups de fusil: en conséquence, nous fîmes descendre à terre une partie de notre équipage avec deux tambours; et après les avoir convenablement distribués, nous les fîmes avancer dans l’intérieur, et leur ordonnâmes de faire à leur retour une battue générale en chassant les daims vers le rivage. Il fallait voir alors ces animaux, effrayés par les houras de nos gens et le bruit de nos caisses, s’échapper de leur retraite et se précipiter dans la mer: là le reste de nos matelots, montés sur les chaloupes, les environnaient; et lorsqu’un de ces pauvres daims voulait retourner sur ses pas ou gagner quelque ilot voisin, il était aussitôt assailli et tué. Cependant plusieurs de ces timides quadrupèdes parvinrent à s’échapper, car nous ne pûmes pas toujours résister à la curiosité de les voir s’agiter avec vigueur et souvent avec succès sur un élément pour lequel la nature les a rendus si impropres.

Comme point de relâche, le port de Guaymas offre peu de ressources aux vaisseaux qui viennent s’y ravitailler; et ce n’est qu’avec de grandes difficultés que l’on peut se procurer de l’eau douce dans les puits qui avoisinent la ville. Par ce motif les végétaux y sont très-rares et très-chers; mais le bœuf et le mouton y sont excellens et à très-bas prix. Cependant ces graves inconvéniens sont contrebalancés par des avantages bien précieux pour la ville. A cause de la rareté de l’eau, ses habitans sont délivrés du fléau de la fièvre intermittente qui, tous les ans, désole les populations des côtes sud du Mexique, qui, pour se soustraire à ces ravages, sont obligés, pendant la saison des fièvres, de se retirer dans les villes de l’intérieur. Quoique le sol des côtes de la Californie soit généralement sec et aride, cependant au printems la terre se couvre d’une végétation riche, active et vigoureuse; alors, la température du jour est modérée, et les nuits sont d’une fraîcheur suave. Mais en été, lorsque le soleil a desséché les plantes, la chaleur répercutée par les rochers dépouillés de végétation rend ce pays insupportable à presque tous les Européens. Le caractère des habitans  est en général  peu sociable.

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20 décembre 2012 4 20 /12 /décembre /2012 00:12

Ambroise Cognac, né à Marseille le 13 septembre 1900, fit ses études au petit séminaire puis au grand séminaire de sa ville natale; ordonné prêtre le 29 juin 1924 dans la même ville, il y fit toute sa carrière ecclésiastique: il fut professeur au pensionnat du Sacré Cœur de 1924 à 1926, professeur au petit séminaire de 1926 à 1928, vicaire à Endoume de 1928 à 1929, à nouveau professeur au pensionnat du Sacré Cœur de 1929 à 1933, vicaire à Saint Pierre - Saint Paul de 1933 à 1941; nommé ensuite vicaire à Saint Michel; à partir de novembre 1943, il diffusa Témoignage chrétien, organe de la « Résistance spirituelle »; dénoncé, ainsi que d’autres membres de ce réseau par Louis Ferrarèse, il fut arrêté le 8 mars 1944, interné à Neuengamme du 19/7/1944 au 20/12/1944, et à Dachau du 20/12/1944 au 28/4/1945; il retrouva ensuite son ministère à Saint Michel; en 1946, il fut nommé aumônier militaire titulaire et remplit cette fonction jusqu’en 1963 (le 23 décembre 1947, il était nommé dignitaire); il fut ensuite aumônier du foyer de la Vierge dorée; il mourut à Marseille le 11 juillet 1987. Il était officier de la Légion d'honneur, médaillé de la Résistance, titulaire de la Croix de guerre, président des anciens de Neuengamme, président des anciens de Dachau (section des Bouches du Rhône). Les archives de l'abbé Cognac sont consultables aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône.

Jean-Louis Charvet.

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14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 22:58

Bienfaits de l’alimentation soit végétarienne, soit carnée.

De l’Almanach Hachette de 1930, je tire le tableau ci-dessous reproduit sur les « Bienfaits de l’alimentation soit végétarienne, soit carnée ». Voici le texte de synthèse qui figure en bandeau :

« La nature a adapté les organismes vivants au genre de nourriture qu’elle leur destinait. La présence des dents canines, dont le rôle est de triturer les viandes, est le propre des animaux carnivores. Le végétarisme nécessitant une masse alimentaire plus copieuse et des digestions plus lentes, les animaux végétariens ont un tube intestinal beaucoup plus long que les carnivores de même taille. L’homme possède des dents canines ; son intestin est un peu plus long que celui des animaux exclusivement carnivores, moins toutefois que celui des animaux exclusivement végétariens. Il est donc constitutionnellement omnivore. Toutefois, le régime végétarien absolu n’a pour lui aucun inconvénient notable et peut avoir des avantages. Par contre, de l’abus des nourritures animales, il n’a que mal à attendre. »

Sur ce sujet, voir mon autre petit article intitulé « L’homme peut-il se passer de viande ? »

Jean-Louis Charvet.

VIANDE-OU-LEGUMES-PAGE-1.jpgVIANDE OU LEGUMES PAGE 2

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